«Vivre différents défis me permet de progresser»

«Vivre différents défis me permet de progresser»
Dominique Ducharme

HOCKEY. Dominique Ducharme est actuellement l’une des personnalités les plus en vue à travers le hockey junior canadien. Trois semaines après sa participation au championnat mondial junior, l’entraîneur-chef et directeur général des Voltigeurs a répondu en long et en large aux questions des amateurs par l’entremise d’une vidéo diffusée en direct sur la page Facebook de la LHJMQ.

Malgré la défaite crève-cœur d’Équipe Canada face aux États-Unis en finale du tournoi disputé à Toronto ainsi qu’à Montréal, Ducharme est aujourd’hui sans regret. Il conserve un excellent souvenir de cette expérience qu’il a qualifiée de formidable en dépit de l’amertume du dénouement.

«De vivre ça au Canada, c’était encore plus spécial. Le feeling était différent de ce que j’ai vécu en Finlande. On percevait tout la passion et le support des partisans. Par exemple, quand on a accédé à la finale en battant la Suède, c’était une grande satisfaction de sentir l’appui des gens au Centre Bell», a confié celui qui a continuellement gravi les échelons au sein du programme de Hockey Canada.

Comme plusieurs partisans, Ducharme aurait préféré voir la finale se poursuivre en prolongation plutôt que de se retrouver en fusillade. «Assurément! Mais on savait le règlement. Entre la prolongation et la fusillade, on a senti l’énergie et l’atmosphère changer dans l’amphithéâtre et sur le banc. Si on avait gagné, on n’en parlerait pas aujourd’hui. Il faut vivre avec ça. C’était un match intense et on a tout laissé sur la glace.»

À plusieurs reprises avant la compétition, Ducharme avait émis sa volonté d’assembler une équipe «spéciale». Dans son esprit, ce terme avait une signification bien précise. «C’est un tournoi tellement compétitif. Il faut mettre toutes les chances de notre côté. On a donc identifié des joueurs spéciaux, capables de jouer un rôle bien spécifique, mais ça ne s’arrêtait pas seulement à ce qu’on voit sur la glace. On a porté une attention particulière à leur attitude et à leur façon de faire face à la pression et l’adversité», a-t-il expliqué, en se disant particulièrement fier de la contribution des joueurs de la LHJMQ.

Au sujet de la fameuse controverse entourant la place du français dans le vestiaire d’Équipe Canada, Ducharme a tenu à apporter d’importantes précisions. «On n’a jamais empêché les joueurs de parler français. Moi-même, je parlais en français dans les rencontres individuelles ou quand je m’adressais aux francophones sur le banc. Mais lorsque des anglophones étaient présents, on demandait aux francophones de parler en anglais. On voulait s’assurer que tout le monde se sente inclus dans l’équipe. C’est d’ailleurs la même façon de faire dans nos équipes juniors. Pour former une équipe forte, ça prend un langage qui rejoint tout le monde.»

«Tout le monde en sort gagnant, a-t-il ajouté. Avec Équipe Canada, des joueurs anglophones ont même appris quelques mots en français. Même chose à Drummondville, où nos anglophones progressent continuellement dans leur apprentissage du français.»

Des expériences diversifiées

Revenant sur son passage de cinq ans à la tête des Mooseheads de Halifax, Ducharme a salué la détermination de ses joueurs en route vers la conquête de la coupe Memorial en 2012-2013. «Pendant la saison, on voyait qu’on s’en allait dans la bonne direction, mais on n’a jamais rien pris pour acquis. Nos joueurs ont toujours repoussé leurs limites, de telle sorte que l’équipe n’a jamais cessé de s’améliorer.»

Disant avoir apprécié l’accueil chaleureux des partisans et de l’organisation lors de son récent retour à Halifax, il s’est réjoui pour ses anciens protégés Nathan MacKinnon, Jonathan Drouin et Nikolaj Ehlers, qui évoluent aujourd’hui dans la LNH. «On suit leur évolution, mais aussi celle de chacun de nos anciens joueurs. Certains jouent dans les rangs universitaires ou en Europe. D’autres ont pris le chemin de l’école et pratiquent aujourd’hui différents métiers. Chacun se développe selon son potentiel.»

