Vaillancourt, un exemple de transition bien réussie

Vaillancourt, un exemple de transition bien réussie
Vaillancourt Portes et Fenêtres souligne cette année son 70e anniversaire de fondation. Sur ce cliché

AFFAIRES. Depuis plusieurs années, on qualifie la région de Drummondville comme l’une des capitales des PME. Ce qualificatif, la région le doit à des entreprises performantes qui ont su traverser les décennies avec succès et qui ont su se positionner comme des chefs de file dans leur domaine respectif. 

Parmi ces histoires à succès, on retrouve bon nombre d’entreprises qui sont nées ici, qui sont demeurées ici, qui continuent de croire au plein potentiel de la région, et qui appartiennent toujours à des intérêts locaux. Et parmi ces entreprises, Vaillancourt Portes et Fenêtres vient probablement en tête de liste.

Vaillancourt, c’est 70 ans d’histoire, 70 ans d’évolution et c’est surtout le succès d’une famille, le succès de trois générations. Mais le plus important, c’est que chez les Vaillancourt, de pères en fils, on a toujours cru en soi et on s’est toujours fait un point d’honneur d’offrir au public des produits de très grande qualité.

Une transition réussie

Il n’y a pas beaucoup d’entreprises familiales qui traversent la cinquantaine d’années d’existence, tout simplement en raison d’un manque de relève.

Chez Vaillancourt, on a fait fi des statistiques. En 2017,  ce sont 70 ans d’histoire qu’on vit, 70 ans bien sonnés. Et aujourd’hui, Vaillancourt est reconnue comme le plus «vieux» manufacturier de portes et de fenêtres de cette envergure sur la scène provinciale. «D’autres grands joueurs ont fermé au cours des dernières années par manque de relève ou pour d’autres raisons mais chez Vaillancourt, nous avons réussi cette transition entrepreneuriale de belle façon», soulignent les copropriétaires Pierre et Carl Vaillancourt.

En 1947, le fondateur Raymond Vaillancourt n’avait sûrement aucune idée de ce qu’allait devenir l’entreprise qu’il a lancée dans un garage de fond de cour, rue Notre-Dame. Une chose qu’il a toutefois réussie, c’est d’intéresser son fils Réal à l’appuyer dans le développement de l’entreprise. Et comme c’est souvent le cas, l’arrivée d’une jeune relève voulant mettre de l’avant de nouvelles façons de faire, jeunesse doublée à l’expérience et au savoir d’un fondateur prêt à céder sa place pour l’essor de son entreprise, a vite permis à Vaillancourt de se positionner dans le domaine des portes et fenêtres.

«Mon père était un artisan à l’emploi de Dominion Textile. Quand il a démarré l’entreprise de la rue Notre-Dame, c’était un hobby. Il y faisait de tout, des châssis doubles, des pattes de chaises. J’ai été le premier employé à temps plein de Vaillancourt, mon père continuant à travailler à l’usine. C’est un peu plus tard qu’on s’est lancé pour de bon dans la fenestration, plus précisément après avoir obtenu le contrat de remplacer toutes les fenêtres de la Dominion Textile en 1954. On s’est dit que si nous pouvions remplacer la fenestration de toute une usine, on pouvait sûrement fabriquer des fenêtres pour toutes les résidences. Mon père m’a vraiment fait de la place à l’intérieur de l’entreprise et il savait que je voulais en assurer la pérennité. Quand il a décidé de passer le flambeau, j’étais prêt. J’avais appris à la dure mais je connaissais tous les rouages», se remémore Réal Vaillancourt qui s’est fait un devoir d’agir de la même façon avec ses propres fils.

«Quand j’ai eu 50-55 ans, j’ai laissé connaître mes intentions aux garçons. Je ne voulais pas les forcer ni les obliger à prendre la relève mais je leur ai dit que s’ils voulaient le faire, la décision finale leur revenait», ajoute celui qui profite depuis plusieurs années d’une retraite bien méritée.

Et ce deuxième «transfert des pouvoirs» s’est répété fin des années 1980 et début des années 1990 alors que Pierre et Carl ont décidé d’assurer la relève de l’entreprise familiale. Ainsi, une troisième génération se retrouvait à la tête de Vaillancourt dans le but évident de voir l’entreprise connaître une croissance régulière.

«La transition s’est tout de même bien faite. Elle n’a pas toujours été facile car nous avons des caractères différents. On a eu de bonnes discussions mais dans l’ensemble nous avons travaillé dans un seul but : le succès de l’entreprise», renchérit le doyen Réal.

Quant à Pierre et Carl, maintenant les deux copropriétaires, ils se disent chanceux d’avoir pu compter sur leur père, mais surtout sur une personne ouverte d’esprit et également ouverte aux changements.

«Plusieurs entrepreneurs ont échoué quand est venu le temps de céder leur entreprise à leurs enfants, bien souvent parce qu’ils ont voulu continuer à exercer un pouvoir de direction. Notre père nous a fait confiance. En plus d’être un modèle comme employeur et employé, il nous a vraiment préparés à assurer la continuité. C’est certain qu’à l’occasion, il y a eu des chocs d’idées mais tout le monde a su démontrer une ouverture d’esprit et c’est ce qui nous a permis d’avancer. Nous voulions assurer cette relève et surtout nous ne voulions pas tasser nos prédécesseurs. Au contraire, Réal a été un très bon coach et nous avons été en mesure de créer un pont générationnel qui a été exceptionnel», de dire les frères Vaillancourt.

Une histoire à succès

Si Vaillancourt a traversé les décennies avec autant de succès, c’est que ses propriétaires, Raymond, Réal et aujourd’hui Pierre et Carl, ont su bien s’entourer et, surtout, ont su mettre de l’avant de bonnes pratiques de travail.

Au cours des dix dernières années, Vaillancourt a connu une forte croissance. En fait, cette croissance coïncide avec l’ouverture de la nouvelle bâtisse à Saint-Germain (une bâtisse-usine de 100 000 pieds carrés initialement qui, aujourd’hui, fait 130 000 pieds carrés alors que celle de la rue Saint-Pierre n’avait que 60 000 pieds carrés).

«De 2006 à 2010, nous avons doublé notre chiffre d’affaires. On était vraiment sur la vague et on suivait la tendance.  Depuis 2010, nous sommes beaucoup plus au-dessus de la vague, en ce sens que nous travaillons beaucoup à améliorer nos produits. Nous avons investi énormément à l’intérieur de l’usine, tant dans l’embauche de personnel que dans nos façons de faire. Aujourd’hui, Vaillancourt c’est tout de même 180 employés. Et nous voulons continuer à nous améliorer, à progresser car en 2018, nous croyons pouvoir dépasser la vague», soulignent les frères Vaillancourt qui aiment bien travailler en équipe.

Une 4e génération à venir ?

Si on suit la tendance et si Vaillancourt veut continuer à être un leader dans son domaine, faut-il croire que Pierre et Carl sont en train de préparer leur propre relève ? À cette question, les deux frères demeurent prudents.

«Il ne faut jamais dire jamais mais nous savons que ce sera un gros défi, et ce pour plusieurs raisons. Nos parents nous ont laissé le choix de suivre ou non leurs traces et nous avons l’intention d’agir de la même façon. Cependant, c’est à nous de préparer la relève. Si nos enfants veulent assurer cette pérennité, nous allons bien les encadrer. Lorsqu’ils seront prêts, ils connaîtront tout de l’entreprise, tous les recoins. Une chose est sûre : c’est qu’il y a une place pour eux, chez eux», concluent Pierre et Carl Vaillancourt qui pensent déjà en fonction d’une autre décennie de succès.

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