Hydrocarbures : Drummondville s’insurge contre le ministre Arcand

Hydrocarbures : Drummondville s’insurge contre le ministre Arcand
Le maire Alexandre Cusson était entouré de tous les conseillers municipaux lors de cette conférence de presse.

Le conseil municipal de Drummondville s’insurge énergiquement contre les nouveaux règlements contenus dans le projet de loi sur les hydrocarbures, dont celui concernant les distances séparatrices minimales pour autoriser les sites de forages pétroliers et gaziers.

Tous les conseillers étaient présents ce matin dans le hall de l’hôtel de ville autour du maire Alexandre Cusson qui a jugé sévèrement le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, à la suite de la publication, mercredi dernier, de quatre projets de règlement qui permettent notamment des forages à 150 mètres d’une résidence.

«Plus d’une centaine de municipalités demandaient une distance séparatrice de 500 mètres des résidences et voilà que le ministre Arcand nous arrive avec seulement 150 mètres. Il n’a vraiment pas compris. Nous, à Drummondville, nous demandons le retrait de ces projets de règlements et que l’on entame de véritables discussions», a déclaré le maire Cusson qui a souligné qu’il était important de réagir dès aujourd’hui.

Ces projets de règlements du gouvernement libéral, contenus dans un document de 300 pages, autorisent des activités de sondage en milieu hydrique, à 40 mètres de la voie navigable du fleuve Saint-Laurent et à 180 mètres d’un barrage à forte contenance. Il autorise aussi la fracturation hydraulique pour le forage et l’utilisation de produit chimique pour la stimulation des puits, allant à l’encontre de la demande répétée de la FQM (Fédération québécoise des municipalités) à l’effet qu’un moratoire soit imposé sur ces types de pratique. En plus, le ministre se réserve le droit de réduire les distances stipulées dans les règlements.

Des consultations, sur une période de 45 jours, sont mises de l’avant par le ministre Arcand. «C’est inacceptable, ça coïncide, drôle de hasard, avec la campagne électorale dans les municipalités. Les conseils municipaux ne siègeront plus, sauf une fois en octobre, d’ici les élections du 5 novembre. Nous n’allons pas rester en silence. Chose certaine, nous allons participer à ces consultations», a promis le maire Cusson tout en souhaitant une position concertée de la part des municipalités voisines. En ce sens, il entend échanger avec ses collègues de la MRC de Drummond et sensibiliser les deux députés de la région à l’Assemblée nationale, Sébastien Schneeberger et André Lamontagne. (NDLR: la CAQ a émis un communiqué à ce sujet jeudi dernier intitulé «La réglementation sur les forages pétroliers est vouée à l’échec».)

Réaction positive des environnementalistes

Fait particulier, plusieurs des citoyens ayant à cœur la cause de l’environnement, et qui ne se privent pas pour intervenir à la période de questions aux séances du conseil municipal, étaient présents et ont même applaudi la déclaration du maire drummondvillois.

«Je suis totalement en faveur des positions du maire, a commenté Henriette Yergeau. Il sera nécessaire que les deux organismes la FQM et l’UMQ (Union des municipalités du Québec) s’associent pour remettre ce gouvernement-là à sa place».

Roger Pomerleau, un ex-député du Bloc québécois, a donné le même son de cloche. «On doit féliciter le maire pour cette prise de position, laquelle je crois aura une portée importante pour les autres maires. Ces élus vont se contacter et il faudra qu’ils arrivent à une décision commune. Parce que là, je me demande sérieusement ce que les pétrolières ont pu faire pour que Philippe Couiilard prenne une telle décision. Ce qu’il fait actuellement, c’est qu’il est en train de vendre le Québec».

Il est à noter que le président de la FQM, Richard Lehoux, a également fait une sortie cinglante sur ce sujet en affirmant : «Il n’y a absolument rien pour rassurer les municipalités et leurs citoyens dans ces projets de règlements. Ils ne suscitent que des questions et ne soulèvent que des craintes. Pour un ministre qui avait érigé l’acceptabilité sociale au rang des vertus à respecter dans le Livre vert de 2016, c’est un échec complet. Et je peux vous garantir que notre congrès annuel, qui aura lieu la semaine prochaine, va se pencher sur cette question».

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