Les médiateurs citoyens à l’écoute des autres

Les médiateurs citoyens à l’écoute des autres
Marie-France Veilleux est médiatrice bénévole depuis deux ans.

BÉNÉVOLAT. Enseignante retraitée, Marie-France Veilleux a choisi de donner de son temps et de son énergie, tout en voulant garder contact avec son milieu, à la médiation bénévole qu’elle exerce auprès de l’organisme à but non lucratif (OBNL) Commun accord à Drummondville.

Mme Veilleux fait partie des neuf médiateurs bénévoles chez Commun accord. L’an dernier, ils ont reçu 72 appels pour prendre des dossiers. Il s’agit d’une augmentation de 18 % par rapport à 2014-2015. «Les citoyens font référence à nous lorsqu’ils sont pris avec des conflits. Ils viennent avant de prendre des mesures plus judiciaires. Ils vont tenter de régler le conflit avec notre aide», explique Marie-France Veilleux, qui a enseigné dans les écoles de la ville pendant 35 ans. Elle a d’ailleurs connu l’OBNL dans l’une de ses classes.

Commun accord lance une médiation à la demande d’un citoyen, souvent la personne qui se sent lésée dans un conflit. Une équipe de deux médiateurs rencontre les deux parties du conflit pour ensuite analyser s’ils peuvent s’en charger. «Il faut travailler beaucoup sur le lien avec ces personnes, une personne à la fois. Il faut arriver à ce qu’elle nous fasse confiance avant même qu’on passe à la médiation comme telle, expose Mme Veilleux avec de nombreux mouvements de ses mains. Il ne faut pas précipiter les rencontres. Aller comme ça, c’est aller à l’échec, parce qu’on met trop de pression.» Les médiateurs citoyens doivent accompagner sans jugements.

Les médiateurs bénévoles peuvent traiter plusieurs types de dossiers, surtout civils, comme des chicanes de clôtures, des accidents ou des cas de santé mentale. Les dossiers de garde des enfants, de séparation de biens ou encore de pension alimentaire ne sont pas de l’apanage des médiateurs bénévoles.

Les deux parties, sous la supervision des médiatrices, tentent par la suite de s’entendre. À aucun moment, elles ne peuvent proposer des solutions. «Là où l’aidante naturelle va beaucoup parler, suggérer, la médiatrice citoyenne ne le fait pas. Il faut que les personnes reprennent ce rôle-là, affirme Marie-France-Veilleux, qui a de l’expérience dans l’aide psychologique. Des fois, j’avais envie d’offrir des solutions et je ne pouvais pas parce que les personnes sont responsables de cette partie-là de leur médiation. Ça leur appartient.» Mme Veilleux et sa collègue ont été en mesure de compléter une médiation citoyenne. «Le fait de venir en médiation, même si on ne fait rien, il y a des fois où ça suffit. Ça permet aux personnes de prendre conscience du problème et de le régler. (…) On est satisfaits quand on peut mener une médiation au bout et que les deux parties sont contentes, mais ça ne se passe pas toujours comme ça.»

Une formation adéquate

Les défis sont nombreux pour les médiateurs bénévoles, qui peuvent exercer après six rencontres de formation. Des formations mensuelles leur sont offertes pour perfectionner leurs interventions. La journée des médiateurs bénévoles, dont la neuvième édition se déroulait le 30 avril au cégep de Drummondville, contribue également à leur apprentissage.

Lunettes bourgogne au nez, Marie-France Veilleux a d’ailleurs dû apprendre à évacuer le préjugé favorable qu’elle avait envers la partie qui la contactait. «Pour moi, la partie A (la demanderesse), c’était la personne qui avait raison. (…) Avant que je distingue tout ça, avant que je puisse me faire une idée sans jugement, ç’a pris quelques médiations pour ça», raconte-t-elle d’une voix douce. Les médiateurs bénévoles de Commun accord, un organisme de justice alternative, travaillent en étroite collaboration avec les organismes communautaires de Drummondville.

Selon Mme Veilleux, les médiateurs citoyens auront des défis intéressants dans les prochaines années avec l’arrivée de nombreux immigrants dans la ville. L’organisation devra développer la médiation interculturelle.

Les médiateurs citoyens ont également un devoir de confidentialité.

Changement de réflexes

Le nouveau Code de procédure civile, entré en vigueur le 1er janvier, privilégie la prévention des règlements et des différends par la médiation notamment. «Le réflexe d’aller en cour pour résoudre un conflit est encore très présent : "Je suis brimé. Je vais voir mon avocat"», indique Marie-France Veilleux, qui parle d’expérience. Ce qui a de bon, par contre, c’est que le réflexe d’appeler la police est encore là et ils nous réfèrent beaucoup de cas en médiation.» Le tiers des dossiers pris en charge par l’organisme proviennent de la police. Plus de 230 médiateurs bénévoles sont formés à travers le Québec.

Cartable de formation à la main, Mme Veilleux indique, tout en replaçant son écharpe noire, qu’il ne faut pas être avocat, ni psychologue pour faire ce bénévolat. Malgré l’agressivité de certaines personnes, elle adore travailler avec les gens. «C’est stimulant et c’est valorisant de collaborer à plus de bonheur, à plus d’harmonie. Les personnes se gâchent la vie, ne veulent plus se rencontrer. Et quand on réussit à faire en sorte que ces personnes vont se reparler et éventuellement de retisser des liens, ça, c’est le succès total.»

Quelques statistiques

2015-2016

Appels pour prise de dossier : 72

Dossiers pris en charge : 22

2014-2015

Appels pour prise de dossier : 59

Dossiers pris en charge : 17

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