Mathieu Ste-Marie a vaincu ses démons intérieurs

Mathieu Ste-Marie a vaincu ses démons intérieurs
L’ex-Voltigeur Mathieu Ste-Marie, qu’on aperçoit ici près du chantier de construction du nouveau pont Champlain, a aujourd’hui vaincu ses problèmes d’alcoolisme et de toxicomanie. (Photo : Photo Denis Germain)

THÉRAPIE. Mathieu Ste-Marie n’a disputé que 53 matchs dans l’uniforme des Voltigeurs, mais avec sa fougue et son courage, il a marqué le cœur des partisans drummondvillois. L’ancien homme fort a traversé des moments noirs au cours des dernières années, mais aujourd’hui, il est fier d’avoir vaincu les démons intérieurs qui l’ont trop longtemps rongé.

Âgé de 32 ans, Mathieu Ste-Marie a été aux prises avec des problèmes de consommations d’alcool et de cocaïne pendant de nombreuses années après avoir accroché ses patins. Malgré toute sa force de caractère, le père d’une fillette de trois ans rechutait chaque fois qu’il tentait de s’extirper de cet enfer. Aujourd’hui, celui qui travaille dans le domaine de la construction est sobre depuis près de dix mois.

«La volonté d’arrêter, c’est venu de moi-même. Je n’étais plus capable d’endurer ça. J’étais écœuré, j’avais la tête pleine. Je n’avais plus le contrôle de ma vie : c’est la consommation qui me contrôlait. J’ai décidé que je ne voulais plus vivre comme ça. Je l’ai fait pour moi, mais aussi pour ma fille et ma famille», confie-t-il en entrevue avec le journalexpress.ca.

Déterminé à régler ses problèmes une fois pour toutes, Mathieu Ste-Marie a suivi une thérapie de 21 jours à la maison Jean-Lapointe en janvier dernier. «J’ai eu la chance de suivre cette thérapie en même temps qu’un sportif de haut calibre. On se comprenait bien. Il m’a beaucoup aidé. J’ai aussi compris que je n’étais pas capable de faire le deuil de mon sport. À chaque début de saison, il y avait des équipes qui m’appelaient pour m’inviter à jouer. J’hésitais toujours avant de refuser.»

«Cette thérapie, c’est la plus belle affaire que j’ai faite dans ma vie, a-t-il poursuivi. Là-bas, on m’a donné les bons outils pour arrêter et ne pas recommencer. Ils m’ont fait prendre conscience que la consommation, c’était seulement 15 % de mon problème. Le reste, ça venait de moi.»

Mathieu Ste-Marie n’a jamais reculé devant personne… ni même le colosse Marty Doyle. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

Comme plusieurs bagarreurs dans le milieu du hockey, Ste-Marie a dû vivre avec une pression psychologique difficile à gérer durant de nombreuses années. «Mon problème partait du hockey. Me battre devant des milliers de personnes qui criaient mon nom, c’était ça ma drogue de choix pendant ma carrière. Ça me donnait une poussée d’adrénaline incroyable. Je me sentais bien sur la glace, mais entre deux matchs, j’étais stressé. Je me sentais mal en attendant la prochaine bataille.»

Pendant une dizaine d’années, ces combats sont donc devenus un véritable mode de vie pour le petit guerrier. «Ce n’était pas un job facile. Je ne pouvais pas sortir mes émotions. Avant un match contre les Tigres, je savais que j’allais me battre contre Matt Nickerson. J’avais la chienne dans la chambre, mais je ne pouvais pas me confier. C’est moi qui était là pour défendre mes coéquipiers. Je ne l’ai jamais dit à personne», raconte celui qui avait pour mission de protéger des vedettes telles que Derick Brassard et Guillaume Latendresse en 2004-2005.

«Même après avoir arrêté le hockey, j’ai continué à cacher mes émotions. Au lieu de gérer mes émotions, je les gelais avec de l’alcool et de la poudre. Pendant toutes ces années, je me suis créer un personnage, celui d’un tough. Mais au fond, le vrai Mathieu Ste-Marie, c’est un gros nounours qui aime avoir du fun

La Coupe ou l’abstinence, un même combat

Après avoir traîné son baluchon à Rivière-du-Loup, Sherbrooke et Sorel-Tracy, l’attaquant a finalement accroché ses patins en 2011, dans la foulée du décès de trois anciens durs à cuire de la Ligue nationale. Âgés entre 27 et 35 ans, Wade Belak, Derek Boogaard et Rick Rypien souffraient tous trois de dépression.

Mathieu Ste-Marie (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

«Ça m’a fait réfléchir. Les trois se sont suicidés à cause d’un mélange de consommation et de tapes sur la gueule. Je me voyais en eux. Je venais aussi d’avoir ma job d’opérateur de pelles. Je rentrais parfois travailler avec un œil ou les mains amochées», explique celui qui dû être opéré aux deux épaules en plus d’avoir été victime d’une dizaine de commotions cérébrales pendant sa carrière.

«Les séquelles sont moins fortes avec le temps, même si j’ai encore des maux de tête ou des trous de mémoire.»
Avec le recul, Ste-Marie demeure néanmoins fier de sa carrière d’une dizaine de saisons dans le hockey junior et semi-professionnel québécois. «J’ai aimé ce que j’ai fait. Le hockey m’a appris beaucoup de choses, par exemple la persévérance dans les moments difficiles. Je suis parti de nulle part, mais je n’ai jamais lâché. À 5 pieds et 6 pouces, je suis devenu le plus petit tough dans l’histoire du hockey au Québec.»

«Le sport m’a aussi appris le travail d’équipe. Dans un club, chaque joueur apporte quelque chose de différent. On a tous le même but, celui de gagner la Coupe. C’est la même chose dans mes meetings avec les Alcooliques anonymes, où je vais deux à trois fois par semaine. Notre but est le même, c’est d’être abstinent. Tout le monde s’aide là-dedans», ajoute celui qui consulte également un coach de vie, l’ex-bagarreur Louis Bédard, et qui pratique le yoga afin de mieux gérer son anxiété.

Même 12 ans plus tard, Ste-Marie n’a pas oublié son passage chez les Voltigeurs. Celui qui est originaire de Montréal a d’ailleurs toujours gardé contact avec sa famille de pension. «Chaque fois que j’arrive sur le boulevard Saint-Joseph, j’ai des frissons. Cette saison-là a été la plus belle de ma vie. Le junior majeur, c’est une expérience extraordinaire. Je suis toujours touché quand les partisans viennent me saluer au Centre Marcel-Dionne.»
Aujourd’hui, Mathieu Ste-Marie souhaite que son témoigne puisse aider d’autres personnes souffrant d’alcoolisme ou de toxicomanie.

«Il y a beaucoup d’anciens joueurs qui viennent se confier à moi. Plusieurs traversent les mêmes problèmes que j’ai vécus. Je leur dis que c’est possible de s’en sortir. J’en suis la preuve. Je voulais mourir, mais aujourd’hui, je me sens tellement bien dans ma peau», conclut l’ex-Voltigeur.

28 heures au cachot en carrière

– 182 minutes de punition en 53 matchs avec les Voltigeurs en 2004-2005 (séries incluses)
– 592 minutes de punition en 94 matchs en carrière dans le circuit junior AAA
– 908 minutes de punition en 128 matchs en carrière dans les rangs seniors et semi-professionnels québécois
– Joueur le plus puni de la Ligue nord-américaine en 2008-2009 (346 minutes en 39 matchs avec Rivière-du-Loup)

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