Drummondville sort des sentiers battus en vaporisant son sel

Par Gerard Martin

Tout compte fait, c’est une économie minimale de près de 60 000 $ par année que la Ville de Drummondville peut dorénavant espérer dans son budget pour le déglaçage des rues grâce à la vaporisation de son sel de voirie qui, jumelée à une méthode d’épandage plus sophistiquée, apportera en prime des gains environnementaux en raison d’une réduction de 20% à 30% de ce produit de base.

Pour y parvenir, le Service des travaux publics a dû d’abord apporter des modifications à six de ses camions moyennant une facture de 55 000 $ et procéder à l’ajout d’un réservoir dans la cour des Ateliers municipaux de la rue Saint-Thomas au coût de 15 000 $.

Ce saisant, Drummondville est devenue l’une des premières villes au Québec, sinon la toute première, à adhérer sur une aussi large échelle à la Stratégie québécoise pour une gestion environnementale des sels de voirie.

Une recette gagnante

Mardi avant-midi, lors d’une conférence de presse tenue dans les vastes locaux des Ateliers municipaux, les responsables des Travaux publics, ainsi que deux des trois élus responsables du comité du même nom, en l’occurrence Mario Jacques et Vincent Chouinard, ont fait la présentation de cette méthode, tout en offrant un rapide survol du plan de déneigement des rues à l’intérieur duquel on retrouve, bien sûr, un chapitre sur le déglaçage.

Yves Tousignant et Éric Landry, respectivement directeur et surintendant au Service des travaux publics, Jean-François Lavoie, contremaître au déneigement, et Sébastien Côté, contremaître à l’atelier, ont apporté leurs témoignages sur cette méthode que Drummondville a d’abord expérimentée l’hiver dernier dans une version intermédiaire à celle retenue.

Il faut savoir que l’originalité de la formule s’appuie en premier lieu sur le produit, soit le sel à déglaçage traditionnel qui est aspergé d’un jet de chlorure de magnésium, lequel agit comme liquide dégivrant.

Le succès de la recette repose donc sur l’humidification du sel avant son épandage, une caractéristique qui lui permet, assure-t-on, de mieux adhérer à la route, de réduire sa consommation de plus ou moins 25% et même d’accélérer le processus de fonte de la glace à des températures plus froides.

Le prétrempage, ont fait valoir les porte-parole du Service des travaux publics, a ainsi pour double avantage de diminuer les impacts environnementaux du sel sur le réseau routier, tout en minimisant les coûts de déglaçage, ce qui n’est pas rien.

Incidemment, ce dernier facteur a été bien calculé lorsque la Ville de Drummondville a eu à décider lequel des trois scénarios elle allait retenir pour l’application de ce nouveau mélange.

Elle aurait pu acheter ledit mélange directement du fournisseur dans une formule préparée à l’avance, ce qui représentait un coût de 120 $ la tonne.

Ouvrons une parenthèse pour préciser que Drummondville utilisait en moyenne 7500 tonnes de sel par an pour l’entretien de ses 622 kilomètres de rues et qu’il en coûte 84,09$ pour chaque tonne de sel de voirie.

Il faut ajouter un montant de 10,50 $/tonne pour le chlorure de magnésium pour être capable de mesurer dans sa juste valeur l’économie de 25% à 30% de la masse totale de sel de voirie.

Le deuxième scénario, celui que le Service des travaux publics a expérimenté dans le cadre d’un projet pilote l’hiver dernier, consiste à faire le prétraitement du sel à même la pile de stockage, une façon de faire qui revient alors à environ 108 $ la tonne.

Le troisième scénario, celui qui a été retenu et qui permet de desservir à l’heure actuelle près des deux-tiers du territoire, consiste à installer un réservoir liquide au camion de déglaçage qui, au moyen d’un système contrôlé par l’opérateur, permet de préparer le mélange au fur et à mesure et de l’ajuster aux conditions de la chaussée.

Selon les responsables des Travaux publics, cette méthode, en plus d’être la plus économique à environ 95 $ la tonne, est celle qui a l’avantage de donner les meilleurs résultats à la fois pour l’environnement et la sécurité des usagers de la route.

Pour en revenir au seul aspect monétaire, au lieu de consacrer 630 675 $ pour le déglaçage de ses rues selon la méthode traditionnelle, Drummondville prévoit que la méthode dit de "prétempage" représentera des coûts de 571 511,25 $, soit une économie de 59 163,75 $.

Et ce n’est pas tout, comme dix camions (dont trois sont à contrat) sont affectés au déglaçage pour l’ensemble du territoire de Drummondville, on estime à tout près de 100 000 $ (98 606,25 $ en fait) l’économie que Drummondville réalisera par année une fois que tous les véhicules auront été adaptés en fonction de la méthode du détrempage.

Il va sans dire qu’en dépit de toutes les vertus que l’on prête à la nouvelle méthode de déglaçage des rues, il faut toujours quatre heures à un camion pour compléter son parcours selon le plan établi, si bien que la vigilance est toujours de mise en cas de glace noire ou de verglas.

Chose certaine néanmois, plusieurs autres municipalités ont à l’œil ce qui se passe à Drummondville avec cette méthode avant-gardiste.

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