Le Village québécois d’antan veut une reconnaissance nationale

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Par Jean-Pierre Boisvert
Le Village québécois d’antan veut une reconnaissance nationale
Pierre Levasseur et Guy Bellehumeur (Photo : Photo Ghyslain Bergeron)

Le Village québécois d’antan veut une reconnaissance nationale et, bien que les démarches soient prometteuses, le processus devra s’accompagner de gros investissements.

Pierre Levasseur, le président du conseil d’administration du VQA, et le directeur général Guy Bellehumeur, en entrevue avec L’Express, ont dévoilé, d’une part, la stratégie élaborée depuis plus d’un an et demi pour soutenir cette demande et, d’autre part, la vision qui l’accompagne pour exploiter le plein potentiel de ce site historico-touristique unique au Québec.

En vue d’établir un plan stratégique, la firme Lemay, de Québec, a été mandatée pour décrire le portrait général de la situation et trois constats en ont découlé : des bâtiments à rénover, une gouvernance à améliorer et des projets innovateurs à mettre sur pied durant la période estivale, là où précisément se joue la mission fondamentale du Village québécois d’antan.

La rénovation des bâtiments s’avère la tâche la plus colossale… et la plus dispendieuse. «Nous avions besoin d’un diagnostic sur l’état de nos bâtisses qui évidemment n’étaient pas neuves quand le Village en a fait l’acquisition, d’expliquer M. Levasseur. Nous avons demandé à la firme d’architectes Demers-Pelletier d’évaluer le travail à faire sur chacun des 119 bâtiments. Il en ressort que le coût total sera de 7 millions de dollars. C’est une rénovation complexe qui exige un travail minutieux pour respecter le cachet de l’époque, tout en utilisant des matériaux qui sont en accord avec le 19e siècle. En gros, on demande deux millions de dollars à Ottawa, deux millions à Québec et deux millions à la Ville de Drummondville. Nous prévoyons une levée de fonds dans la communauté avec l’objectif de récolter un million $».

Une fois ce travail complété, le plan de mise à niveau prévoit un accroissement des dépenses liées à l’entretien. Pour cela, les administrateurs demanderont des subventions récurrentes à hauteur de 300 000 $ au gouvernement du Canada et d’une même somme au gouvernement du Québec. À la Ville, nous espérons que son aide financière annuelle passera de 200 000 $ à 500 000 $.

«Bien sûr, nous devons sensibiliser nos gouvernements et nous avons rencontré à Ottawa la conseillère principale de la ministre Mélanie Joly afin de voir ce que Patrimoine Canada peut faire pour nous aider. Le maire Alexandre Cusson nous a accompagnés. Nous avons fait valoir que Upper Canada Village, qui a un profil semblable au nôtre, profitait de subventions intéressantes», a souligné l’ancien conseiller municipal.

«Ce sont plus que des subventions, a renchéri Guy Bellehumeur qui a visité le site touristique situé dans l’est ontarien. Les employés de Upper Canada Village sont embauchés par la fonction publique de l’Ontario avec toutes les conditions qui y sont rattachées. Ce site, qui fait partie de la Commission des parcs du Saint-Laurent, met en valeur la culture du Haut-Canada alors que le VQA possède une distinction québécoise démontrant comment on vivait dans un village québécois au 19e siècle».

Si le VQA n’a jamais obtenu de subventions, c’est qu’il n’en a jamais demandées. «Nous sommes coupables en partie», reconnait Pierre Levasseur.

Les administrateurs ont également rendu visite à la ministre du Tourisme Julie Boulet. «Nous avons été bien accueillis et bien entendus. Nous attendons de ce ministère qu’on nous aide à développer une programmation. L’embauche d’un chargé de projet contractuel sera une aide précieuse. Cette personne aurait à préparer les projets. Nous en avons identifiés quelques-uns dont celui d’aménager une ferme, incluant les animaux et la machinerie agricole. Nous sommes confiants qu’une réponse nous parviendra bientôt dans ce dossier», a-t-il confié.

Gouvernance

Au chapitre de la gouvernance, Guy Bellehumeur, qui est entré en fonction l’été dernier, a procédé à des correctifs et revu la gestion de l’organisme. «Il a fallu déléguer davantage et bâtir des plans d’affaires. L’équipe a changé passablement en raison de la révision de la structure de travail. Nous comptons une vingtaine de permanents mais avec les saisonniers, le nombre des employés est de plus de 250. Pour l’année 2016, nous avons dû préparer 406 formulaires T-4 pour les impôts».

La prochaine démarche s’effectuera au début de 2018 auprès de la ministre de la Culture Marie Montpetit. «Le Village fait beaucoup la promotion de la culture québécoise», se dit d’avis M. Bellehumeur.

Le budget 2017 du VQA a subi un dur coup cet été avec l’effet raté du «Village invisible». M. Levasseur l’admet : «Ce fut un échec. Je ne peux en dire davantage pour le moment car l’affaire est devant les tribunaux, mais au lieu de générer des recettes, nous devons essuyé un déficit». Le budget annuel du VQA est près de 5 millions $.

«Le Village québécois d’antan, ce n’est pas La Ronde ni le Zoo de Granby. On devra jouer sur nos forces. Mettre en scène un curé, une boulangère, une fermière qui racontent des histoires de l’époque. Non seulement pour le plaisir mais aussi pour apprendre», clament MM. Levasseur et Bellehumeur.

Pour le conseil d’administration du VQA, l’équation est simple : reconnaissance nationale = rénovations + financement récurrent = survie.

 

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