Pékin 2022 : le rêve fou de William Dion

Pékin 2022 : le rêve fou de William Dion
William Dion en pleine action au championnat canadien junior de 2008. (Photo TC Media – archives)

CURLING. William Dion n’a jamais eu peur de viser haut. Le Drummondvillois de 27 ans se lance à fond dans le curling, ce sport qu’il avait délaissé ces dernières années afin de mieux se concentrer sur le football. Son rêve le plus fou : représenter le Canada aux Jeux olympiques d’hiver de 2022, à Pékin.

Sept ans après avoir gagné le championnat canadien junior de curling, puis avoir décroché une médaille de bronze au championnat mondial disputé en Suède, Dion revient à ses premières amours. Au cours des dernières années, le polyvalent athlète s’est davantage fait connaître comme botteur de précision, établissant d’ailleurs un record canadien durant son stage à l’Université de Sherbrooke. Après un bref passage dans l’organisation des Alouettes et des essais infructueux ailleurs dans la Ligue canadienne de football, Dion a mis une croix sur son rêve de percer les rangs professionnels.

«Après le championnat du monde de 2008, la transition entre ma carrière junior et senior a été difficile. Comme je me concentrais surtout sur le football, j’avais moins de temps à consacrer au curling. Mais dans les faits, mon plan a toujours été de revenir au curling un jour. C’est un sport où on peut continuer à performer jusqu’à l’âge de 50 ans», a exprimé Dion, qui estime que ses années de botteur au football l’ont aidé à devenir un meilleur capitaine au curling et vice-versa.

«Ce sont deux positions très similaires. Il faut savoir gérer la pression et avoir la capacité à mettre les autres en confiance. Dans les deux cas, toute la pression repose sur toi. Un seul placement peut te faire gagner une partie au football, comme le lancer d’une seule pierre au curling. Pendant que les gens crient autour de toi, tu dois apprendre à faire le vide dans ton esprit», a-t-il témoigné.

Un quatuor de mordus

En compagnie de son complice de longue date, le Drummondvillois Miguel Bernard, qui a également pris une pause du curling durant quelques années, Dion a réuni une nouvelle équipe au cours des dernières semaines. Dion en sera le capitaine tandis que Bernard agira en tant que deuxième lanceur.

«J’ai joué avec Miguel toute ma vie. On a connu du succès ensemble jusqu’au championnat mondial de 2008. C’est l’un des très bons balayeurs au Québec. Sa grande force, c’est son calme. C’est un gars qui ne connaît pas le stress», a partagé Dion.

Pour compléter leur quatuor, les deux athlètes de 27 ans se sont entourés de deux espoirs de premier plan sur la scène du curling canadien. Le Montréalais de 20 ans Félix Asselin agira en tant que troisième, tandis que Jason Olsthoorn, 22 ans, de Beloeil, sera le premier lanceur de l’équipe Dion.

«On recherchait deux choses. Premièrement, un engagement ferme de sept ans. Deuxièmement, des gars qui ont gagné, qui ont performé dans des moments importants comme au championnat canadien», a expliqué Dion.

«Félix, c’est le meilleur joueur qui est sorti du junior depuis longtemps. Au cours des dernières années, il a très bien performé comme capitaine au championnat canadien. C’est un gars qui excelle chaque fois qu’il doit exécuter un lancer important. C’est un vrai mordu. Du curling, il en mange», a raconté le capitaine.

«Quant à Jason, je le connais moins bien, mais je sais qu’il est très motivé et dédié envers son sport. C’est un très bon balayeur qui a fait partie de l’équipe d’étoiles au championnat canadien junior.»

Un long processus

Collectivement, les membres de l’équipe Dion ne visent rien de moins qu’une participation aux Jeux olympiques de 2022. «Depuis le championnat du monde de 2008, les Jeux olympiques ont toujours été dans ma soupe. Je voulais trouver quelque chose pour m’accomplir. Tout le reste découle de ce grand rêve», a confié celui qui détient un baccalauréat en histoire et qui se dirige vers une carrière en enseignement.

«Nos chances d’y arriver sont-elles fortes? Je ne sais pas. Il faut être un peu fou pour y croire. Il faut organiser notre vie autour de ce but. On va d’ailleurs déménager à Montréal pour s’entraîner. Une chose est sûre, il y a beaucoup d’efforts et de défaites devant nous avant d’arriver aux Olympiques. On est seulement au début de l’aventure.»

Pour participer au World Curling Tour et éventuellement aux sélections olympiques, l’équipe Dion devra commencer au bas de l’échelle. Elle se prépare ainsi à participer à des tournois provinciaux sur invitation cette saison en vue de se qualifier pour le championnat canadien, le fameux Brier.

«Notre but est de gagner le Brier d’ici trois ans. Les autres équipes vont sourire en lisant ça, mais ça va se jouer sur la glace. L’équipe de Jean-Michel Ménard, qui domine la scène provinciale depuis une décennie, sera difficile à battre. C’est d’ailleurs la seule équipe québécoise à avoir participé aux essais olympiques en vue de Sotchi», a souligné Dion.

À cet égard, les succès internationaux remportés par Dion et Bernard en 2008 constituent une source d’encouragement. «À l’époque, on avait formé notre équipe sur le tard, mais ça avait cliqué vite. On avait participé à seulement quelques tournois avant de gagner le championnat canadien. Quand la chimie embarque, ça peut donner de bons résultats.»

Le curling dans le sang…

– Issu d’une famille de grands sportifs, William Dion a été initié au curling par sa mère et son beau-père. «J’habite à deux minutes du Club Celanese. C’est un peu là où j’ai grandi et j’ai rapidement adopté ce sport.»

– Aux derniers Jeux du Québec, Dion et Bernard ont agi en tant que responsables des compétitions de curling, qui se déroulaient à l’aréna de Saint-Cyrille. «On est sortis de là exténués, mais ça en valait la peine. Depuis ma première expérience comme athlète (Rimouski, 2001), j’ai toujours été très attaché aux Jeux du Québec. J’ai ensuite été missionnaire et entraîneur pour le Centre-du-Québec. À mes deuxièmes Jeux (Donnacona, 2003), j’étais porte-drapeau. Notre équipe était favorite, mais on avait fini huitième. C’est pourquoi cette année, j’ai dit aux jeunes de ne pas abandonner, peu importe leurs résultats.»

– William Dion a pris sa décision de former une nouvelle équipe de curling à son retour d’un voyage en Asie. «J’avais besoin de décrocher. J’avais déjà décidé de me remettre au curling, mais je voulais voir si c’était vraiment ça que je voulais. Je suis revenu ici plus convaincu que jamais.»

– En marge de son grand projet, William Dion lance une académie de perfectionnement qui portera son nom. «Ce sera un mélange de curling, de football et de "team building". Je vais proposer une introduction au curling, un sport qui doit combattre plusieurs préjugés. Je vais aussi offrir une conférence sur mon expérience d’athlète.»

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