On les appelle les héros de la crise du verglas. Ils ont travaillé jour et nuit, au plus fort de l’événement, pour rétablir le courant. Il aura finalement fallu près de deux semaines avant que la majorité (95 %) des abonnés d’Hydro-Québec retrouvent l’électricité. Récit de trois monteurs de lignes.
Le 6 janvier 1998, Dany Pineault, chef-monteur transport, est dépêché à Drummondville en raison d’une défaillance de la ligne de transport électrique (pylônes) 526, celle reliant la Centrale Drummond aux Chutes Hemmings.
«J’ai rapidement constaté un fil au sol au centre-ville. L’équipe s’est donc rapidement affairée à mettre tout en place, mais peu de temps après, j’ai reçu d’autres appels, cette fois, pour des pylônes brisés et effondrés au sol. Il y en avait près de l’entreprise Girardin et à proximité de la route 122, vers Saint-Germain, deux lignes stratégiques», se rappelle celui qui occupe aujourd’hui le poste de chef intégration des activités de transport.
Au plus fort de la crise, le 11 janvier 1998, 40 % des clients (environ 35 000) étaient plongés dans le noir. Impossible pour les équipes en place, qui travaillaient déjà jour et nuit, de reconstruire les lignes endommagées en l’espace de quelques jours. La reconstruction temporaire du réseau sur poteaux de bois était la solution «la plus efficace et viable».
«Seulement pour la ligne Grantham / Heriot, celle qui part du boulevard Lemire pour se rendre jusqu’au 7e Rang de Saint-Germain, on a construit 90 structures en une semaine», indique M. Pineault, aux côtés de ses collègues de l’époque : Daniel Brière et Denis Bouchard.
Cette période intense à travailler d’arrache-pied a mobilisé 150 personnes. Les heures de sommeil étaient à son minimum alors que plusieurs ont travaillé jusqu’à 25 h d’affilée. Heureusement, les employés d’Hydro-Québec ont reçu le renfort de militaires et de collègues d’autres entreprises d’électricité voisines.
«Tout le monde mettait l’épaule à la roue. L’adrénaline était à son maximum!» expose de son côté M. Brière.
Où est le matériel?
Comme la situation était critique partout au Québec, une pénurie de matériaux nécessaires à la reconstruction des pylônes et des lignes s’est rapidement ressentie, de quoi causer bien des maux de tête.
«Au nombre de structures affectées partout en province, le matériel ne rentrait pas suffisamment. On fouillait les fonds de tablettes des magasins, les employés de certaines usines de fabrication ont travaillé plus d’heures et on est même allé jusqu’à récupérer du matériel au sol», raconte M. Brière.
Hydro-Québec s’est également procuré en «quantité phénoménale» des crampons, fait savoir M. Pineault, en rigolant.
En fait, toute cette belle glace obligeait les travailleurs à redoubler de vigilance.
«Dans les champs, c’était extrêmement glissant, on avait de la misère à se tenir debout. Et avant de grimper dans les pylônes, fallait casser la glace sur les membranes d’acier et les poteaux afin de ne pas se blesser et bien faire les réparations. (…) À part quelques petites égratignures et des courbatures, il n’y a pas eu de blessés, heureusement», précise M. Pineault.
Si tous les foyers ont retrouvé la lumière à la fin janvier, il n’y a pas eu de répit pour les employés d’Hydro-Québec. Le vrai travail de reconstruction ne faisait que commencer.
«La liste des réparations était très longue. Nos dernières interventions ont été réalisées en décembre 1998», se souvient en terminant M. Pineault.