Marc Bergeron revient de la Lituanie avec le sentiment du travail bien fait

Par Maxime Rioux
Marc Bergeron revient de la Lituanie avec le sentiment du travail bien fait

En mai dernier, le fleuriste et landartiste drummondvillois Marc Bergeron s’est rendu en Lituanie afin de prendre part à l’événement «Eco Landart 2011». Habitué des séjours à l’étranger, il a découvert un milieu à la fois différent et semblable à celui du Québec.

La Lituanie est un pays de quatre millions d’habitants situé en Europe du Nord, tout près de la Russie, soit entre la Pologne et la Lettonie.

«Il était évident que je devais aller dans ce pays totalement inconnu pour mieux en découvrir la culture. J’ai découvert un beau pays, mais présentement appauvri par la crise économique mondiale. Le salaire moyen est d’environ 500 euros par mois, soit l’équivalent de 700 dollars canadiens. Les gens vivent avec peu, mais ils sont joyeux et souriants», raconte à L’Express ce sympathique amant de la nature.

Le créatif personnage n’était pas seul pour cette nouvelle expédition.

«Pour ce landart, j’étais accompagné par Robin Ouellet, créateur en art floral travaillant en Montérégie, indique-t-il. Robin est un collègue que je connaissais peu, mais que je respecte beaucoup à cause de la qualité de son travail. Et j’ai eu tout à fait raison de lui demander de m’accompagner, car nous avons passé une semaine fantastique.»

Sur place, le Drummondvillois et son collègue en ont profité pour découvrir les lieux.

«Dès notre arrivée en Lituanie, nous avons visité la capitale : Vilnius. Puis nous avons rejoint le site du landart, qui est situé à cinq heures de voiture vers le sud-est, sur le cordon littoral de Courlande, soit au bord de la mer baltique. Nous avons travaillé dans une forêt protégée par l’Unesco située dans le village de Nida dans la municipalité de Neringa. Nous n’avions pas le droit de couper de végétaux vivants. Les travaux devaient être faits avec des éléments morts. Nous avons été surpris de voir que la végétation n’est pas très différente de la nôtre», partage le voyageur.

À cet égard, ce dernier affirme que c’est probablement le climat semblable à celui du Québec qui crée ces similarités.

«Les essences d’arbres sont surtout le pin, le sapin et il y a de l’érable. Dans la forêt, on retrouve des élans (des orignaux). Nous avons vu des traces, mais pas l’animal en soi. Là-bas, en hiver, la température peut atteindre -25 degrés Celsius et l’été, 25 degrés Celsius. C’est bizarre, tout en étant si loin, nous avions l’impression d’être tout près de chez nous», fait remarquer le landardiste que les Drummondvillois peuvent croiser chez Fleuriste Bergeron, entreprise où il travaille toujours.

Ainsi, l’«Eco landart» est une rencontre de démonstration. Cette année, on comptait six duos de Lituanie alors que les autres duos, outre celui du Canada, provenaient d’Espagne, de la Pologne et de la Lettonie.

«Nous avions quatre jours pour concevoir une sculpture avec les éléments trouvés sur place. Les Lituaniens sont des amoureux de la nature et ils sont très respectueux de leur environnement. Ils ont été vraiment impressionnés de découvrir qu’il est possible de donner une deuxième vie à quelque chose qu’on trouve là et qu’on croit mort. Robin et moi avons commencé à observer la forêt et nous avons été frappés par la mousse grise qui poussait sur les gros pins», relate Marc Bergeron.

«Mon collègue avait remarqué que les Lituaniens portaient aux poignets des bandeaux tricotés en laine et arborant des motifs traditionnels. Alors avec des branches moussues grises, nous avons fait des bandeaux à cinq pins pour ainsi accentuer le gris sur les arbres. C’était un travail parfaitement intégré et qui rendait hommage à une tradition lituanienne», souligne-t-il.

Pour arriver à habiller les arbres de cette façon, le duo a dû travailler jusqu’à sept pieds de hauteur.

«Cette pièce-là va vivre longtemps, assure le Drummondvillois. Le critère de solidité est une de mes forces. Là où nous pouvions tresser en double, nous avons tressé en triple.»

La Suisse

Dans quelques jours, Marc Bergeron s’envolera pour Grindelwald, en Suisse, pour la dixième fois. Pour lui, la Suisse est le pays où tout a commencé. Il retrouvera là-bas son mentor, Peter Hess (fondateur du landart en Europe), ainsi que les équipes les plus expérimentées au monde.

«Je suis fier de recevoir année après année cette invitation. C’est tout un privilège que de me retrouver avec ces créateurs venus de tous les coins du monde. Passer une semaine en forêt, c’est un retour aux sources, une rencontre avec la nature, avec l’essentiel. C’est un véritable ressourcement. C’est aussi la liberté de créer un travail qui va évoluer dans le temps au gré des saisons. Pour moi, c’est ça le landart», fait valoir l’artiste de la nature qui se rendra en Suisse avec sa conjointe, France, qui est horticultrice de métier. Pour elle, il s’agira d’un troisième périple en Suisse et d’un quatrième séjour dédié au landart.

«Ma façon d’aborder le landart a évolué, poursuit-il. Je pars maintenant sans vraiment me préparer et je me laisse inspirer par ce que je vois, par ce que la végétation me donne comme informations. Mes travaux sont de plus en plus intégrés, moins figuratifs et, de ce fait, un peu moins populaires pour les prix. Mais les podiums ne sont rien comparativement à l’amitié véritable qui s’est tissée au cours des années avec des gens de partout dans le monde. Se frotter à d’autres cultures et apprendre d’autres façons de voir, échanger, partager et rire. C’est aussi ça, le landart», assure le sympathique fleuriste, qui, depuis quelques années, voyage à ses frais.

Partager cet article