Histoire d’une statue déterrée

La découverte, mardi, d’une statue qui était enterrée entre le presbytère et l’église Saint-Frédéric n’a pas manqué d’attiser la curiosité autant des passionnés d’histoire que des fervents catholiques qui veulent toujours en savoir plus sur le tout premier lieu de culte à Drummondville.

Ce sont des employés de la compagnie Sintra, mandatés pour faire des travaux d’excavation et de pavage sur le stationnement situé à l’angle des rues Marchand et Lindsay, qui ont fait cette étonnante découverte, une imposante pièce de deux mètres, enfouie sous un mètre et demi de terre. C’est l’opérateur du véhicule-outil Guy Benoit qui a été le premier surpris de mettre à jour ce trésor caché.

De quoi, de qui s’agissait-il à l’origine? Attiré par ce mystère qu’il a trouvé sur le web en visitant le site de L’Express, un correspondant de Québec, Sébastien Hudon, spécialiste en histoire de l’art, nous a proposé un hypothèse. Partant du fait que la statue, construite en béton armé, ne pouvait provenir de l’intérieur de l’église, M. Hudon a cherché et trouvé une photo de l’Église Saint-Frédéric datant du début du siècle dernier (1910), une photo d’archives du Musée McCord à Montréal.

«J’ai passé plusieurs heures à faire des recherches, principalement sur le web, car je suis passionné par l’histoire religieuse et par les mystères», a raconté M. Hudon lors d’une conversation téléphonique. Une fois avoir déduit que cette statue était installée à l’extérieur, j’ai pu voir sur une photo datant d’une centaine d’années qu’une statue nichait sur la tourelle de gauche, à une hauteur respectable. Elle était montée sur un globe, comme celle qui a été déterrée. Le globe est un symbole de majesté et ce n’est pas n’importe quel personnage qui peut y être associé. En fait, il faut que ça soit une divinité comme la Vierge ou Jésus. La Vierge a été très souvent représentée sur un globe dans les églises chrétiennes. Ce qu’on peut déduire, c’est que l’incendie de l’église Saint-Frédéric le 25 décembre 1921 a dû faire tomber cette statue, qui s’est brisée, et les débris ont été remblayés lors du nettoyage précédant la reconstruction», a expliqué M. Hudon.

L’histoire architecturale de l’église Saint-Frédéric nous enseigne que l’édifice «impressionne par l’utilisation généreuse des matériaux les plus nobles, soit le marbre et le bois de chêne blanc. L’orgue de grande facture, l’abat-voix et le retable finement sculptés, de même que les verrières signées Pellus constituent les éléments les plus frappants d’un ensemble intérieur sobre et vrai».

Un pyromane?

Un document signé de l’historienne drummondvilloise Yolande Allard souligne que: «La première église, démolie en 1879, a fait place à un édifice plus grand, situé sur la place Saint-Frédéric, la façade orientée vers la basse-ville. Cette deuxième église a été la proie des flammes en 1899. Sur le site, on construit la troisième église, au coût de 85 000 $, ouverte au culte le 8 octobre 1900. Le 25 décembre 1921, après les Vêpres, la troisième église Saint-Frédéric est la proie des flammes. Seuls les fondations et les murs de maçonnerie résistent à l’élément destructeur».

Mme Allard rapporte que la cause de l’incendie est ainsi dévoilée dans La Parole, du 25 août 1927: «Parmi les incendies les plus importants, il faut mentionner la destruction de l’église Saint-Frédéric le 25 décembre 1921. Six ans plus tard, dans un pénitencier de Colombus (Ohio), un homme affirma avoir volé et brûlé 7000 églises, dont celle de Drummondville en 1921. Ses vols lui auraient rapporté près de 300 000$ depuis 1899. Il pillait les églises puis il les incendiait pour faire disparaître toute trace de son passage».

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