L’autosuffisance en réponse à la hausse du coût de la vie

L’autosuffisance en réponse à la hausse du coût de la vie

Josyane Cloutier
AUTOSUFFISANCE. L’endettement des ménages québécois correspond en moyenne à 160 % des revenus annuels selon l’Institut de la statistique du Québec : il n’est donc pas étonnant que le terme autosuffisance suscite beaucoup d’intérêt, et que plus en plus d’alternatives soient en pleine croissance. Parmi elles, on retrouve le jardinage, la confection de produits ménagers artisanaux, l’installation de poulaillers urbains…

Les Drummondvillois Julie Courchesne et Martin Dupuis ont fondé le Domaine Coquelicot il y a quelques années, où ils donnent des cours d’autosuffisance et des trucs pour tout confectionner soi-même à des participants attentifs.

Lotion démaquillante, savon pour le corps, essuie-tout, nettoyants pour la maison… Tout est élaboré à partir de produits peu onéreux et facilement accessibles. Un incontournable pour Mme Courchesne? Le vinaigre. «C’est rassurant de connaitre exactement ce qu’il y a dans tous les produits ménagers, et de savoir que j’ai le contrôle sur ce qui se trouve dans ma maison», affirme celle qui donne des cours au Domaine Coquelicot depuis 2013.

Ils ont commencé à élaborer leurs recettes en 2011, alors qu’ils vivaient encore sur le territoire de la Ville de Drummondville. «On n’avait aucune idée de ce qu’on faisait, s’exclame-t-elle avec un éclat de rire. On a fait beaucoup d’essais-erreurs, et on a fini par avoir la piqûre. Tous nos produits sont <@Ri>gossés<@$p> à la main.» Toutefois, comme il y a mille façons de concocter une sauce à spaghetti, il y a mille façons d’élaborer sur des produits ménagers faits maison. Il s’agit simplement de trouver la recette qui convient le mieux.

Le produit qu’elle conseille le plus aux novices est le savon à linge, puisque la recette est simple et donne des résultats rapidement. Elle souligne d’ailleurs qu’une quantité de savon à linge artisanal suffisante pour un an coûtera environ 4 $, comparativement à 150 $ en moyenne pour du savon vendu en magasin. «Grosso modo, j’estime économiser de 25 % à 50 % de l’argent que je prends pour faire mon épicerie pour une année. L’inflation, je ne l’ai pas sentie du tout», dévoile Julie Courchesne.

Le jardinage, une alternative intéressante à l’épicerie

Le jardinage, dans un contexte où la hausse du prix des aliments risque de passer le cap du 4 % en 2016, croît en popularité. Pour René Proulx, un Drummondvillois passionné de jardinage depuis des années, cultiver ses propres légumes est gagnant à tous les points de vue. «C’est beaucoup plus naturel et économique, en plus d’être meilleur au goût. Mes tomates, je les croque comme des pommes», détaille l’homme avec un sourire.

«Mon sachet de semences, qui équivaut à 12 plants, me coûte 7 $. Cette année, ça produit en fou et je devrais être capable d’avoir une centaine de tomates à la fin de l’été», estime M. Proulx. Puisqu’il congèle tout ce qu’il n’a pas pu manger pendant l’été, les tomates de son jardin lui suffiront jusqu’en mars de l’an prochain. Tout ce qui pousse sur son terrain est biologique, des semences aux engrais, en passant par les chasses-bestioles.

Toutefois, il faut du temps et de la volonté pour s’occuper d’un jardin, les légumes ne poussant évidemment par sur commande.

Sinon, le cannage reste une bonne option pour conserver les légumes à long terme. Les possibilités sont nombreuses et très inspirées des décennies précédentes : ketchup, relish, tomates en dés, cornichons… Des magazines comme Ricardo remettent d’ailleurs les conserves faites maison au goût du jour.

Un engouement qui ne faiblit pas

Est-ce que le terme autosuffisance dégage une mauvaise impression? «De moins en moins, croit Julie Courchesne. Au début, les gens étaient surpris de voir que j’avais l’air normal! C’est en train de se démarginaliser tranquillement.»

Elle ajoute que leurs cours ont énormément de succès : aux dernières portes ouvertes, le Domaine Coquelicot a accueilli près de 450 visiteurs avides de connaissances. «Les gens viennent tous nous voir pour des raisons différentes : ils participent pour leur santé, pour économiser, pour éviter la surconsommation, pour sauver la planète… Ce que nous proposons, c’est un kit de départ.»

René Proulx croit également que ce retour aux sources est nécessaire. «Les gens vont agir s’il faut qu’il paient davantage. Vu que la plupart des produits frais que nous avons sur les tablettes des épiceries viennent des États-Unis et du Mexique, le coût des courses peut varier énormément en peu de temps. Si on peut faire ça nous-mêmes, c’est avantageux.»

 

 

 

 

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