Un policier accusé de menaces de mort envers des collègues

Un policier accusé de menaces de mort envers des collègues
Le policier Jean Landry

Des menaces de mort proférées par un policier de la Sûreté du Québec à l’endroit de collègues avaient-elles à être prises suffisamment au sérieux pour qu’il soit arrêté illico par des confrères, en août 2010, à Drummondville?

C’est la cause, pour le moins rarissime, qui a été débattue hier au palais de justice de Drummondville où, devant le juge Gilles Lafrenière de la Cour du Québec, chambre criminelle et pénale, le policier Jean Landry a subi son procès pour avoir «proféré une menace de causer la mort ou des lésions corporelles à Mario Dorval, Dominic Morin et à des policiers travaillant au 1701 rue Parthenais, à Montréal».

Il faut remonter au 29 août 2010 pour expliquer que le sergent Jean Landry, un résident de Beloeil, qui était en service à la MRC de Drummond, était rongé par la frustration après avoir appris que la SQ allait contester le rapport médical confirmant une diminution de 2 % de ses capacités physiques à la suite d’une chute sur la glace à l’entrée du bureau. Ce qui, dans le cas d’une victoire de cette contestation, lui aurait fait perdre la prime d’assurance de la CSST ainsi que le remboursement de ses médicaments.

C’est alors que le policier de 49 ans confie à son collègue Paul Chiasson: «Si la SQ gagne, je viens ici ou à Parthenais et je tue un boss». Bien que l’accusé ne soit pas sûr des mots exacts (aurait-il dit plutôt je ferai un meurtre ?), il a admis que ces paroles étaient inappropriées, mais qu’il n’avait aucune intention criminelle. «J’ai dit ça comme ça, comme on dit parfois: je vais lui arracher la tête ou une expression du même genre. J’étais loin de penser que ces paroles seraient répétées et prises au sérieux».

Cependant, celui qui a reçu ces paroles, le policier Chiasson, a été bouleversé. Il a pris congé le lendemain et, de retour au travail le surlendemain, il a décidé de dénoncer son collègue à ses patrons qui, le matin même, en ont informé immédiatement les Affaires internes. L’après-midi du 31 août, après analyse, Jean Landry était mis sous arrêt.

Des paroles mais pas d’intention

La cause a mis en opposition deux excellents plaideurs. L’avocat de la défense, Me Philipp Shneider, de Montréal, réputé pour défendre les policiers accusés au criminel, a fait valoir que son client, bien que fortement indigné par la contestation du rapport médical par la SQ, n’avait pas une réelle intention de passer aux actes. «Il faut faire la différence entre les mots dits et l’intention. Mon client n’a menacé personne. Même le policier Chiasson avait des doutes que ce n’était pas sérieux; il a mis deux jours pour se décider».

Me Claude Labrecque, procureur chef, a pour sa part indiqué au juge que l’accusé, dans son interrogatoire, a minimisé maladroitement la portée de ses propos. «Bien sûr que c’était à prendre au sérieux. Les Affaires internes de la SQ sont intervenues pour étudier le cas et ont procédé à son arrestation l’après-midi même».

Dans la salle d’audience, quelques policiers, dont des patrons de Jean Landry, sont venus entendre les témoignages et les plaidoiries des deux avocats. «Pour nous, c’est une affaire majeure», a mentionné l’un d’eux, disant tout haut ce que plusieurs de ses collègues pensaient tout bas, à savoir qu’un policier doit connaître la gravité de proférer des menaces de mort. «Après tout, il n’est pas un citoyen ordinaire, lui, il porte un revolver à sa ceinture», a fait remarquer un observateur.

La SQ a fait savoir que le sergent Landry est suspendu avec solde depuis le début des évènements, telle que le stipule une disposition du contrat de travail des policiers.

Le verdict du juge Gilles Lafrenière sera connu le 2 mai à Drummondville, sur le coup de 14 heures.

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