L’homme de hockey de 43 ans a également affirmé que son expérience dans le hockey junior AAA, à Joliette, entre 2004 et 2008, lui a grandement été bénéfique. «On est parti de rien, seulement d’une feuille blanche. J’ai pris beaucoup d’expérience côté hockey, mais aussi dans tout le reste. J’ai touché à plusieurs choses. Ça m’aide aujourd’hui dans mes tâches de DG. D’avoir vécu des tournois de courte durée aux coupes Fred-Page et Banque Royale, ça m’a aussi aidé à la coupe Memorial et au championnat mondial.»

Appelé à identifier une personne l’ayant inspiré, Ducharme a cité Bob Hartley, Jacques Laporte, Pascal Vincent, Joël Bouchard, Dale Hunter et Cam Russell. «Chacun m’a aidé à sa façon. À travers ces expériences, j’en ai pris une partie et je l’ai modelé à ma personnalité. Le plus important, c’est de rester soi-même.»

Au sujet de son expérience de diriger des athlètes de haut calibre, Ducharme a dit travailler avec eux au quotidien, comme il le fait avec n’importe quel joueur. «Il n’y a que le potentiel qui est différent pour chaque joueur. Même si le potentiel de certains est plus élevé, ils demeurent des jeunes hommes entre 16 et 20 ans. On doit les aider à exploiter leurs forces et à corriger certaines faiblesses, tant mentalement que sur la glace. On ne les coache pas différemment.»

Ne cachant pas son désir de diriger chez les professionnels un jour, Ducharme s’est décrit comme un entraîneur à la fois calme, intense et exigeant. «Avec moi, les joueurs savent à quoi s’en tenir. C’est important de bien communiquer avec eux. Il ne doit pas y avoir de zones grises. Et pour progresser, il faut mettre la barre haute. Les joueurs doivent toujours chercher à repousser leurs limites.»

«Pour ma part, j’adore ce que je fais. Vivre différents défis me permet de progresser d’une année à l’autre. Tant le défi d’Équipe Canada que celui des Voltigeurs me font avancer comme entraîneur.»

Jeunes, mais déjà compétitifs

Neuf mois après son embauche par les Voltigeurs, le successeur de Dominic Ricard s’est dit choyé de faire partie d’une organisation aussi solide. «J’ai été très bien accueilli. Dès qu’on arrive chez les Voltigeurs, on voit que c’est une grande famille. Je me suis vite senti chez moi.»

Durant la dernière période des transactions, Ducharme et ses acolytes ont accentué la reconstruction de l’équipe en procédant à de nombreux mouvements de personnel, n’hésitant pas à soumettre certains joueurs au ballottage. «On voulait s’assurer de rebâtir avec de jeunes qui cadrent dans l’identité de l’équipe, tant sur la glace qu’en dehors. Ce sont des décisions qu’on a pris pour le futur de l’équipe.»

Aujourd’hui, les Voltigeurs forment une équipe inexpérimentée, mais déjà compétitive. «Nos jeunes sont très réceptifs et ils progressent rapidement. Ils veulent apprendre et travailler. J’adore l’énergie et l’atmosphère qui règnent dans l’équipe actuellement. Je suis fier de la façon dont les jeunes répondent aux défis. D’ici la fin de la saison, on veut s’assurer d’être une équipe difficile à affronter. Le plus important, c’est de faire progresser nos jeunes à un autre niveau. On veut préparer l’équipe pour les années futures.»

Questionné au sujet de la jeune sensation Olivier Rodrigue, Ducharme a souligné son calme, sa confiance et sa lecture du jeu, des qualités qui lui rappellent celles de Zachary Fucale au même âge. «Comme tout jeune joueur, Olivier a encore des choses à travailler. Peu importe le niveau, personne n’est parfait. Même Sidney Crosby veut toujours s’améliorer. Mais jusqu’ici, on est satisfait de sa progression. Il a gagné en assurance, en expérience et en force physique. Déjà, il fait la différence dans certains matchs. C’est réconfortant de savoir qu’il sera devant notre filet pour encore plusieurs années.»

Ayant également abordé le sujet des statistiques avancées, de la préparation d’avant-match et de la communication avec les officiels, Ducharme se prépare à épauler l’entraîneur-chef d’équipe Orr, Guy Chouinard, lors du match des meilleurs espoirs de la Ligue canadienne en vue du repêchage de la Ligue nationale. Cette rencontre aura lieu lundi soir, à Québec.

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