Le 5 juillet dernier se tenait, à l’hôtel de ville, une assemblée de consultation publique. Prévue de longue date, nos élus souhaitaient obtenir des pistes vocationnelles pour le site dit «Fortissimo».
Plus de vingt citoyennes et citoyens s’étaient préparés soigneusement pour l’exercice. Le journaliste Jean-Pierre Boisvert en rédigea un excellent état des lieux dans l’Express. Son article décrivait avec exactitude la diversité des points de vue exprimés.
Il faut certes féliciter nos mandataires pour cette décision d’ausculter le pouls de la communauté. Nous souscrivons sans réserve à une démocratie qui s’exprime autrement que lors de campagnes électorales. Reconnaissons également que la volonté citoyenne n’est jamais uniforme et linéaire.
Cette consultation : un exercice de relation publique ou une pierre à l’édifice d’une décision municipale majeure ?… un réalisme de bon ton m’oblige à une certaine réserve.
Les membres du chantier de travail devront-ils faire la moyenne entre les 12 étages suggérés par un et les 2 ou 3 étages avancés par d’autres. Les restaurateurs proposaient sans surprise des aires de bouffe et les artistes des lieux d’expression culturelle. La jeune chambre de commerce avançait une proposition en phase avec la philosophie de l’institution. Le partage des facilités sportives faisait plein de sens par ailleurs. Mais là encore, malgré une bonne volonté évidente, l’objet fondamental du sujet est esquivé. La mise en valeur de ce site d’exception mérite une approche méthodique et spécialisée.
La renaissance des centres villes, la gestion du flux motorisé, une habile combinaison de concentration humaine et services de proximité sont des défis municipaux communs en Amérique du Nord. Certaines villes ont su y répondre avec audace. Jusqu’ici, Drummondville est dans le peloton de queue en gestion du territoire. Faut-il rappeler la prairie asphaltée du centre de foire (Centrexpo) au cœur d’un quadrilatère résidentiel ? Cette préoccupation, par ailleurs, fut soulevée par une architecte participante en termes de « mare d’asphalte ».
Il serait injuste de passer sous silence les suggestions avant-gardistes de certains intervenants. Gentrification, consommation énergétique et environnement ont été mis en exergue dans des présentations originales. Mais, encore là, le tout doit s’inscrire dans un contexte de planification macro. Pour faire du site de Fortissimo l’ouvrage phare du renouveau urbain de Drummondville, il faudra déborder le quartier où il se trouve. Cette gestion du territoire ne peut se faire en silo.
Pour parodier le directeur général de Commerce Drummond, cette consultation fut «un bel exercice». Maintenant il faut passer de la période de réchauffement à la vraie partie.
La Ville a maintenu une collaboration avec l’institut d’urbanisme de l’Université de Montréal pendant 5 ans. On me dit que cette collaboration n’a pas été renouvelée l’an dernier. Drummondville pourrait tirer de cette relation des bénéfices bien supérieurs à simplement l’accueil de stagiaires.
C’est ici que doivent intervenir des spécialistes du développement urbain. Pour ce faire, il faudra sortir de nos frontières municipales. Aller chercher les meilleures idées dans des villes innovantes, qu’elles soient sur notre continent ou non. Certains diront que c’est un chemin long et coûteux. Je leur réponds qu’une mauvaise planification urbaine a des conséquences indéfinies économiquement et permanentes en qualité de vie.
Drummondville doit faire le choix de redresser son cadre urbain ou de maintenir son modèle année 50.
Michel Lemay
Citoyen de Drummondville
