Le Tour paramédic Québec : pédaler pour être reconnu

Le Tour paramédic Québec : pédaler pour être reconnu
Carl Plouffe, Jeff Crouse et Allen Pruden (Photo : Photo : Frédéric Marcoux)

CYCLISME. Les 130 cyclistes participant à la troisième édition du Tour paramédic Québec se sont arrêtés à l’hôtel Le Dauphin, vendredi soir, à Drummondville. Tous étaient animés par le désir de sensibiliser la population aux problèmes vécus par les ambulanciers de partout au pays.

«On amasse des fonds pour bâtir un monument commémoratif sur la colline parlementaire à Ottawa, a expliqué le porte-parole du Tour paramédic Québec, Francis Brisebois. On roule en vélo pour commémorer nos collègues décédés dans le devoir et pour sensibiliser la population au sujet du stress post-traumatique vécu par les paramédics.»

En Ontario, un événement similaire existe depuis cinq ans. Les ambulanciers des deux provinces ont profité de l’occasion pour tenir leur tour de vélo respectif en même temps, pour arriver tous ensemble à la colline parlementaire à Ottawa, lundi, à 16h. Un groupe de cyclistes est parti de Lévis, vendredi matin, tandis qu’un autre a fait de même en partance de Toronto, avant de se rejoindre au Centre-du-Québec. Le périple est long d’un peu moins de 600 kilomètres.

Francis Brisebois a laissé entendre que les ambulanciers sont parfois exposés à des cas «stressants» et «difficiles à voir». Il est d’avis que l’événement permet donc de créer un sentiment de camaraderie entre les ambulanciers, puisqu’ils sont confrontés au même genre d’épreuves sur le plan professionnel. Il  a précisé que la dépression, le suicide et le stress post-traumatique frappent souvent ces travailleurs du domaine de la santé. À long terme, ce dernier souhaite une meilleure reconnaissance du métier d’ambulancier.

Francis Brisebois

«Les paramédics peuvent être utilisés pour bonifier l’offre dans le domaine de la santé, de juger celui qui est dans le domaine depuis cinq ans. Ils sont en mesure de faire plusieurs choses et leur champ de pratiques pourrait être plus développé. Par exemple, il y a des projets de paramédecine communautaire où ils sont attitrés à des résidences de personnes âgées […]. On se rencontre que les paramédics communautaires réduisent le temps dans les urgences.»

«Un mauvais souvenir sort de ma tête» chaque kilomètre

Deux amis ambulanciers de la Colombie-Britanique, Allen Pruden et Jeff Crouse, ont relevé le défi de leur ami Carl Plouffe, un participant originaire de Gatineau.

«Je suis un des organisateurs d’un tour de vélo similaire en Colombie-Britannique, a raconté Allen Pruden. Carl Plouffe m’a défié de venir participer à celui du Québec et j’ai accepté. C’est une expérience fantastique jusqu’à maintenant ! Je n’étais pas venu au Québec depuis l’âge de 10 ans.»

De son côté, Carl Plouffe a insisté sur l’importance d’un tel événement pour les ambulanciers qui souffrent parfois en silence.

«Les gens nous demandent souvent ”Quel est ton pire appel ?”, c’est comme si je te demandais “quel est ton pire cauchemar ?”. Nos pires appels, on les cache dans le fond de notre tête», de confier le Gatinois.

Allen Pruden a ajouté que le Tour paramédic Québec est  sa « thérapie», puisque chaque kilomètre de vélo parcouru fait en sorte qu’un « mauvais souvenir sort de ma tête».

«Ça valorise le travail qu’on fait, a renchéri Carl Plouffe. C’est parfois ingrat. Il faut penser à nos confrères qui souffrent en silence et qui sont oubliés. Le stress post-traumatique qu’on peut vivre n’est même pas reconnu comme une blessure au travail par le gouvernement. Les pompiers sont reconnus au niveau des cancers à cause de la fumée, mais nous, on n’est même pas capable de le reconnaître.»

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