C’est quoi le «trip» de vouloir faire du bruit?

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Par Jean-Pierre Boisvert
C’est quoi le «trip» de vouloir faire du bruit?
(Photo : Depositphoto)

COMMENTAIRE. Vous ne trouvez pas vous autres qu’il y a beaucoup de bruit dérangeant dans le monde d’aujourd’hui? Tondeuses assommantes le dimanche après-midi, chiens jappeurs à minuit, chars modifiés, motos assourdissantes, feux d’artifices qui pètent à 23 heures, souffleurs à feuilles et coupe-bordures à gaz, musiques de rap aux petites heures du matin, bon vous avez compris!

Tout ça devient agressant à la longue et un être humain normalement constitué aurait de quoi virer fou si toutes ces activités assourdissantes l’atteignaient la même journée.

Remarquez que couper le gazon et entretenir sa propriété ne sont pas des opérations inutiles. Ce qui n’est pas le cas des bolides sur deux roues qui crachent des décibels insupportables en accélération. Pour être certains qu’ils vont se faire entendre par le plus de monde possible, les propriétaires modifient le silencieux de leur bicycle, une altération dispendieuse et illégale qui pourrait peut-être s’expliquer, dirait un psychologue, par un manque d’attention datant de l’enfance.

Bonne nouvelle : faire du bruit à moto au Québec, comme le soulignait Le Devoir, pourrait devenir chose du passé, puisque les policiers devraient prochainement se doter de sonomètres pour mesurer les décibels émis par les systèmes d’échappement.

C’est un projet pilote, mis en place par la Société d’assurance automobile du Québec, qui a permis de mesurer efficacement le niveau de bruit (en décibels) émis par le système d’échappement des motos et des cyclomoteurs. Les sonomètres mis à l’essai durant cinq ans ont été concluants selon la SAAQ qui précise toutefois que la nouvelle «mesure entrera en vigueur lorsque le règlement l’encadrant sera prêt».

Ce n’est pas d’hier que les gens se plaignent du bruit abasourdissant que font les motos utilisant un «straight pipe». Ça dépasse de beaucoup la limite permise des 100 décibels.

Au cours des dernières campagnes électorales municipales, des candidates et candidates ont fait valoir que les récriminations les plus souvent entendues par les citoyens rencontrés dans leurs tournées porte-à-porte concernaient surtout la vitesse des véhicules et le bruit.

Je me souviens d’une fois où l’hôtel de ville de Drummondville s’était rempli d’amateurs de motos lors d’une assemblée des élus parce qu’ils craignaient, comme le laissait entendre la rumeur, qu’un règlement municipal soit adopté pour interdire les bolides sur deux roues de stationner dans le centre-ville. Des plaintes étaient parvenues aux autorités municipales de la part, entre autres, de clients de terrasses, dont celle du Charlemagne à l’époque, qui détestaient le bruit et la fumée que dégageaient les motos à quelques mètres de leurs tables. En fin de compte, les motocyclistes avaient promis au conseil municipal de se discipliner entre eux et d’avertir ceux qui abusaient de leurs moteurs agressants. Ils les connaissaient, ce sont toujours les mêmes de toute façon qui commettent ce genre d’impolitesse.

Encore une fois, c’est la volonté populaire qui va forcer les gouvernements à serrer la vis à ceux qui exagèrent et qui ne semblent pas conscients des turbulences sonores qu’ils créent. Inutilement.

Le pire dans tout ça, c’est que les jeunes les imitent, avec leur zézette (comprendre cyclomoteur) et leur moteur gonflé aux stéroïdes. Comme voisins, vous le savez à quelle heure qu’ils rentrent la fin de semaine et c’est souvent au milieu de la nuit!

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