Lettre ouverte : «Le budget est en train de tuer le système de santé»

Lettre ouverte : «Le budget est en train de tuer le système de santé»
(Photo : Deposit)

LETTRE OUVERTE. Le cri du coeur des employés en santé est à un point épeurant.

Je suis infirmière aux soins intensifs. Nous avons régulièrement un manque de personnel. Nous savons que nous serons en temps supplémentaire obligatoire (TSO) plusieurs jours à l’avance. C’est aberrant. Nous nous faisons refuser tous nos fériés cumulés par manque de personnel. Nous n’avons même pas assez d’infirmières pour faire les transferts interhospitaliers : ce sont nos retraités qui le font.

C’est même arrivé, la semaine dernière, que nous n’avons pas pu transférer un patient à Sherbrooke pour une coronarographie, car personne n’était disponible.

Nous n’avons même pas assez de personnel pour combler les besoins de base…

Ça ne fait aucun sens. Ces temps-ci, nous avons jusqu’à cinq patients intubés sur huit lits. Et nous sommes 3 à 4 maximum sur le plancher, plus l’assistante qui gère les prescriptions et les examens médicaux. Nous devons aussi surveiller tous les patients de l’hôpital qui sont suivi sur télémétrie. Ils déplacent des gens qui travaillent aux soins intensifs sur d’autres départements, et c’est comme ça sur tous les étages. Si nous avons le «malheur» d’avoir un surplus, on nous l’enlève sous prétexte que c’est pour donner un break aux gens épuisés.

Il y a tellement d’aberrations que cela serait difficile de tout nommer.

Comment peut-on assurer un suivi adéquat et sécuritaire, alors que nous sommes brûlés et que nous avons trop de patients instables a surveiller ?

Notre chef de service fait de son mieux, j’en suis certaine, mais elle reçoit de la pression de plus haut. Elle doit couper dans ses employés car elle dépasse son budget. On parle de la mise en danger de gens malades a cause de l’argent !

Malgré tout ce qui se jase ses temps-ci, malgré tous les problèmes, nous n’avons jamais vu un dirigeant se pointer sur nos départements. Jamais. C’est certain qu’il n’y a aucune entreprise privée qui fonctionnerait à ce rythme.

Le budget est en train de tuer le système de santé. Drummondville est réputée depuis longtemps pour avoir une sérieuse lacune au niveau de la gestion : ils sont lents sur les changements et accueillent les nouveaux au compte-gouttes, alors que les besoins pressent.

Sachez que j’adore mon métier malgré tout. Je ne me verrais pas faire autre chose et ce qui est beau dans tout ça, c’est que nous avons de bonnes équipes qui se tiennent. C’est grâce à ça que nous survivons. Parce que nous nous entraidons.

La situation dure depuis trop longtemps.

D’une infirmière épuisée

 

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