Ovelus Demers a fêté ses 100 ans deux fois plutôt qu’une

Par Gerard Martin
Ovelus Demers a fêté ses 100 ans deux fois plutôt qu’une

DRUMMONDVILLE. Personne ne pourra reprocher à Ovelus Demers d’avoir boudé son 100e anniversaire de naissance car c’est deux fois plutôt qu’une que le jovial personnage a célébré l’heureux événement avec ses proches, le 3 octobre dernier, dans deux restaurants différents.

Il faut dire que celui qui est veuf depuis 1986 compte une bonne progéniture, lui qui est père de 12 enfants tous vivants, de 31 petits-enfants, de 54 arrière-petits-enfants (un 55e est en route) et de 30 arrière-arrière-petits-enfants.

Comme plusieurs de ses descendants résident dans la région et qu’il est toujours une figure populaire et une fierté pour les siens, M. Demers ne voulait donc décevoir personne en ce grand jour.

Grâce à la complicité de Lise, l’une de ses filles avec laquelle le Drummondvillois partage le loyer, il a été possible d’organiser deux tablées pour ainsi dire.

C’est ainsi que M. Demers est d’abord allé dîner à la Cité Grecque avec une cinquantaine de ses proches, lesquels n’ont pas manqué de lui témoigner toute leur admiration et leur amour.

Après un petit roupillon en après-midi, le nouveau centenaire a accepté de remettre son bel habit du dimanche pour un souper cette fois à la Casa Grecque en compagnie d’une vingtaine d’autres descendants et amis.

Ovelus s’est même fait un malin plaisir de taquiner ses hôtes en leur faisant remarquer que son repas ne lui coûterait par un sou puisque la politique de la maison est d’offrir un rabais de 1% sur la facture pour chaque tranche d’année de vie.

Lise n’est guère surprise de cette remarque car le paternel a toujours attaché une importance aux prix.

Elle nous confie que l’émission préférée de M. Demers est encore «The Price is right» et qu’il est particulièrement doué pour établir le montant de la mise.

Ce coup de coeur pour cette émission lui permet en même temps de conserver son oreille pour la langue anglaise dont il a appris les rudiments lors de quelques années de vie en bas âge au pays de l’Oncle Sam.

Malgré ses 100 ans, Ovelus Demers demeure un homme curieux, dans le bon sens du terme, si bien qu’il lit encore son journal chaque jour et s’intéresse à ce qui se passe dans sa ville et bien au-delà.

Il est un adepte des sports télévisés et il lui arrive même de se coucher assez tard pour écouter la fin d’une partie de baseball ou de hockey.

Politique municipale

Plusieurs se souviendront d’ailleurs du citoyen Ovelus Demers, voilà quelques années encore, alors qu’il assistait régulièrement aux séances du conseil municipal de Drummondville où il ne manquait jamais l’occasion d’y prendre la parole.

Ses interventions étaient toujours bien préparées et livrées avec la prestance quasi théâtrale des politiciens de son époque.

Il faut dire que M. Demers a lui-même été échevin à la défunte ville de Drummondville-Sud durant une dizaine d’années, de janvier 1957 jusqu’à la fin de 1967.

Durant sa vie active, il a consacré plusieurs heures par semaine pour améliorer le sort de sa communauté dont une quarantaine d’années auprès de la Caisse populaire Saint-Philippe à la commission de surveillance.

Même s’il est né à Notre-Dame-du-Bon-Conseil sur une partie du territoire appelée Carmel à l’époque et qu’il a suivi ses parents à Sainte-Perpétue, puis dans Lotbinière, avant un exil de sept ans (novembre 1928 à septembre 1935) aux États-Unis, à Enosburg, Ovelus Demers a passé la grande majorité de sa vie dans l’ancienne municipalité de Drummondville-Sud, aujourd’hui fusionnée à Drummondville.

C’est d’ailleurs en 1935, en mai, qu’il prend épouse en Florianna Jutras, qui était de quatre ans son aînée, lors d’un mariage célébré en l’église Saint-Frédéric.

Après quelques mois de vie commune aux États-Unis, les deux tourtereaux sont de retour à Drummondville-Sud en novembre et y vivront heureux sur la 117e Avenue jusqu’en 1986, soit jusqu’au décès de Florianna.

Entretemps cependant, 12 enfants sont nés et ont contribué au bonheur du couple.

Si durant sa jeunesse, Ovelus a surtout aidé son père aux travaux de la terre, puis comme aide à la boucherie et à la boulangerie, c’est surtout le travail de cadre en usine qui marquera sa vie professionnelle.

Il a, entre autres, travaillé à l’usine Holtite, puis à la Cat’s Paw achetée plus tard par la Biltrite Rubber.

M. Demers a agi durant de nombreuses années comme contremaître avant de devenir gérant du personnel.

Il prend une retraite bien méritée en avril 1977.

Un homme comblé

Même s’il bénéficie de l’assistance quotidienne de sa fille et qu’il profite des soins du CLSC, le nouveau centenaire est relativement en forme, même s’il a effectué récemment deux courts séjours à l’hôpital pour des problèmes liés à la vésicule biliaire. Bonne fourchette et très sociable, M. Demers aime toujours les sorties au restaurant avec sa fille et ses proches.

Jusqu’il y a deux ou trois ans encore, il conduisait sa voiture.

Il a conservé précieusement son dernier permis de conduire en souvenir.

Ovelus Demers possède une excellente mémoire.

Il peut encore donner le nom de ses enseignants et enseignantes tant à l’école Saint-Joseph, au juvénat de Sainte-Anne-de-Beaupré qu’au collège américain d’Enosburg.

Très religieux, Ovelus assiste régulièrement à la messe du dimanche à l’église Christ-Roi, et ce, depuis la fermeture et la vente de l’église Saint-Philippe qui a été transformée en resto-bar.

D’ailleurs, c’est un sujet dont il vaut mieux éviter de parler avec M. Demers car c’est lui qui avait généreusement cédé le terrain à l’époque à la fabrique pour des fins de culte.

Issu lui-même d’une famille de 10 enfants, Ovelus est le seul survivant du groupe avec Jacques, son plus jeune frère.

Il se sait néanmoins un homme comblé avec ses 127 descendants et leurs conjoints et conjointes, qui ne manquent jamais de lui exprimer leurs meilleurs sentiments.

Le contraire est aussi vrai car le plus grand rêve d’Ovelus serait de gagner un gros lot à la Lotto pour mieux le redistribuer à travers les membres de sa progéniture.

Ceux-ci sont unanimes à dire cependant que le gros lot, ils l’ont déjà en ce sympathique aïeul qu’ils souhaitent conserver encore longtemps aussi heureux, lucide et en santé.

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