Isabelle Carrier n’abandonne pas son rêve

Isabelle Carrier n’abandonne pas son rêve

Isabelle Carrier n’est pas du genre à abandonner facilement. Après une absence de plus de deux ans sur la scène compétitive, la patineuse de vitesse drummondvilloise s’apprête à faire un retour parmi l’élite. Son projet, qui permet d’apprécier toute son audace et sa détermination, consiste à s’exiler à Calgary pour s’y entraîner pendant quatre ans dans l’espoir de se classer pour les Jeux olympiques de 2018, à Pyeongchang, en Corée du Sud.

Identifiée comme un talent de premier plan dès son plus jeune âge, championne canadienne sur courte piste en 2009 et gagnante d’une médaille d’argent sur longue piste aux Jeux du Canada en 2011, Isabelle Carrier s’est éloignée de la compétition au cours des deux dernières années. L’ancienne tête d’affiche du prestigieux Club de patinage de vitesse Montréal-International a choisi de faire un retour aux sources en foulant la glace aux côtés des espoirs du Club de Drummondville.

«Après les Jeux du Canada, j’avais besoin de me reposer. Je ne voulais pas nécessairement arrêter, mais simplement me libérer la tête. Depuis l’âge de 11 ans, je m’entraînais à Montréal. Je mettais beaucoup d’efforts dans le patinage sur courte piste, la discipline que je préférais à l’époque, mais les résultats n’étaient pas là. Je n’avais plus de plaisir à patiner», explique-t-elle.

«Je suis retournée m’entraîner à Drummondville, puis j’ai participé à quelques compétitions dans un calibre inférieur, continue Isabelle Carrier. Graduellement, j’ai retrouvé le plaisir de patiner. Ça m’a fait du bien de côtoyer les jeunes. Leur regard sur l’entraînement est tellement différent du mien.»

Reconnue pour son endurance et ses capacités physiques «qui n’ont presque pas de limites» selon ses propres dires, Isabelle Carrier en a également profité pour renouer avec le soccer, un sport où elle a déjà fait partie de l’équipe du Québec. La Drummondvilloise évolue actuellement dans les rangs seniors AAA, au sein du Club de la Vallée-du-Richelieu.

«J’adore courir. Quand il a fallu que choisisse entre ces deux sports d’élite, ça a été un déchirement. J’ai choisi le patin, parce que compte tenu de mon fort caractère, un sport individuel, ça me va mieux. J’ai recommencé le soccer dernièrement, mais plus par amusement que par compétition. Ça a aidé mon moral et ça m’a redonné l’amour du sport», explique celle qui dit s’inspirer de l’entraîneuse américaine Jillian Michaels et du patineur de vitesse montréalais Mathieu Giroux, qui a participé aux Jeux de Vancouver en 2010.

«Je pense que chaque sport est un complément à un autre, poursuit-elle. Au soccer, tu cours beaucoup. Sans t’en rendre compte, tu améliores ton endurance cardiovasculaire, ton jeu de pieds et même ta vision, des aspects importants en patinage de vitesse.»

Durant ce temps d’arrêt, Isabelle Carrier confie avoir travaillé sur certains aspects de sa personnalité.

«J’ai appris que je ne peux pas tout contrôler. Souvent, ça me frustrait de ne pas être totalement en contrôle pendant une course. Sur courte piste, toutes mes énergies allaient là-dessus. Ça affectait mes performances et ça a fini par détruire tout ce que j’avais construit. Ces dernières années, j’ai appris à aimer le patinage sur longue piste, où tu es seule dans ta course. Si quelque chose arrive et que ça vire mal, ça peut juste être de ta faute», raconte-t-elle.

C’est également durant cette période que d’anciens entraîneurs, dont la Montréalaise Annie Sarrat, de Patinage de vitesse Canada, sont intervenus auprès d’Isabelle Carrier. Ces derniers ont insisté pour qu’elle renoue avec la compétition sur la scène élite.

«Annie m’a dit : "Des patineuses comme toi, il doit y en avoir dix au pays. Tu ne peux pas arrêter"», témoigne la jeune femme.

C’est ainsi que son projet de s’établir à Calgary, où est basé le centre d’entraînement national sur l’ovale qui a accueilli les Jeux olympiques de 1988, est revenu sur la table. L’athlète de 21 ans a d’ailleurs déjà atteint les standards de temps requis pour y être acceptée. Sa demande d’admission en kinésiologie à l’Université de Calgary est également déposée. Si tout se déroule comme prévu, Isabelle Carrier s’envolera pour la métropole albertaine au cours des prochaines semaines.

«C’est un projet qui m’a toujours trotté dans la tête. Comme j’ai une tête dure, je tente ma chance aujourd’hui. À Calgary, les conditions sont idéales pour s’entraîner sur longue piste. Le centre d’entraînement national accueille les membres de l’équipe canadienne, ceux de l’équipe de développement et ceux du programme de l’ovale olympique», explique Isabelle Carrier.

«Je n’ai jamais eu d’entraînement technique en longue piste, mais je me débrouillais toujours bien en compétition. En étant dirigée par des entraîneurs de haut niveau, je vais certainement m’améliorer. Mon objectif est de percer l’équipe nationale. Ultimement, je rêve de me qualifier pour les Jeux olympiques. Je sais que ça va demander beaucoup d’efforts, mais je suis prête à faire les sacrifices nécessaires. Ce sera une belle expérience de vie», conclut-elle.

Durant ces quatre années, Isabelle Carrier estime qu’elle aura besoin d’une somme d’environ 20 000 $ pour couvrir les coûts reliés à son entraînement et à ses études. C’est pour cette raison qu’elle est actuellement à la recherche d’entreprises de la région prêtes à l’appuyer dans ses démarches.

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