Alexandre Forcier est remis en liberté sous de sévères conditions

Alexandre Forcier est remis en liberté sous de sévères conditions
Alexandre Forcier au moment de sa comparution au palais de justice de Drummondville en 2014

DRUMMONDVILLE. Accusé d’avoir tué son père en février 2013 dans la maison familiale à Saint-Bonaventure et déclaré non criminellement responsable l’automne dernier, Alexandre Forcier a été libéré par le Tribunal administratif du Québec (TAQ) sous de sévères conditions.

La décision du TAQ, prise par sa Commission d’examens des troubles mentaux, a été rendue le 20 juillet dernier. Le panel était formé de Gisèle Lacasse, avocate, Carole Ouellette, travailleuse sociale, et Marie-Luce Quintal, psychiatre.

Comme l’a expliqué Patricia Lévesque, porte-parole du TAQ, à partir du moment où un accusé reçoit un verdict de «non responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux», il est pris en charge par la Commission d’examens des troubles mentaux qui choisit l’institut psychiatrique où il sera hébergé, sous surveillance 24 heures par jour, qui évalue les modalités de détention et qui décide des conditions à respecter lorsqu’il est remis en liberté. La commission révise ses décisions à tous ans.

«Le cas de Guy Turcotte a été largement médiatisé mais les jugements déclarant une personne non criminellement responsable ne sont pas si rares», souligne-t-elle.

Pour une raison qui n’est pas déterminée, Alexandre Forcier a été gardé dans un institut situé sur le territoire du CSSS de l’Énergie dans la région de Shawinigan.

Le jeune homme a été libéré sous réserve des conditions suivantes : habiter à un endroit approuvé par le responsable de l’hôpital; se conformer au plan de traitement du médecin traitant; s’abstenir de consommer de l’alcool; s’abstenir de consommer toute drogue; garder la paix; se soumettre à des tests urinaires de dépistage de drogues; interdiction d’acquérir ou de posséder une arme blanche, une arme à feu ou des explosifs; et collaborer avec les intervenants du Centre, ainsi que ceux de Domrémy.

Rappelons que le juge de la Cour supérieure André Vincent avait reconnu Alexandre Forcier non criminellement responsable du meurtre de son père, Gérald, survenu dans la maison familiale de la route 133 à Saint-Bonaventure, le 11 février 2013. Lors du prononcé de son verdict, le magistrat s’était rendu aux conclusions du rapport du psychiatre Pierre Gagné de la clinique médico-légale de l’Université de Sherbrooke. Après avoir évalué l’accusé, le spécialiste a conclu qu’il était en proie à des hallucinations auditives au moment du drame. Il entendait des voix qui lui ordonnaient de tuer son père et il s’agissait d’une question de vie ou de mort.

Dans une partie du rapport du psychiatre, l’accusé racontait : «J’entendais des affaires dans ma tête, du monde que je connais. Je peux pas dire qui. J’avais peur que mon père tue ma mère ou bien un de ses amis à lui. J’entendais une voix qui disait: il faut que tu l’fasses, il faut que tu l’tues. Je savais pas pourquoi. Je me disais: il faut pas que ça soit trop tard, sans ça il va arriver quelque chose de pire, qu’il me tue, qu’il tue ma mère. J’ai entendu: faut que tu l’fasses, toute la nuit. J’suis allé chercher l’arme dans le garde-robe en haut. Je suis redescendu. Mon père était couché dans son lit au rez-de-chaussée. Il dormait. Il m’a pas parlé directement. On ne se parlait pas directement. Quand je suis arrivé devant lui, j’ai entendu: donne-moi un bec sur le front. Accote-le pas. J’ai pris l’arme. J’ai pas hésité pour tirer. J’ai tiré. Dans l’front». Plus loin, le jeune homme avait semblé avoir un remords d’avoir tué son père. Il mentionne: «Là, je m’en veux un peu d’avoir fait ça. Je pourrai plus le revoir. Je pourrai plus faire des activités».

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