L’impressionnant parcours tennistique de Yann Lefebvre

L’impressionnant parcours tennistique de Yann Lefebvre
Depuis dix ans, Yann Lefebvre dirige les jeunes raquettes de l’Association de tennis de Drummondville. (Photo : Photo Ghyslain Bergeron)

Le parcours tennistique de Yann Lefebvre a de quoi imposer le respect. Après avoir évolué sur la scène professionnelle mondiale, le Drummondvillois a dirigé certains des plus grands noms du tennis canadien au cours des années suivantes. L’homme de 48 ans continue aujourd’hui de partager sa passion de la balle jaune au sein de l’Association de tennis de Drummondville.

Avant de devenir entraîneur, Yann Lefebvre a atteint le 393e rang mondial en simple ainsi que le 351e échelon en double durant sa carrière de joueur professionnel. Celle-ci s’est étalée de 1990 à 1995.

«J’ai commencé à jouer au tennis sur le tard, seulement vers 17 ans. Avant, j’ai joué au hockey jusque dans le midget AAA. Ensuite, j’ai eu de bonnes performances au tennis, ce qui m’a donné le goût d’explorer ce sport. J’avais certaines aptitudes, mais j’ai dû apprendre sur le tas. Ce fut toute une expérience qui fait aujourd’hui de moi un meilleur entraîneur», relate Yann Lefebvre.

«Comme joueur, je n’ai pas échoué, mais je n’ai jamais réussi à atteindre mon objectif, qui était de percer le top 100. Ce fut bénéfique pour ma carrière de coach, car ça m’a amené à me poser plein de questions sur le tennis. Au hockey, je ne me posais pas de questions, mais au tennis, je me suis intéressé à la technique, à l’apprentissage, bref, à comment me coacher moi-même. Comme entraîneur, je continue à me poser des questions pour amener les jeunes à avoir du succès le plus vite possible», ajoute le père de deux enfants.

Lareau, Raonic, Pospisil et Bouchard

Après un stage au sein d’une équipe professionnelle en France, Lefebvre a accroché sa raquette à 25 ans pour devenir entraîneur dans la région de Québec. Rapidement, le professionnel Sébastien Lareau l’a approché pour diriger sa carrière. L’association entre les deux hommes a duré trois ans, jusqu’en 2000.

«C’était une surprise pour moi, compte tenu que j’avais seulement quatre ans de plus que lui. Il m’a dit qu’il était venu me chercher pour mon côté arrogant. Il était plus réservé et il est venu chercher chez moi une qualité qu’il n’avait pas. Juste par ma présence, je lui donnais confiance», explique-t-il.

Pendant cette période, Lareau a connu ses meilleurs moments en carrière, décrochant notamment une médaille d’or en double aux Jeux olympiques de Sydney en 2000. Il a notamment atteint le 77e rang mondial en simple et la 4e position en double.

Yann Lefebvre en compagnie de sa protégée Amélie Allard. (Photo Ghyslain Bergeron)

«On se fixait des objectifs précis et on s’entraînait en conséquence. Ça fait partie de mes meilleures habiletés : redonner confiance à quelqu’un qui n’en a plus. J’ai contribué à ramener Sébastien sur le bon chemin, pour qu’il performe. Comme entraîneur, c’est satisfaisant, car les résultats se font sentir rapidement.»

Au cours des sept années suivantes, Lefebvre a fait partie du personnel d’entraîneurs de l’équipe nationale junior.

Il a dirigé de jeunes raquettes aussi prometteuses que Milos Raonic et Vasek Pospisil. «Je les ai aidés dans leur carrière, mais je ne savais pas qu’ils allaient devenir si bons. Au tennis, il y a très peu d’élus, mais ils avaient beaucoup de persévérance. Milos pratiquait son service pendant des heures. Ce n’est pas pour rien que son service est extraordinaire aujourd’hui. Il y a cru et il a continué. Ce fut révélateur pour moi : si tu persévères, tu peux y arriver.»

Entraîneur dans un club de l’Île-des-sœurs, Lefebvre a également eu l’occasion de guider Eugenie Bouchard à ses débuts dans cette discipline, entre l’âge de 8 et 10 ans. «C’est moi qui l’a parti dans le tennis. Son revers, son service et son coup droit, je lui ai enseigné. C’était toute une expérience pour moi, car je n’avais jamais coaché un enfant de cet âge. J’étais habitué de diriger des joueurs qui savaient déjà comment servir une balle. J’ai dû apprendre comment coacher une jeune de cet âge. Malgré tout, je peux dire que je ne me suis pas trompé.»

«Le plus frappant chez Eugenie, c’est qu’elle était sans peur. Elle est encore comme ça aujourd’hui. Elle va toujours de l’avant. C’est ce qui l’a amené jusqu’au 5e rang mondial.»

Un héritage aux jeunes athlètes

Depuis maintenant dix ans, Yann Lefebvre dirige les jeunes raquettes drummondvilloises sur les courts du centre de tennis intérieur René-Verrier.

«On a bâti un programme sport-études à partir de rien. Au début, on était dans un hangar avec un toit trop bas. La Ville a été bénissante pour le tennis en construisant un complexe de cinq millions de dollars. C’est extraordinaire pour nous. On a pu développer plusieurs programmes pour les jeunes. On tente de les amener le plus loin possible. Cet été, on a d’ailleurs amené trois joueuses jusqu’au championnat canadien. Pour une petite association comme la nôtre, c’est un exploit.»

Yann Lefebvre (Photo Ghyslain Bergeron)

Rêvant d’une carrière professionnelle, les jeunes Catherine-Isabelle Denysiewicz-Slowek, Amélie Allard et Marie-Lee Grégoire suivent les traces de Louis-Philippe Hamel, Jérôme Desrosiers, Marc-Olivier Tourigny et Alexandre Bouchard, qui ont décroché une bourse d’études dans une université américaine il y a quelques années.

«Ces jeunes sont passionnés par l’apprentissage du tennis lui-même. C’est précisément cette philosophie qu’on essaie de mettre sur le terrain. Pour moi, échouer, c’est juste une opportunité de recommencer. Si tu ne réussis pas du premier coup, tu dois continuer d’essayer. Pour réussir, ça prend des heures de pratique. C’est pourquoi les jeunes ont le droit de pratiquer sans stress, de se tromper et de recommencer jusqu’à temps qu’ils réussissent.»

«Le sport, c’est comme la vie : ce n’est pas facile. Il faut se battre pour réussir. Pour y arriver, tu dois te fixer un objectif rêvé, puis des sous-objectifs qui t’aident à y arriver. Comme entraîneur, je ne suis pas là pour dire aux athlètes qu’ils sont bons si ce n’est pas vrai. Je leur donne l’heure juste. Voilà la réalité; si vous voulez atteindre ce niveau, vous devrez travailler. C’est cet héritage qu’on donne aux jeunes athlètes, même s’ils ne percent pas dans le sport», conclut celui dont le père, Gérard Lefebvre, a également été une figure marquante dans l’histoire du tennis drummondvillois.

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