Allégations de fraude au syndicat du centre jeunesse

Allégations de fraude au syndicat du centre jeunesse
Pose ici Guy Yergeau. (Photo d'archive)

Après 20 ans de service, le président du syndicat des travailleurs du Centre jeunesse de la Mauricie et du Centre-du-Québec, Guy Yergeau, entend démissionner. Fortement ébranlé par une controverse qui l’oblige à rembourser 23 000 $ au syndicat, ce Drummondvillois compte en finir avec cet épisode de crise.

Le 27 janvier dernier, les syndiqués affiliés à la CSN-FSSS ont été convoqués à une assemblée extraordinaire, au cours de laquelle un rapport rédigé par le service de vérification a été présenté.

Le document fait état d’irrégularités dans les demandes de remboursement de M. Yergeau, si bien qu’il recommande que le président rembourse 23 000 $ et quitte ses fonctions.

Lors de cette séance spéciale, un vote pour demander la démission de M. Yergeau a été soumis aux membres. Le résultat s’est avéré serré : 74 d’entre eux préféraient qu’il reste en poste alors que 71 s’y opposaient.

À la suite de ce verdict, les membres du comité exécutif du syndicat (à l’exception du président) ont démissionné en bloc.

Aucune politique n’encadre le temps supplémentaire

À titre de président du syndicat, M. Yergeau représente 650 intervenants sociaux du centre jeunesse.

Pour effectuer ce travail, il est libéré à temps plein. Sa semaine normale de travail s’élève à 38,75 heures par semaine.

Or, M. Yergeau accumulait du temps. De tempérament passionné, cet homme affirme s’être investi corps et âme dans ses fonctions. Plusieurs courriels envoyés à ses membres à toutes heures du jour (et de la nuit) ainsi que durant les fins de semaine en témoignent. Selon lui, ses collègues lui faisaient confiance et aucun mode de compilation d’heures n’était établi.

Pour récupérer ce temps supplémentaire, M. Yergeau prenait des jours de congé, au cours desquels il lui arrivait d’offrir des formations pour la FSSS. Il était rémunéré pour ces services. De 2007 à 2010, il a reçu 23 000 $.

Au terme de l’assemblée du 27 janvier dernier, le président a été sommé de rembourser ce montant.

La présidente de la FSSS, Francine Lévesque, explique cette décision : «Je ne questionne pas si M. Yergeau travaille ou ne travaille pas… ni sa volonté de bien servir ses membres. Au contraire! Mais manifestement, ces remboursements n’ont pas été faits conformément aux politiques qui devaient s’appliquer à son syndicat».

Mme Lévesque reconnaît qu’aucune règle claire n’encadre le travail des syndicalistes et que leur horaire ne se déroule pas toujours entre 8 h et 16 h. Mais cela n’est pas une excuse…

«Quand ce n’est pas statué, ça ne donne pas le droit de faire n’importe quoi. Quand il n’a pas de politique, tu ne peux pas te faire justice toi-même. C’est là le problème», insiste-t-elle.

Selon cette femme, Guy Yergeau ne pouvait pas être payé comme formateur pour la Fédération pendant qu’il était libéré pour ses fonctions syndicales, même s’il affirmait récupérer ainsi ses heures supplémentaires.

«Il n’a pas le droit d’avoir une double rémunération pour faire de la formation», poursuit-elle.

Questionnée à savoir si l’utilisation du mot fraude était exagérée dans cette histoire, Mme Lévesque estime que non.

Sans l’ombre d’un doute, ce syndicat traverse actuellement une situation de crise.

Onde de choc

Au cœur de cette controverse, M. Yergeau a l’impression de faire l’objet d’une vengeance. Il dit être réputé pour tenir tête à ses opposants et ne pas mâcher ses mots pour dire ce qu’il pense, ce qui ne ferait pas l’affaire de tous.

Son règne à titre de président tire donc à sa fin. Il veut réintégrer ses fonctions d’éducateurs au pavillon Laforest de Drummondville, disant se sentir plus en sécurité avec ses délinquants que le syndicat.

«Je veux que ça finisse. C’est ma santé, ma vie, mon couple et ma famille qui en dépend», laisse-t-il tomber, visiblement démoli.

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