Mélanie Raymond, la leader qui n’a pas froid aux yeux

Mélanie Raymond, la leader qui n’a pas froid aux yeux
Mélanie Raymond est la directrice Générale du Carnaval de Québec. (Photo : Photo gracieuseté)

AFFAIRES. «Ça ne sera pas long, je te rappelle dans quelques minutes : je suis au téléphone avec un sous-ministre…». La vie de Mélanie Raymond, cette Drummondvilloise qui assume la direction générale du Carnaval de Québec est ainsi : un feu roulant. Entretien avec une leader qui a su redresser les finances du plus grand événement d’hiver en Amérique du Nord.

Lorsque Mélanie Raymond est entrée en poste, début 2016, les livres du Carnaval de Québec affichaient quelques chiffres entre parenthèses, l’événement ayant connu deux déficits de 600 000 $ en trois ans.

«Je ne veux pas faire de mauvais parallèle avec le Mondial des cultures, mais l’événement n’était pas en problème pour autant, car il n’y avait ni déficits accumulés ni dettes. Il y avait un mini-fonds d’urgence, lequel n’était cependant pas suffisant pour assurer les liquidités tout au long de l’année. C’était ça le gros problème : les liquidités manquaient à certains moments de l’année», met en contexte la gestionnaire de 42 ans.

Les difficultés du Carnaval de Québec avaient deux sources : la baisse de certaines subventions et une vision non-optimale de l’ancienne direction.

«Je ne suis pas le genre à casser du sucre sur le dos des gens, mais il y avait plusieurs facteurs. D’abord, nous recevions beaucoup d’argent d’Industrie Canada et le programme auquel nous avions droit a disparu du jour au lendemain. Aussi, des employés comptaient beaucoup d’années de service et il n’y avait pas de structure salariale. Leur paie augmentait d’année en année et certains gagnaient plus que moi alors qu’on ne parle pas du même niveau d’imputabilité et de responsabilité», explique Mme Raymond, en spécifiant que la météo a aussi apporté, certaines années, des conséquences sur les finances de l’organisation.

On s’en doute, la Drummondvilloise a dû faire preuve de courage entrepreneurial pour remettre de l’ordre dans les différents dossiers de l’organisation.

«J’ai accepté ce travail parce qu’autour de moi, il y avait une gang de winners, des gens travaillants qui n’aimaient pas perdre. J’ai eu la chance d’entrer en poste 20 jours avant le début du Carnaval de 2016. Ça a été très bénéfique, car j’ai pu voir les équipes à l’œuvre, voir sur qui je pouvais compter», poursuit la femme de 42 ans.

Photo Gracieuseté

Son évaluation achevée, Mme Raymond s’est ensuite retroussée les manches et «s’est mis les deux mains dedans», comme elle se plaît à dire.

«Le Carnaval de Québec n’est pas une entreprise comme Bombardier au sens où le président du conseil et le directeur général ne sont que stratégiques. Mon rôle est très opérationnel parce que nous ne sommes que 40 employés. Je ne peux donc pas être qu’assise dans mon bureau et prendre des décisions.»

La première action que Mme Raymond a entreprise est l’évaluation des besoins en ressources humaines.

«Il y avait des gens dans l’organisation qui n’apportaient pas tant de valeur ajoutée par rapport à d’autres et nous avions de grandes lacunes à certains postes. Nous étions excellents en commercialisation, mais pourris en ressources humains et so-so en finances. À la lumière de cela, je me suis donc bâtie mon dream team

Alors que cela pourrait faire peur à certains gestionnaires, Mme Raymond s’est assurée de s’entourer de gens plus compétents qu’elle. «Chaque personne de mon équipe doit être meilleur que moi dans ce qu’il fait. C’est comme ça qu’on crée une équipe de rêve», exprime Mme Raymond, en confiant ne pas toujours mettre de «gants blancs» lorsqu’elle a des éléments à adresser à son personnel. «C’est sûr qu’une épuration s’est faite naturellement. C’est normal avec tout changement de direction»

Ensuite, seconde étape, Mme Raymond a créé des calendriers. «En arrivant ici, j’ai été surprise de constater qu’il n’y avait aucun échéancier ni calendrier corporatif. Pour une organisation comme le Carnaval de Québec, la planification est une étape capitale, d’autant plus que nous organisons deux autres événements au Québec, soit les Fêtes de la Nouvelle-France et le Défilé de Noël de Montréal», expose-t-elle.

Puis, la gestionnaire s’est attaquée à la vision stratégique de l’événement, laquelle devrait théoriquement positionner le Carnaval de Québec pour quelques années.

«On a écouté la population. On a fait des sondages et des études. Maintenant, nous sommes rendus à nous donner une vision qui nous amènera à resserrer notre contenu. On veut avoir des highlighs plus importants et moins s’éparpiller».

Le troisième Carnaval de Québec sous la direction de Mélanie Raymond débutera dans quelques jours, le 26 janvier. «Présentement, je suis dans le jus, mais quand l’événement débutera, mon travail sera fait. Il ne sera exigeant que mentalement, car il ne restera que les entrevues médias et de régler les problèmes qui surviendront. Je travaillerai déjà à la prochaine édition».

Mondial des cultures et Village québécois d’antan

Étant à la tête d’une organisation majeure au Québec, complétant actuellement un MBA Exécutif à l’Université Laval et siégeant aussi sur le conseil d’administration du Regroupement des événements majeurs internationaux, Mélanie Raymond constate chaque jour que «l’événementiel» est un secteur difficile au Québec.

«C’est difficile partout! Même quand tu connais une bonne année, il ne reste pas beaucoup d’argent en bout de ligne et il y a toujours des incertitudes liées aux subventions. Ceci dit, je suis très honnête, je ne suis pas surprise de la récente décision du Mondial des cultures de mettre un terme au festival. C’était la décision à prendre. Il y a là une belle occasion de créer quelque chose de nouveau. La seule chose, il faut faire très vite parce que l’argent des gouvernements ne restera pas sur la table bien longtemps», avise-t-elle.

Selon son observation, tant le Mondial des cultures que le Village québécois d’antan aujourd’hui font face à deux obstacles de taille. Le premier : la thématique liée aux traditions.

«Je le sais : je vis la même chose avec les Fêtes de la Nouvelle-France. Les traditions constituent un créneau qui se vend difficilement, pour les commanditaires. Et l’autre gros problème : les gens locaux, qui amenaient la base des revenus, ne sont plus au rendez-vous. Il n’y a même plus de groupes scolaires qui y vont», relève-t-elle.

Enfin, elle y va d’un conseil pour nos organisations : «Avant de prendre un gros risque avec un nouveau projet qui coûte très cher, il est important de s’assurer de le vendre à des partenaires pour en partager les risques. C’est une règle de base pour réussir dans l’événementiel.»

Impressionnante feuille de route

-Représentante (Pepsi)

-Gestionnaire (Café Morgane de Drummondville)

-Directrice de la distribution (Laiterie Lamothe)

– Directrice-coordonnatrice secteur imprimerie numérique (Buropro)

-Directrice générale (Jeune Chambre de commerce de Québec)

-Directrice adjointe et responsable des relations avec les partenaires (Jeune Chambre de commerce de Montréal)

Directrice générale (Richelieu International)

Directrice générale (congrès mondial de la Jeune Chambre internationale)

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