«Havana angels», quel nom évocateur. Florence K. en a baptisé son plus récent album avec ces mots pour souligner sa découverte de l’ambiance cubaine et les musiciens qui ont nourri sa culture musicale. Il suffit d’écouter ces chansons qu’elle a enregistrées l’an dernier sur la célèbre île tropicale pour en humer l’influence heureuse et nourrir notre plaisir. La voilà partie récemment en tournée pour réchauffer et ensoleiller les scènes du Québec.
Dans une entrevue qu’elle a accordée à une journaliste du journal Le Droit de Gatineau juste avant son spectacle, le 14 décembre dernier, elle confia que «sa tournée s’inscrit dans la suite logique du disque». Soit «rempli de rythmes, de chaleur et de couleurs de Cuba». Florence K. convia le public à une véritable «fête de rue avec des ampoules qui tombent du plafond». Elle ajouta qu’elle souhaitait «donner un côté intime et fiesta à tout ça». Je vous avoue que cela m’excitait d’autant plus que ses prestations au Mondial des Cultures furent toujours empreintes de fougue et de passion.
Au début du spectacle de dimanche dernier à Drummondville, après un pot pourri d’airs de Noël, elle entretint son auditoire davantage de sa découverte des musiciens de Cuba plein de passion, de fougue et d’énergie, qui lui ont enseigné l’art de se surpasser dans sa création musicale.
Entourée de quatre musiciens de haut calibre qui l’accompagnent souvent soit un guitariste, un trompettiste, un contrebassiste et un percussionniste, elle est et sera toujours une musicienne et mélodiste accomplie apte à composer de fort jolies chansons comme «Little Angels» et «El Camino de Navidad». Elle voua à «Blue Christmas» popularisé par Elvis une touche personnelle, et un doux rythme de cha-cha à «I’ll be home for Christmas». La «Perigrinacion» (a la Huella) fait partie du folklore de Noël chez les Espagnols. Cette magnifique chanson fut traduite en français par Gilles Drieu sous le titre d’«Alouette alouette». Elle interpréta avec force et avec la magie des mots colorés et espagnols la chanson française «La Foule» d’Édith Piaf. Aux chants, dits de Noël, elle s’élança avec talent pendant une dizaine de minutes faire sauter «Christmas Blues». On se serait cru dans une boîte de jazz de La Nouvelle-Orléans avec les solos de ses musiciens. «La lune et la neige» trônera comme la seule chanson en français de son spectacle.
Je suis un admirateur de Florence K. Une femme dynamique, qui sait se mouvoir sur une scène, donne dans l’humour et sait aussi faire lever un auditoire de plus de 10 000 personnes comme au Mondial des Cultures dont elle est la porte-parole. Une icône et une chouchoute drummonvilloise. Un talent qui franchira certes les frontières.
Ce spectacle, quoique professionnel, n’a pas répondu aux attentes qu’elle proposa dans son ensemble. Un point de vue que partagent bien des gens, si je me fie aux commentaires entendus à l’entracte. J’ai senti une Florence plutôt éteinte qui ne semblait pas en pleine forme. Ses entrées, ses sorties et ses quelques déplacements étaient empreints de froideur. Les propos qu’elle étayait ou susurrait à l’assistance semblaient une corvée. En retour, les applaudissements étaient polis sans enthousiasme. Elle l’a même fait remarquer lorsqu’elle a voulu faire chanter l’auditoire. Ça ne levait pas. Nous étions loin de la fougue et la fiesta annoncée. Le décor et l’éclairage, fort réussis, créaient l’ambiance feutrée d’un «lounge» et non un décor de Noël. Si le tableau que je viens de décrire a été pensé comme tel, je crois alors que la mise en scène ne sera pas conforme au projet tel qu’elle le décrivait dans son entrevue au journal. On n’y retrouve vraiment pas l’ambiance qui se dégage de son album Havana Angels.
Je n’ai pas reconnu «ma» Florence K. Quoique sa prestation artistique est toujours impeccable. Je reste toujours l’admirateur, mais celui qui a hâte de la retrouver en pleine forme au Mondial des Cultures.
Rappelons pour ses admirateurs qu’elle anime tous les samedis et dimanches soir à Espace Musique de Radio-Canada l’émission «Planète K.»
