Le Centre-du-Québec, le «royaume des électrochocs»

Le Centre-du-Québec, le «royaume des électrochocs»
L’objectif principal d’une démarche d’Agrément est d’évaluer la qualité des soins, le rendement et l’efficacité de l’établissement selon des normes d’excellence reconnues internationalement. (Photo : Depositphotos)

SANTÉ. Même si le nombre d’électrochocs administrés en 2016 au Centre-du-Québec a diminué de 45 % par rapport à l’année précédente, la région est toujours considérée «le royaume des électrochocs» par le comité Pare-Chocs. Et l’Hôpital Sainte-Croix de Drummondville est au centre des activités. 

Le recours aux électrochocs en psychiatrie est deux fois plus fréquent au Centre-du-Québec que dans la moyenne des régions sociosanitaires québécoises, selon des chiffres de la Régie de l’assurance-maladie. Le ratio de la région est de 2,3 électrochocs par 1000 de population tandis que la moyenne nationale se trouve à 1.0.

Précisément, l’Hôpital Sainte-Croix de Drummondville a réalisé 662 séances d’électrochocs. À titre comparatif, 194 électrochocs ont été administrés à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska de Victoriaville.

Si l’on se fie aux données de l’an dernier, le nombre de séances est sensiblement le même au centre hospitalier drummondvillois avec 673. À Victoriaville, l’écart est plus notable avec 576 électrochocs.

Bien que les raisons qui justifient la diminution du nombre d’électrochocs soient encore inconnues, le comité Pare-Chocs se réjouit de ce résultat et va multiplier ses actions.

«Il faut que cette pratique violente et dégradante cesse», martèle Ghislain Goulet, porte-parole du comité Pare-Chocs, soulignant que les électrochocs sont fréquemment administrés à des personnes vulnérables, notamment à des femmes âgées.

«Malgré 75 ans d’âge, cette technique demeure controversée et dangereuse et peut amener des complications graves sur la mémoire, fragiliser le système cardiovasculaire ou pire encore, entraîner la mort. Le taux de rechute est incroyable La seule façon qu’on a trouvé pour que ça soit efficace, c’est d’utiliser la "méthode de l’entretien", c’est-à-dire des traitements donnés à quelques semaines d’intervalle pendant X temps», poursuit-il.

Il ajoute que ce qui se passe au Centre-du-Québec tend à démontrer que le recours aux électrochocs est davantage lié à des croyances personnelles de certains médecins que de l’état de santé objectif des patients.

«Il y a moyen de trouver d’autres solutions pour guérir les patients concernés», se dit-il d’avis.

Au moment de publier l’article, il avait été impossible d’obtenir le commentaire de la chef du département de psychiatrie. L’an dernier, Guillaume Cliche, agent d’information au CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, avait affirmé que «les psychiatres notaient des résultats probants à la suite de ces traitements. La condition des personnes s’améliore grandement et en plus, c’est une intervention assez rapide, on parle de quelques secondes.»

Ce dernier avait indiqué que la thérapie par électrochocs ou l’électroconvulsivothérapie (ECT), s’effectuant sous anesthésie générale, est utilisée en dernier recours à l’Hôpital Sainte-Croix, le plus souvent pour les cas de dépressions sévères récurrentes, mais également pour la schizophrénie et la manie bipolaire.

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