Marie Harnois a su garder la tête haute

Marie Harnois a su garder la tête haute
Marie Harnois montre l'une de ses sculptures en bronze qui pèse une vingtaine de kilos.

Lors de votre prochain coup de blues, ayez une pensée pour Marie Harnois et votre petite déprime ne devrait pas durer longtemps.

Cette Drummondvilloise, victime de thalidomide, a gardé la tête haute devant le handicap qui l’a affecté à sa naissance. Après avoir développé une passion pour les arts, qui l’a menée à compléter un bac en art à l’Université du Québec à Trois-Rivières, elle vient d’ouvrir un atelier école de sculpture chez elle, au 1380 de la rue Allard dans le secteur Saint-Charles.

«Après plusieurs années d’études, parfois très difficiles pour une personne dans ma condition, l’obtention d’un bac en art démontre qu’il est possible de relever des défis et de réussir, même si au départ, les chances ne sont pas de notre côté. L’ouverture de mon atelier école est l’aboutissement de toutes ces années d’effort et un moment de grande fierté», a-t-elle résumé dans un petit mot qu’elle a fait parvenir à ceux et celles qui étaient ses invités lors de la journée porte ouverte le 29 septembre dernier.

Elle raconte que la thalidomide, un médicament que sa mère a utilisé durant sa grossesse dans les années 60, est responsable d’une malformation à un bras et aux jambes. «Il faut avoir des rêves. C’est ça qui nous tient. J’en ai réalisé plusieurs. Le premier a été de conduire ma voiture, ensuite de me marier et d’avoir des enfants, deux enfants, et plus tard de retourner aux études. Après avoir réussi un DEC en art, j’ai décidé de poursuivre à l’UQTR où je suis allée à temps partiel durant dix ans. J’ai voyagé toute seule matin et soir. J’ai obtenu mon diplôme en 2010. La conciliation études-famille n’a pas été facile mais ça s’est quand même bien déroulé dans l’ensemble. Il y a eu une séparation mais les relations sont restées bonnes».

Marie Harnois ne s’est pas trop d’où lui est venu le goût de la sculpture. «J’ai eu un prof extraordinaire à l’université et je crois que ça vient de là. La passion s’est développée, je l’ai nourrie et, de fil en aiguille, je me suis tenue occupée. Pas le temps de déprimer. Je me suis réservé un grand espace au sous-sol. Pour moi, la sculpture a été un art thérapie. Ça m’a permis de m’évader. Toutes nos émotions passent là-dedans. Les œuvres, vous savez, parlent beaucoup», donne-t-elle à entendre.

Et donc, à compter du 9 octobre, Marie Harnois commencera à donner des cours à un groupe de quatre personnes. Elle travaille avec l’argile avec finition acrylique.

Un mot en terminant sur le thalidomide: il s’agit d’un médicament utilisé durant les années 1950 et 1960 comme sédatif et anti-nauséeux, notamment chez les femmes enceintes. Or, on découvrit qu’il provoquait de graves malformations congénitales. D’abord occultés ou niés par le fabricant, Chemie Grünenthal, ces effets tératogènes furent au cœur d’un scandale sanitaire qui aboutit au retrait du médicament du marché mondial à partir de 1961. Aujourd’hui, le thalidomide est de nouveau utilisé de façon contrôlée pour ses propriétés immunomodulatrices et antitumorales.

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