«Dites, madame l’infirmière, comment faites-vous?»

J’ai à mon actif cinq séjours dans des établissements de santé.

Un premier bloc au tout début des années "60 ".

Quelques heures à l’Hôpital Sainte-Croix de Drummondville, le temps de me mettre dans l’ambiance, de prendre le pouls, le tout suivi de périodes prolongées aux hôpitaux Pasteur et Sainte-Justine (2) ainsi qu’à l’Institut de réhabilitation de Montréal.

C’était l’époque de l’omniprésence des religieuses aux étages. Je ne me souviens pas des noms des congrégations qu’elles représentaient, mais tout dépendant de l’établissement, j’ai encore frais en mémoire le noir réglisse de la couleur des vêtements que les unes portaient et le brun chocolaté, deux tons, des vêtements des autres. J’avais une préférence pour les chocolatées. Que voulez-vous, je n’aime pas la réglisse noire !

C’était aussi l’époque des uniformes d’un blanc immaculé des infirmières, de la coiffe ornée d’un ruban de velours dont la largeur, ou le nombre, indiquait l’ordre hiérarchique de celle qui la portait avec fierté.

Et un dernier séjour, il y a quelques jours à peine, à l’Hôpital Sainte-Croix de Drummondville, aujourd’hui identifié comme étant le CSSS Drummond, le temps de permettre à l’orthopédiste Karine Sinclair de refaire une hanche. Une réussite.

Deux périodes, donc, et même constat.

Humanisme, compassion et sensibilité de la part du personnel médical.

Même constant, ou presque.

Voulez-vous bien me dire où vous cachez aujourd’hui les religieuses, à quel endroit, mesdames les infirmières, vous avez remisé vos uniformes?

Qui est l’infirmière, qui est la visite?

Misez sur celle qui a le pas rapide, qui aussitôt après avoir réconforté un patient se dirige vers une autre chambre pendant que l’interphone l’appelle déjà ailleurs.

Un conseil, misez gros, c’est gagnant.

Même constat, ou presque.

Le rythme de travail, ou sa cadence, que les conditions imposent aujourd’hui au personnel médical. Nous ne sommes plus dans les années "60 ", loin de là.

Il est paradoxal de constater qu’au sein d’un établissement où l’aspect humain revêt une importance aussi capitale, la charge de travail du personnel infirmier est ce qu’elle est. Il y a là matière à une réflexion collective tellement la situation qui prévaut est inquiétante.

De mon lit d’hôpital, j’ai essayé en vain de comprendre ce qui anime les infirmières, infirmiers et proposés aux patients, de connaître les composantes de la "piqûre" qui leur permet d’offrir et de maintenir une aussi bonne qualité de soins en dépit des contraintes qui sont leur lot quotidien.

J’ai d’ailleurs posé la question à une infirmière.

«Outre la passion, madame, comment faites-vous pour maintenir le rythme?»

Sa réponse : «Je me le demande toujours. Le soir, lorsque j’arrive à la maison, je me dis que j’ai réussi une fois de plus à faire une autre journée.»

Dans un avenir prochain, je retournerai au 5e de l’hôpital, le temps de permettre au docteur Sinclair de refaire l’autre hanche, la droite cette fois-ci.

Vivre pour une deuxième fois en l’espace de quelque temps l’expérience d’un séjour à l’hôpital me permettra alors de valider la perception que j’ai du travail remarquable réalisé par le personnel médical et de remercier de vive voix, et à tout le moins les infirmières, infirmiers et préposés aux patients du 5e, pour la qualité de leur travail et tout le réconfort qu’ils apportent à leurs patients.

Peut-être aussi l’occasion me sera alors donnée de trouver réponse à ma question: «Dites, madame l’infirmière, comment faites-vous ?».

Jacques Mathieu

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