La boulangère veut partager sa flamme

Par Jessica Ebacher
La boulangère veut partager sa flamme

SAINT-MAJORIQUE. Autour du nouveau four à pain ancestral de la Sainte-Boulange, les gens pourront redécouvrir les joies et rudiments de la cuisson d’antan. Aménagé dans la cour arrière de l’ancien presbytère, cette construction d’argile et de paille est fin prête à dorer la pâte fraîchement pétrie par Marie-Anne Tessier et ses apprentis boulangers.

En organisant divers ateliers, la boulangère de Saint-Majorique et son conjoint, Christian Leclair, souhaitent faire renaître l’intérêt pour les fours à pains d’antan, si importants avant l’industrialisation et tant délaissés aujourd’hui.

Lors des Journées de la culture, qui auront lieu du 26 au 28 septembre, les visiteurs auront droit à des démonstrations, à des explications et à de l’animation autour du four. Ils y entendront de vieilles anecdotes et croyances entourant le pain et en apprendront sur son importance dans la vie d’autrefois ainsi que sur le métier de boulanger. Marie-Anne Tessier souhaite également ajouter le volet de la cuisson dans un four à pain à ses ateliers gourmands déjà offerts aux gens, sur réservation. Ces notions ne sont pas étrangères pour cette artiste du pain puisqu’elle donne des cours sur le sujet à l’École des métiers et traditions depuis cinq ans.

«On veut faire redécouvrir la méthode. Les gens savent à quoi ça sert, mais ils ne savent pas comment s’en servir», observe Christian Leclair. L’enseignant prend plaisir à assister sa femme et n’a pas besoin de se faire prier pour allumer le feu.

Vers 1880-1900, avant l’industrialisation, la majorité des familles du Québec possédait son propre four à pain à l’extérieur. Celui-ci était au centre de leur alimentation, particulièrement l’hiver, alors que les denrées se faisaient plus rares.

En Europe, les maisons étant plus rapprochées, le propriétaire d’un four à pain au village invitait régulièrement ceux qui n’en possédaient pas à apporter leur pâte et à la cuire. C’est cette ambiance de rassemblement que le couple souhaite recréer. «Le pain est très rassembleur en soi. C’est familial», indique Marie-Anne Tessier.

Le four est fonctionnel depuis la mi-juillet. L’artisan Jean Laberge, reconnu au Québec dans le domaine, leur a donné un bon coup de main en partageant ses connaissances, notamment quant aux dimensions à respecter.

«C’était important pour nous de le faire nous-mêmes en grande partie», note cependant Marie-Anne Tessier.

Une fois que la dalle de béton a été prête, la famille et les amis ont procédé au façonnage de la voûte. Pour y arriver, les gens se sont amusés à piétiner l’argile dans un grand récipient. Plus de quatre heures et 300 photos plus tard, le four était terminé.

Fonctionnement

Le four à pain nécessite quelques heures de préchauffage, le temps que la chaleur s’emmagasine dans l’argile. Une fois que la température idéale est atteinte et que le pain est prêt à être enfourné, la braise est retirée ou poussée au fond du four.

Les températures sont évaluées sans thermomètre. De petits trucs sont utilisées pour déterminer si le four est assez chaud ou non. Par exemple, si une feuille de papier déposée sur la sole (la surface de cuisson) s’enflamme, c’est trop chaud. Si elle brunit sans flamber, c’est bon signe.

Le four conserve la chaleur plusieurs heures. À l’époque, après la cuisson du pain, les familles y mettaient une chaudronnée de fèves au lard ou une grosse pièce de viande, qui pouvaient cuire toute la nuit. Christian Leclair a d’ailleurs bien hâte d’en faire l’expérimentation…

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