Les eaux usées, comme «sources» de renseignements criminels

Les eaux usées, comme «sources» de renseignements criminels
Le prof André Lajeunesse (à droite) et son assistant

. La criminalistique pourrait s’enrichir d’un nouvel outil d’enquête sur la consommation de drogues illicites. C’est l’un des objectifs que poursuit le chimiste analytique, le chercheur André Lajeunesse, prof à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Avec son spectromètre de masse, il est à mettre au point une méthode lui permettant de détecter des traces d’utilisation de drogues… dans les eaux usées.

Sa recherche a fait l’objet d’un article intitulé «Consommation de drogues : si les eaux usées municipales pouvaient parler…» dans le récent bulletin Entête de l’UQTR et signé par Françoise Descôteaux.

On y explique qu’un consommateur de drogue en élimine une partie dans son urine ou ses selles… et que des traces subsistent dans les eaux usées, résistant même aux traitements d’assainissement.

Partant d’un échantillon d’eau traitée, le chercheur a mis au point des moyens d’extraire les traces de drogues, de les identifier et, par calculs, quantifier la consommation de drogues illicites dans une population donnée.

La recherche porte sur la cocaïne, l’ecstasy et le fentanyl. «Et on pourrait parvenir à identifier un nouveau type de drogue vendue sur le marché noir et, avec le concours de l’Institut national de santé publique par exemple, faire de la prévention», précise le prof Lajeunesse.

Ses travaux peuvent ainsi servir les fins de la criminologie, nous renseignant par exemple sur ce qui se consomme comme drogue illicite dans une ville. «C’est une question de santé, de sécurité et de prévention.»

La recherche pourrait par ailleurs servir la criminalistique, l’analyse s’ajoutant aux outils dont disposent les enquêteurs pour étayer ou conforter leurs investigations. «Nous n’avons pas de baguette magique, nous ne sommes pas devins, mais les analyses menées dans des points chauds pourraient confirmer certains de leurs renseignements et alimenter les banques de données.»

Le chercheur donne l’exemple d’échantillons qu’on pourrait prélever dans des collecteurs municipaux d’un secteur, dans des fosses septiques, en bordure de certains lacs. Plus on se rapproche de la source, explique encore le chimiste, plus les résultats sont éclairants.

À la toute veille d’obtenir son baccalauréat en chimie avec profil criminalistique, l’étudiant Nicolas Gilbert travaille à ce projet de recherche avec le docteur en chimie analytique. C’est d’ailleurs le jeune homme, originaire du Lac-Saint-Jean, qui s’est chargé d’aller présenter les prémisses de cette recherche à un colloque américain à Tampa Bay.

Le prof Lajeunesse s’attend à pouvoir livrer les résultats de leurs travaux dans un article scientifique d’ici un an. Il a pour ainsi dire développé son projet dans la foulée de travaux amorcés il y a quelques années par le chercheur ontarien Metcalfe… dans un tout autre champ d’intérêt.

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