J’arrose (parfois) mon asphalte. En écrivant ces mots, j’entends déjà des cris d’indignation. Évidemment, il existe une alternative, le balai, qui est par contre moins efficace dans certains cas. Et évidemment, je comprends l’importance du règlement municipal sur l’utilisation de l’eau potable. Indirectement, ses objectifs visent l’étalement de l’utilisation de l’eau afin d’éviter des consommations de pointe qui correspondraient à la capacité maximale de nos infrastructures. Ses objectifs visent également à favoriser une consommation responsable et une utilisation plus efficace de l’eau.
En effet, l’eau est une ressource inépuisable, mais nos réservoirs ne le sont pas. Il suffit simplement de comprendre le cycle naturel de l’eau pour s’en convaincre.
Ainsi, on comprend que l’arroseur sporadique d’asphalte, prit isolément, ne commet aucun acte criminel, ne coûte rien et ne gaspille rien. L’eau qu’il utilise ne sera pas éternellement perdue dans les antres de la terre, privant ainsi d’autres personnes de cette même quantité d’eau. Elle ne disparaît pas comme disparaît une bûche dans le poêle.
La problématique de cette histoire tourne autour des infrastructures et du coût de ces infrastructures. Elle ne tourne pas autour de l’eau elle-même. Le gouvernement le comprend et a élaboré sa Stratégie québécoise d’économie d’eau potable. Il est prévu que son aide financière au renouvellement des infrastructures de l’eau des municipalités sera liée à l’atteinte de cibles visant principalement à réduire le taux énorme de «pertes» et de fuites de leur réseau de distribution d’eau. Cela épargnera ainsi un surdimensionnement inutile des équipements. Le principal «gaspillage» est là. Il est souterrain et invisible.
Bientôt, devront-ils également se rendre invisibles ceux qui lavent leur voiture, à l’abri du regard ahuri de ceux qui croient encore aux antres de la terre? Évidemment, il existe une alternative, le Sanzo ou le Dry Shine vendu chez Canadian Tire.
René Gosselin, Drummondville
