Yvan Landry chouchoute des traversiers depuis 30 ans

Yvan Landry chouchoute des traversiers depuis 30 ans
Yvan Landry, sur le pont du traversier (Photo : Gracieuseté)

PROFESSION. Pour le Drummondvillois Yvan Landry, un moteur, c’est un moteur. Et il gagne sa vie en en réparant des gros, plus gros que ce qu’on pourrait imaginer…

Yvan Landry exerce un métier particulier : il est chef mécanicien depuis des années pour la Société des traversiers du Québec, à Sorel-Tracy.

Passionné par le large, comme plusieurs membres de sa famille, Yvan Landry ne s’est jamais posé de question quant à son choix de carrière. «C’était évident que j’allais finir sur un bateau. J’avais hâte d’y aller, ça pressait : j’ai quitté l’école à 16 ans pour partir naviguer. Mon secondaire trois n’était même pas fini», raconte-t-il.

Cependant, il incite plutôt ceux qui souhaitent débuter dans le domaine de terminer leurs études avant. «J’ai tout fait à l’envers, je ne le recommande pas», rigole-t-il. Il donne l’exemple de l’Institut maritime du Québec, qu’il tient en haute estime, pour ceux qui souhaiteraient entamer une carrière dans le domaine.

Il a débuté sa carrière sur les pétroliers en 1976, et ne compte plus les jours où il a été en mer, loin de sa famille.

«Dans mon temps, on partait 84 jours au large, et on revenait pour 32 jours. Un moment donné, la vie de famille prenait plus de place, et je n’avais plus envie de partir longtemps.» C’est de cette façon qu’il a débuté avec la Société des traversiers du Québec, lorsqu’un poste s’est libéré à Sorel-Tracy.

Cela fait maintenant trente ans qu’il gagne sa vie avec l’organisation gouvernementale. Aujourd’hui, il agit à titre de chef mécanicien, c’est-à-dire qu’il coordonne toutes les opérations de la salle des machines, gère les bons de commandes, dirige le personnel et s’occupe de la gestion de maintenance. «C’est plus du travail de bureau», explique-t-il. En somme, son travail consiste à garder le traversier en fonction et en bon état.

Sauf que, depuis ses débuts dans les années 1970, les choses ont bien changé…

«Un moteur, ça reste un moteur. C’est surtout la technologie qui a changé, et notre rapport à la sécurité», dévoile M. Landry.

En effet, les attentats du 11 septembre 2001, à New-York, ont eu des répercussions jusque dans la salle des machines du bateau faisant la liaison entre Sorel-Tracy et Saint-Ignace-de-Loyola. «Ce n’est plus du tout les mêmes mesures de sécurité qui sont en vigueur aujourd’hui, si on compare il y a vingt ans. Qu’on le veuille ou non, nous sommes une cible : quelqu’un qui veut faire beaucoup de mal en peu de temps, il va choisir un endroit où il y a beaucoup de monde. Si je perds mon cargo dans le fleuve rempli de haricots, c’est tel que tel. Si je le perds et que 300 passagers se noient, ce ne sera pas la même histoire…»

Si Yvan Landry et son équipe sont conscients des dangers, ils ne sont pas nécessairement craintifs pour autant.
«C’est déjà arrivé qu’on retrouve un téléphone dans le plafond des toilettes des hommes. Nous avons alerté les autorités, mais nous n’avons jamais eu de suite. En même temps, Sorel a un historique chargé en matière de drôles d’histoires», blague-t-il.

Dans la salle des machines.

Une pénurie de main-d’œuvre

La main-d’œuvre se fait rare sur les bateaux de la Société des traversiers. «Il n’y a pas assez d’étudiants qui sortent de l’école pour combler tous les postes vacants alors que les retraites sont trop nombreuses. J’ai l’impression que beaucoup de gens ne sont pas au courant qu’il y a une école à Rimouski, et que plusieurs préjugés persistent. Ce serait bien de faire plus de promotion pour ce genre de métier», estime Yvan Landry.
Pour le marin expérimenté, la relève est essentielle. «Ça prend de l’expérience, mais ça prend aussi de la jeunesse et de la fougue.»

Plein de projets

Avec ses quarante ans d’expérience derrière la cravate, les possibilités sont infinies pour Yvan Landry : il peut aller travailler sur n’importe quel bateau, que ce soit un traversier, un pétrolier ou un bateau de croisière à destination des Antilles. D’ailleurs, il n’exclut pas l’option de partir en Floride et travailler à contrat là-bas durant ses vieux jours, avec sa conjointe.

Quoiqu’il en soit, la mer aura toujours été un grand amour pour le Drummondvillois.

D’ailleurs, s’il avait à décrire le fleuve Saint-Laurent à une personne non-voyante, que dirait-il? Yvan Landry répond sans hésitation. «C’est la 8e merveille du monde. Il n’y a rien de plus beau, de plus vivant que le fleuve.»

Partager cet article