Fin de contrat sur une fausse note

Par Jessica Ebacher
Fin de contrat sur une fausse note
Le directeur artistique et chef d’orchestre de l'OSD

CONFLIT – Une mésentente entre l’Orchestre symphonique de Drummondville (OSD) et le chef sortant, Pierre Simard, crée des remous au sein de l’organisme.

L’un des litiges concerne la direction artistique du Grand Bal, qui avait lieu le 3 mai. L’OSD souhaitait que le successeur de M. Simard dirige les musiciens alors que de dernier tenait à assumer cette fonction.

Dans un jugement rendu le 1er mai, soit deux jours avant le Grand Bal, la Cour supérieure a ordonné à l’OSD de permettre à Pierre Simard d’assurer la direction artistique et musicale de l’événement et de lui remettre la programmation au plus tard le lendemain afin qu’il puisse accomplir cette tâche.

Plus tôt dans l’année, l’OSD avait demandé à M. Simard de céder sa place en lui proposant de lui remettre le cachet prévu, soit 2000 $; montant qui figure dans les documents juridiques dont L’Express a obtenue copie.

Selon le directeur administratif de l’OSD, Jean Larocque, il était tout à fait normal que le prochain chef dirige le dernier concert de la saison. «Ça fait partie des mœurs des orchestres symphoniques au Canada.»

«C’était normal que l’Orchestre respecte les termes de mon contrat», affirme de son côté Pierre Simard. Dans sa requête en injonction provisoire, il est indiqué que son contrat comprend le grand bal de l’OSD.

D’après les propos de M. Larocque et les documents juridiques obtenus au palais de justice, la communication entre les deux parties est plutôt mauvaise depuis quelques mois.

Le 18 février, la directrice de l’OSD, Diane Pepin, a informé le chef d’orchestre, par courriel, que sa participation n’était pas requise au Grand Bal. «Ce courriel constituait l’aboutissement d’actions répétées démontrant une volonté d’exclure sans justification le demandeur de l’OSD dans les derniers mois», est écrit dans le document juridique de nature publique. Il est mentionné plus loin que la directrice n’informait plus le demandeur des dates des réunions du conseil d’administration, ni des dates d’activités de levées de fonds.

Au dire de M. Larocque, Pierre Simard ne parle plus à la direction depuis septembre, mis à part pour certaines questions techniques relatives aux concerts. Sa version des faits: «Madame Pépin a continué d’envoyer des courriels à monsieur Simard, et monsieur Simard n’a jamais répondu à madame Pépin. Aucune réponse aux courriels. À un moment donné, elle a arrêté de lui en envoyer.»

Les discussions entamées dans le but de régler le différend à l’amiable se seraient soldées par un échec le 30 avril.

Rappelons que le non-renouvellement du contrat de Pierre Simard a été annoncé à l’automne par l’OSD, qui disait vouloir explorer des «terrains nouveaux». En mars, il avait été question que le dernier concert de Pierre Simard à la direction artistique soit le «Passeport Vienne». Puis, en avril, l’OSD misait sur la présentation en primeur du nouveau chef lors du grand bal pour mousser l’événement. C’est d’ailleurs ce dernier qui aurait façonné le programme du Grand Bal.

Pour l’avenir, Pierre Simard souhaite que l’OSD continue sur sa lancée, qu’elle connaisse une très belle route avec le nouveau directeur artistique, qu’elle rayonne et qu’elle prenne de l’expansion si elle en a la chance. «Je pense que l’Orchestre a énormément progressé. On a fait un travail formidable qui a été reconnu par deux prix cette année, d’ailleurs.»

«Le Grand bal était la dernière occasion pour moi de diriger l’orchestre au complet. Ce fut pour moi la dernière occasion de remercier les musiciens, remercier le public et remercier tous ceux qui ont été autour de l’orchestre et les commanditaires», a commenté Pierre Simard, qui s’est par ailleurs dit heureux et fier du travail accompli par l’Orchestre au cours des six dernières années.

Selon Jean Larocque, la grande majorité des invités du Grand Bal n’ont pas senti l’animosité entre les parties.

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