Des photos et des enregistrements chocs

Des photos et des enregistrements chocs

DRUMMONDVILLE. Le premier jour du procès impliquant la mort de Chantal Lavigne, décédée à la suite d’une expérience de sudation extrême le 29 juillet 2011, a permis d’entendre des enregistrements évocateurs. De multiples photos ont également illustré en détail la scène où s’est déroulé le drame.

Des policiers et enquêteurs de la Sûreté du Québec ont été appelés à la barre des témoins, où ils ont été invités à présenter à la juge Hélène Fabi diverses pièces à conviction saisies sur les lieux du crime, situés au 253, 10e rang à Durham-Sud.

Il est notamment question d’un porte-document, d’une enregistreuse, de boîtes de carton (voire caisses de bières vides) que les participants se mettaient sur la tête ainsi que des draps et couvertures avec lesquels ils se couvraient.

Appel à la ligne Info-Santé

Le Tribunal a été informé d’un premier appel, dont il a été impossible d’identifier l’auteure, effectué à la ligne Info-Santé 811, un peu dépassé minuit, le 29 juillet 2011. L’enregistrement de l’entretien téléphonique, que les membres présents dans la salle d’audience ont pu entendre, révèle qu’une participante cherchait à savoir ce qu’elle devait faire pour soigner une personne aux prises avec des symptômes d’hypoglycémie.

Une participante répétait sans cesse les mots "sucre", si bien que ses pairs lui ont donné du jus pendant une quinzaine de minutes… sans grands résultats, sinon que "son regard était moins perdu", a admis la femme au bout du fil. Alertée par le fait que la malade ne répondait pas, et que personne ne pouvait affirmer si elle était diabétique ou non, l’infirmière a aussitôt suggéré à son interlocutrice de raccrocher le téléphone et de composer le 911.

Deux appels 911

Celle qui dirigeait l’atelier, la psychothérapeute Gabrielle Fréchette, a sitôt effectué deux appels au 911, qui ont été transférés directement aux services ambulanciers. Échappant quelques rires, elle a d’abord exposé la situation, à l’effet que deux personnes s’étant couvertes après un bain de boue étaient parties dans les "vappes". Elle a dû demander l’adresse et le numéro de téléphone d’où elle se trouvait avant d’en informer les premiers répondants.

Une dizaine de minutes plus tard, Mme Fréchette a rappelé. Avec un ton plus sérieux, cette fois, elle a communiqué un changement concernant l’état de santé d’une des leurs, indiquant qu’elle était désormais "blême, blême, blême".

Momification

Deux autres enregistrements ont été entendus. Le premier expliquait l’expérience de sudation à laquelle se prêtaient les volontaires, d’abord invités à se couvrir de boue. Par la suite, Ginette Duclos et Gérald Fontaine étaient chargés de les couvrir de plastique et de couvertures, jusqu’au cou. "Vous les momifierez", a spécifié Mme Fréchette, qui communiquait les consignes. L’exercice devait durer entre 10 et 14 heures de "temps terrestre". "Nous ajusterons le tout au fur et à mesure. Rien n’est défini", a-t-elle laissé tomber.

Par la suite, un autre enregistrement de 42 minutes, cette fois, permettait d’entendre Mme Fréchette exprimer d’un ton solennel, voire théâtral, des propos quelque peu répétitifs.

"Vous portez en votre cœur l’amour de la vie. Vous vous libérez vers le ciel, vers la terre", clamait-elle haut et fort. La dame parlait de corps émotionnel, physique, mental et éthérique. Parfois même de canal…

"Vous confiez votre corps à la vie, à l’amour. Vous renoncez à le contrôler, aux moults sensations. Vous dépassez cette phase. Vous êtes plus grand que votre corps", martelait-elle.

Plus tard, Mme Fréchette ajoutait : "L’heure est venue de mourir à votre perception de votre vie sur terre, mourir à ce corps que vous croyez être le vôtre. Mourir à tout ce que vous croyez avoir accumulé".

C’est avec émotion que plusieurs proches de Chantal Lavigne, présents à cette première journée du procès, ont pris connaissance des détails entourant les événements précédant le décès de la victime.

Les accusées Ginette Duclos et Gabrielle Fréchette semblaient également ébranlées par ces procédures judiciaires. Ces femmes, ainsi que Gérald Fontaine, font face à des accusations de négligence criminelle ayant causé la mort de Chantal Lavigne et des blessures à une autre personne. 

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L’Express suivra au quotidien ce procès, qui se poursuivra mercredi et les jours suivants au Palais de justice de Drummondville.

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