Deux fois moins d’avortements à Drummondville

Deux fois moins d’avortements à Drummondville
Voilà à quoi ressemble un fœtus de dix semaines.

Poursuivre ou non sa grossesse, voilà la décision de toute une vie. Au CLSC Drummond, environ 175 avortements sont effectués chaque année. Comparativement au nombre de naissances, qui s’élève, dans la région, à plus de 1000 par année, la proportion rapporte une interruption de grossesse sur six. Au Québec, c’est à peu près une sur trois.

Les deux infirmières du CLSC Drummond ayant accordé une entrevue à L’Express, de façon anonyme, peuvent expliquer, du moins en partie, pourquoi la proportion d’avortements, par rapport au nombre de naissances, est à ce point plus faible ici que l’ensemble de la province.

C’est qu’à Drummondville, les ressources sont limitées pour ce type d’interventions. «On fait quatre interruptions de grossesse par semaine, sauf qu’on en réfère à l’extérieur aussi. On fait des interventions jusqu’à 12 semaines de grossesse. Aussi, si on n’est pas capable de répondre au débit de la demande, on est obligé de référer ailleurs», ont-elles informé.

Cependant, un suivi avec une travailleuse sociale est offert pour valider la décision d’interrompre la grossesse. La plupart du temps, elle s’adresse à la femme, mais parfois aussi au couple. Au besoin, le conjoint peut également être rencontré individuellement. De plus, l’aide psychologique est disponible après l’avortement, pour la durée d’un an.

Le but est de proposer des pistes pour que la femme prenne la meilleure décision, sans pression extérieure.

«Pro-choix»… ou «pro-réalité»

Dans le cas d’une incertitude, la femme est invitée à considérer sa situation financière, à savoir si elle est en mesure d’assumer financièrement une grossesse.

Elle peut se demander si elle est bien accompagnée, si elle a de l’aide autour d’elle. «On s’entend pour dire qu’un bébé, c’est 24 heures par jour. Et ce n’est pas toujours drôle…», ont-elles signifié.

Par exemple, il est aussi utile de questionner si la personne gravite dans un environnement de violence ou si elle peut concilier sa grossesse avec ses projets de vie professionnelle ou scolaire.

Parfois, il est aussi question de principes religieux. «Par exemple, si une personne catholique ne veut pas se faire avorter parce que le pape est contre ça, on lui demande si, pour elle, cela a du sens», ont illustré les femmes.

Ce qui prime, chez ces «pro-choix», c’est que la personne prenne un choix dans lequel elle va être bien, un accompagnement respectueux, sans aucune pression, d’un côté ou de l’autre. «Notre rôle, c’est d’accompagner cette personne le mieux possible dans le moment, probablement, le plus pénible de sa vie et qu’elle vit de façon complètement isolée parce que, bien souvent, personne d’autre le sait», ont-elles ajouté.

Il faut dire que des cas extrêmes, de viol ou autres, font partie de la réalité, même s’il s’agit de cas marginaux, tout comme celles qui doivent se faire avorter plus d’une fois. «Des filles qui viennent deux, trois ou quatre fois, c’est juste des filles malchanceuses. Certaines sont très fertiles alors que d’autres ont pris plusieurs chances et elles ne sont jamais tombées enceintes», ont-elles expliqué.

Ces «pro-choix» sont tout à fait contre le fait que l’avortement soit considéré comme un moyen de contraception.

Chose certaine, le sujet reste tabou. «Même le fait de dire qu’on travaille là-dedans, parfois, on se fait regarder de travers», ont-elles finalement laissé tomber.

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