Faire d’une pierre trois coups en s’offrant une visite guidée de l’église Saint-Cyrille

Par Gerard Martin
Faire d’une pierre trois coups en s’offrant une visite guidée de l’église Saint-Cyrille

Qu’est ce qui ne coûte rien, qui est à dix minutes à peine de Drummondville et qui a bien des chances de vous émerveiller par sa beauté ? Si vous avez répondu une visite guidée de l’église Saint-Cyrille, c’est que vous appartenez probablement au groupe sélect des quelques dizaines de privilégiés qui ont eu le bonheur d’entendre parler au cours des deux ou trois dernières années de cette porte ouverte estivale.

Cette année toutefois, le conseil de fabrique de la paroisse Saint-Luc a décidé de rompre ce secret trop bien gardé en initiant une conférence de presse dans l’espoir que cette bonne nouvelle se répande à travers tout le diocèse et encore plus loin, si possible.

Pour ce faire, la paroisse a obtenu l’autorisation d’un projet Été Canada, ce qui permet la présence d’un guide bien formé chaque après-midi de la saison estivale, à l’exception du lundi, et ce, de 13 h à 17 h.

Ainsi, il y a quelques jours, Jean-Claude Poitras, curé de cette paroisse regroupée, René Castonguay, administrateur de la fabrique, Vincent Lavallée-Milot, guide-animateur, sans oublier l’historien Claude Verrier, plus particulièrement pour le volet «musée du textile», ont improvisé une telle visite à cette église aux allures de cathédrale.

Ils y ont accueilli l’auteur de ces lignes pour lui poser plein de colles pour mesurer ses connaissances historiques et religieuses, mais surtout, plus sérieusement, pour partager généreusement les leurs au gré des émerveillements suscités par tant de beautés.

Bien patrimonial

Avant toutefois de pénétrer à l’intérieur de cette majestueuse église, ceux et celles qui répondront à cette invitation en se rendant au cœur du village de Saint-Cyrille-de-Wendover auront avantage à bien examiner l’extérieur de cette imposante construction faisant 162 pieds de longueur, 62 pieds de largeur, 86 pieds au transept et 32 pieds de hauteur au-dessous des lambourdes, comme il l’est bien écrit dans un cahier-souvenir réalisé à l’occasion du 100e anniversaire de ce lieu de culte classé patrimonial.

C’est en novembre 1905 que l’actuelle église Saint-Cyrille a été bénie pour prendre la relève d’une première église érigée en 1876, plus modeste celle-là en grandeur et en splendeur, que l’on a par la suite démolie.

Cette première église avait elle-même été précédée d’une petite chapelle, quelque six ans auparavant.

Pour en revenir à celle qui nous intéresse aujourd’hui, il faut savoir qu’elle a été bâtie selon les plans et devis du célèbre architecte Louis Caron en s’inspirant du modèle jésuite «plan en croix latine, transept extérieur et clocher ou dôme à la croisée».

L’église est construite entièrement de pierres provenant d’une carrière voisine et, comme mentionné, elle a la particularité d’être surplombée d’un dôme à la Saint-Pierre-de-Rome et de deux tours surmontés chacune d’un clocher en façade, celui de gauche étant cependant le seul muni d’une cloche.

Des tourelles aux angles, des œils-de-bœuf en forme de rosace, la statue de Saint-Cyrille, les nombreuses croix, entre autres, contribuent également à faire de cette église un chef d’œuvre architectural de notre jeune patrimoine, à n’en pas douter.

Une fois à l’intérieur, le coup d’œil n’en est pas moins impressionnant, d’autant plus que les petites interrogations quant à l’architecture, l’histoire, la religion, trouveront généralement réponse auprès du guide-animateur Vincent Lavallée-Milot.

Cet étudiant en philosophie qui, depuis les derniers étés a travaillé à l’identification et à la classification des biens de l’église Saint-Cyrille et des objets faisant l’objet d’une exposition en parallèle sur les textiles, a d’ailleurs son petit scénario, bien flexible cependant, pour la visite guidée des lieux.

Il accueille les visiteurs en leur faisant d’abord découvrir quelques petits trésors bien conservés dans un premier présentoir comprenant, entre autres, une custode, un plateau pour les anneaux, un reliquaire, un bout d’os et plein d’autres souvenirs religieux susceptibles d’allumer la curiosité.

Puis, à partir du banc du garde-chien, situé tout à l’arrière, commence alors la visite des lieux qui se fait au rythme du ou des visiteurs qui y participent.

Selon Vincent, il peut s’agir parfois de jeunes qui ont peu ou pas de connaissances de la religion, tout comme cela peut être des gens plus âgés désireux d’obtenir des renseignements plus pointus sur cette église en particulier et sur le passé de la communauté.

Bien sûr, le jeune guide n’a pas toutes les réponses, mais il prend souvent les devants en y allant de ses propres petites questions dignes d’intérêt.

Par exemple, à la question combien a coûté cette église à sa construction, vous pourriez impressionner grandement votre hôte si vous aviez la bonne idée de lui proposer le chiffre de 53 059,97 $.

Le tour de l’église peut se faire en une heure environ et se termine généralement par une escalade au second balcon, là où trône un orgue Casavant & Frères acheté en 1917 au coût de 3400 $.

Il est même possible, selon le bon vouloir du guide et le bon pouvoir de l’orgue, que le visiteur ait droit à une petite démonstration de l’instrument original à la condition qu’un aide s’implique manuellement.

N’en disons pas plus pour garder la surprise.

Deux expositions

Durant le déroulement de cette visite guidée, il sera également possible en traversant la sacristie de renouer avec les vêtements religieux d’autrefois, alors que deux mannequins faisant office du prêtre et de son enfant de chœur en font montre.

La liturgie d’autrefois a également sa place à l’intérieur de divers présentoirs où l’on retrouve, par exemple, des cahiers de chants religieux ou des documents et photos faisant référence à la légendaire ligue du Sacré-Cœur.

Finalement, autre volet de la visite, plusieurs autres présentoirs sont regroupés dans un des jubés où la succession Jutras-Verrier tient une exposition sur le textile.

Comme l’indique Claude Verrier, le fondateur du Village québécois d’antan, il s’agit d’une collection de vêtements remontant à la 4e génération de ses familles maternelle et paternelle, laquelle a d’abord été orchestrée en fonction de l’ancien pavillon thématique.

Selon M. Verrier, celle-ci cadre parfaitement bien avec son nouveau refuge, d’autant plus que plusieurs des pièces marient à la fois le vêtement et le culte comme le trousseau de baptême, l’ensemble de première communion ou même les habits et robes de mariage.

Il va sans dire que Claude Verrier et les membres de sa famille, de fiers Cyrillois d’origine, sont heureux de partager avec le public les pièces de cette collection car elles ne sont pas sans rappeler les habiletés artisanales de nos ancêtres.

En ce qui a trait aux visiteurs, s’ils sont charmés par ce voyage à travers le temps que leur offre l’église Saint-Cyrille, ils pourront toujours, en guise de remerciements, faire brûler un bon gros lampion aux intentions de ses bâtisseurs et de tous ceux et celles qui continuent à conserver et à mettre en valeur un si précieux joyau.

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