Maryse Turcotte : d’olympienne à gérontopsychiatre

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Par Jean-Pierre Boisvert
Maryse Turcotte : d’olympienne à gérontopsychiatre
Maryse Turcotte. (Photo : Ghyslain Bergeron)

DRUMMONDVILLE. Quiconque se rappelle l’avoir vue s’exécuter avec brio et sourire dans la discipline de l’haltérophilie n’aurait pu se douter qu’elle deviendrait gérontopsychiatre à Drummondville. C’est pourtant l’étonnant parcours de Maryse Turcotte.

Celle qui est devenue, en 1997, la première femme en Amérique du Nord à lever deux fois son poids, avant de participer aux Jeux olympiques de Sydney en 2000, où elle se classe quatrième, et aux Jeux du Commonwealth en 2006 où elle gagne la médaille d’or, a puisé beaucoup dans son bagage d’athlète international pour réussir ses exigeantes études en médecine, a fortiori dans une surspécialité.

La gérontopsychiatrie s’intéresse à l’évaluation, au diagnostic et au traitement des troubles mentaux complexes liés à l’âge. Maryse Turcotte œuvre à l’Hôpital Sainte-Croix et au Centre d’hébergement Frederick-George-Heriot.

«Quand tu te retrouves sur un plateau de compétition, en présence des arbitres, des spectateurs, de tes compétiteurs et des caméras de télévision, tu n’as pas le choix de te concentrer et d’oublier tout ce qui a autour. Les émotions sont intenses et le stress est élevé. Cela m’a été grandement utile lors de mes examens en médecine, une période particulièrement stressante. La façon de gérer l’anxiété a été un atout», reconnait-elle aujourd’hui.

Et bien sûr la discipline de vie que doit s’imposer une olympienne a continué de la servir au fil des ans. «La détermination c’est une chose, mais la détermination à long terme, c’en est une autre. La persévérance que j’ai développée comme athlète est la même que j’applique aujourd’hui avec mes patients. En psychiatrie, on fait souvent un pas en avant et un pas en arrière dans le processus de traitement. Et même parfois, il faut savoir réviser ses objectifs à la baisse. Vers la fin de ma carrière dans le sport, j’ai réalisé que je serais moins performante et j’ai dû redéfinir mes objectifs. Il faut être humble pour faire ça. En psychiatrie, et encore plus en gérontospychiatrie, il y a souvent une stagnation. Il arrive qu’après des mois d’hospitalisation je vois un patient et je me dis que je ne le sauverai pas, mais je peux atteindre un autre objectif qui sera bénéfique».

«La proximité que l’on a ici»

Maryse Turcotte. Photo : Ghyslain Bergeron

Sherbrookoise d’origine, mère de trois enfants, Maryse Turcotte dit avoir reçu beaucoup de ses grands-parents. «J’ai perdu mon père à l’âge de cinq ans. Moi et ma petite sœur, on allait souvent chez mes grands-parents maternels à Sainte-Brigitte-des-Saults et chez mes grands-parents paternels à Sherbrooke. Ça faisait un beau mixte entre le milieu rural et le milieu urbain. J’adore les personnes âgées. Ce n’est pas une étape de l’âge que je vois négativement. Ça fait partie de la vie, je vais y arriver moi aussi. Ce sont des gens qui ont du vécu, qui ont des choses à raconter. Certains ont eu un parcours plus difficile que d’autres. Il faut garder une perspective d’humour à travers tout ça. C’est parfois difficile avec des gens qui sont atteints de maladies liées à la démence, telle que l’Alzheimer, parfois même aussi tôt qu’à 50 ans. Ce n’est pas facile pour le couple, ni pour les enfants. Il y a des cas où ça nous touche plus. Je dis souvent qu’il faut se montrer empathique mais pas sympathique».

C’est en 2014 que Maryse Turcotte et sa famille se sont installés à Drummondville, sur un terrain qu’elle avait acheté en 2008 dans le secteur Saint-Charles. «J’avais une bonne idée à l’époque que je finirais par vivre à Drummondville. J’ai fait mes études à Montréal et à Québec. J’ai vu la bureaucratie universitaire. Finalement, je préfère la proximité que l’on a ici. C’est plus facile de parler avec les médecins de famille. Je les connais et on communique par texto. Ici, c’est à l’échelle humaine», de faire observer celle qui siège au conseil d’administration du club d’haltérophilie Les Voltigeurs. Il est courant aussi que la Fédération d’haltérophilie du Québec lui demande de participer à des événements promotionnels.

«Je me sens privilégiée», laissera-t-elle tomber à la fin de notre entretien.

Principaux résultats

Jeux olympiques de Sydney (2000) : 4e

Jeux olympiques d’Athènes (2004) : 11e

Jeux Panamericains de Winnipeg (1999) : médaille d’or

Jeux du Commonwealth de Manchester (2002) : médaille d’or

Jeux du Commonwealth de Melbourne (2006) : médaille d’or

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