Réflexions proposées à Marie-Josée Lemaire

Réflexions proposées à Marie-Josée Lemaire
Lettre ouverte (Photo : Photo Deposit)

Cette lettre est signée par Michelle Théroux, Drummondville

ÉLECTIONS MUNICIPALES. J’ai bien lu dans l’Express les projets que vous entendez défendre au conseil municipal de Drummondville, si vous êtes élue à titre de conseillère du district 3.

Vous écrivez que madame Lassonde n’a pas à s’approprier certaines réalisations, tel le carrefour giratoire, puisqu’elle n’était pas encore élue le 1er novembre 2013. Elle devait très certainement s’activer dans ce dossier, avec les élus responsables à ce moment-là, avant d’être portée au pouvoir, comme par ailleurs vous le faites vous-même, actuellement, dans certains dossiers, et ce à titre indépendante comme vous aimez à le souligner. Pourtant, vous n’êtes pas encore élue. Doit-on vous le reprocher?

Ce que vous défendez pour la fluidité de la circulation : la construction d’un 3e pont, les sens uniques au centre-ville, nous ramène 50 ans en arrière :

Premièrement, ce ne sont pas les 4 à 8 minutes d’attente, le matin ou en fin d’après-midi qui vont justifier la construction d’un 3e pont (ce serait un 4e pont si l’on comptait le pont de l’autoroute 20 que de nombreux résidents de St-Charles, de St-Cyrille, de St-Joachim et d’ailleurs utilisent pour aller prendre les boulevards St-Joseph et Lemire). À ce je sache, nous ne sommes pas à l’entrée du pont Jacques-Cartier ou du pont-tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine. De grâce, soyons réalistes! Je vous ai déjà entendu dire que le pont serait payé non seulement par les contribuables de Drummondville, mais aussi par les gouvernements provincial et fédéral. Vous semblez oublier madame Lemaire que c’est toujours notre argent, et ce, quel que soit le palier de gouvernement. Sans compter que plus on offre de possibilités pour l’utilisation des voitures, plus le nombre de celles-ci augmente. Avez-vous pensé qu’avec un 3e pont, il faudrait reconfigurer les voies d’accès au centre ville, avoir d’avantage d’infrastructures, de surveillance policière pour la sécurité, etc. etc.? L’étalement urbain coûte cher!

Deuxièmement, les sens uniques, c’est un fait reconnu, favorisent l’augmentation de la vitesse. Pour le comprendre, référez-vous à l’expérience déjà tentée il y a quelques années, ici même, à Drummondville. Vous qui prônez la sécurité des piétons et les activités au centre-ville, il me semble que vos propositions vont en sens inverse de ce que vous souhaiteriez réaliser.

Troisièmement, Fortissimo. Un cabaret. Affluence au centre-ville, etc. Les chambres de commerce de Drummondville vous influenceraient-elles? Nous avons entendu plusieurs propositions au moment de la consultation publique organisée par le Maire Alexandre Cusson et à laquelle j’ai assisté du début à la fin. Peu de suggestions allaient dans le sens que vous proposez. On sentait plutôt le besoin de s’entourer de beauté, celui de restituer la rivière aux citoyens, le besoin d’un musée où s’allieraient l’histoire du textile de Drummondville à celle du musée populaire de la photographie, musée unique en son genre. C’est sûr qu’il a été suggéré de la restauration. Mais il ne faudrait quand même pas entrer en compétition avec les restaurants du centre-ville ni recréer des stands à crème glacée ou à hot dog dans un site qui se veut, par sa beauté, l’image de marque de Drummondville.

Je vous disais que vos projets nous ramenaient 50 ans en arrière. Voici donc quelques suggestions qui nous ramènent au temps présent, au moment où des changements climatiques perturbent déjà, et de plus en plus, notre quotidien, par les très grandes chaleurs, par des vents violents, par la pollution. Tout ceci au moment où les énergies fossiles doivent être remplacées progressivement par des énergies vertes, où toutes les études prouvent que les arbres sont nos plus grands alliés pour filtrer le CO2, nous protéger de la chaleur et des intempéries. Où les transports actifs, le vélo et la marche, nous rendent le plus grand des services, celui de favoriser une meilleure santé :

1. Rendre gratuit le transport en commun avec des stationnements incitatifs aux entrées de la ville et un peu partout. Avec des autobus qui, à la longue, seraient alimentés à l’électricité, et qui seraient en nombre suffisant de manière à augmenter leur fluidité et les transferts à tous les 10 minutes, voilà quelque chose qui coûterait moins cher qu’un pont à plusieurs millions de dollars. Sans compter que les transports en commun gratuits auront la vertu d’attirer les gens à venir s’établir à Drummondville et à consommer à Drummondville. Parlez-en à la mairesse de St-Julie.

2. Les arbres. Une très grande richesse. Faire de notre ville une ville-îlot de fraîcheur, en plantant des arbres partout, en favorisant la marche et le vélo sous les arbres, en abaissant et en diminuant les entrées charretières (car comme son nom l’indique, ces entrées sont là pour favorises les « chars » et non les piétons). Comme je le mentionnais déjà, qui aime à se promener sur des trottoirs qui montent et descendent sans arrêt? J’ai vu des personnes préférer marcher sur l’asphalte, surtout avec des poussettes, car elles étaient moins enclines à trébucher.

3. Réaménager les abords de la rivière, du côté de Montplaisir, à côté du stationnement qui mène à l’amphithéâtre. Ce n’est pas une bonne solution pour contrer des activités déplorables dont se plaignent les marcheurs de soirée. Couper des arbres, vous n’y pensez pas alors qu’il nous faut en planter de plus en plus? Je suggère plutôt que les autorités de la ville sollicitent la présence policière sur ce lieu, aux bonnes heures et le temps qu’il faudra.

4. Quant à Fortissimo, je vous en ai parlé abondamment un peu plus haut. Je vous invite à changer votre façon de penser. Quand la ville sera identifiée comme l’îlot de fraîcheur le plus accueillant du centre du Québec, n’ayez crainte madame Lemaire, le commerce deviendra florissant et vous vous en féliciterez, de même que les gens d’affaire qui vous soutiennent.

Madame Lemaire, permettez-moi de vous dire que vous êtes mal conseillée. Lisez des études récentes, voyez ce qui se passe sur les changements climatiques, lisez comment on gère la diminution de l’utilisation des véhicules à carburants fossiles, comment on favorise les transports actifs et de quelle façon nos amis les arbres nous protègent des changements climatiques. Beaucoup de bonnes études peuvent vous aider à orienter votre réflexion dans la bonne direction.

Michelle Théroux, Drummondville.

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