Fermeture du bureau de douanes : la décision est irrévocable

Fermeture du bureau de douanes : la décision est irrévocable
Martin Bray et Chantal Cloutier

Les industriels qui ont assisté à la rencontre s’étant tenue mercredi dernier à la SDED sur l’avenir du bureau de douanes sont restés sur leur appétit. Après seulement cinq minutes d’échange, ils ont compris que la décision de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) sur le transfert des activités régionales à Stanhope était irrévocable.

 

Le directeur général de la région du Québec à l’Agence, Bernard Brie, a parlé d’une discussion cordiale et fructueuse avec les intervenants de la région de Drummondville.

Rationalisation oblige, ce dernier a expliqué les raisons pour laquelle l’Agence procédait à cette fermeture. L’unique employé du bureau de Drummondville, Jean-François Dubois, ira travailler à celui de Sherbrooke, alors que les opérations douanières d’ici seront transférées à Stanhope, où les installations seront ouvertes 24 heures par jour, 7 jours sur 7.

«Les voyageurs et les entreprises recevront à distance les mêmes services douaniers à partir d’un autre bureau», signifie M. Brie.

Qui plus est, l’Agence s’est montrée ouverte aux solutions qui permettraient d’atténuer les pertes financières des industriels.

Les industriels restent inquiets

Pourtant, les entrepreneurs d’ici sont peu rassurés, surtout ceux qui possèdent des entrepôts de stockage qui emmagasinent la matière première en grande quantité, destinée à l’exportation.

Une dizaine d’entrepôts du genre sont situés dans la région, dont six dans la MRC de Drummond : Letarte Transport, Bourret entreposage, Primewood Lumber, CDM Papier, Aliments Trangras et VC999.

Pendant qu’elle est entreposée, cette marchandise est gérée par l’entreprise, mais reste sous le contrôle du bureau de douanes.

Lorsque le matériel sort de l’entrepôt, l’entrepreneur doit payer la TPS sur sa valeur, ce qui nécessite l’émission de déclarations. Ces opérations, les industriels locaux doivent les effectuer au quotidien.

Autre avantage qu’offre la proximité : l’inspecteur peut aussi se déplacer rapidement si des vérifications s’imposent.

La contrôleuse Chantal Cloutier chez VC999 reçoit chaque année près d’une centaine de conteneurs avec des sacs et des rouleaux de film pour l’emballage alimentaire. Ces derniers proviennent des quatre coins du globe : Brésil, Chine, Israël, Taïwan, etc. Le matériel est par la suite acheminé à ses clients du Canada, des États-Unis et de l’Amérique du Sud.

«Tous les jours, on reçoit des commandes. Chaque fois, on doit faire une demande au bureau de douanes pour qu’il autorise le camion de partir avec la marchandise», explique Mme Cloutier.

Comme l’entreprise fait toujours face à des délais serrés, elle a établi des méthodes de travail facilitantes avec le bureau de douanes de Drummondville. «Depuis huit ans, ça a toujours bien fonctionné», souligne-t-elle.

Le transfert d’activités l’inquiète, d’autant plus que le système de main levée informatisé, tel que promis, ne serait pas encore opérationnel et que le personnel de Stanhope n’est pas habitué à transiger avec ce type d’entrepôt.

«On nous met devant le fait accompli alors que la décision a été prise il y a 10 mois. Pourtant, on en a été informé officiellement mercredi», déplore-t-elle.

En effet, les intervenants locaux ont l’impression que cette position avait été adoptée avant même le dépôt du mémoire de la SDED, à Ottawa, le 1er novembre dernier.

Une décision irresponsable

Dans un contexte où les entreprises doivent faire des gains de productivité, le directeur général de la SDED, Martin Dupont, juge cette décision aussi irresponsable qu’irréfléchie. «Les services gouvernementaux doivent être là où les gens en ont besoin. Drummondville est une ville industrielle», rappelle-t-il.

Le bureau de douanes de Drummondville traite plus de 11 000 demandes annuellement, ce qui est nettement plus élevé qu’ailleurs. Nul doute que sa proximité contribue au développement économique.

«Je veux bien comprendre que l’Agence est en rationalisation», poursuit-il. Toutefois, il considère que les compressions de 230 000 $ qu’apportera la fermeture du bureau de Drummondville parmi son budget global de 1,9 milliard $ pèsent peu dans la balance.

À ce jour, neuf points de service au Québec sont affectés par des changements opérationnels, qui seront en vigueur le 1er avril 2011.

Après avoir demandé, en vain, à l’Agence de réévaluer le scénario, les intervenants drummondvillois ont convoqué les médias à une conférence de presse le lundi 7 mars afin de faire connaître leur coalition et interpeller le gouvernement.

Pour l’instant, celui-ci stipule que ces fermetures et réductions des heures offriront aux Canadiens une utilisation plus pertinente de leurs impôts et une plus grande harmonisation des ressources de l’Agence.

Partager cet article