Roland Morin a avoué son double meurtre après 15 ans de négation

Roland Morin a avoué son double meurtre après 15 ans de négation
Photo Ghyslain Bergeron

Pendant 15 ans, Roland Morin a nié être l’auteur du crime de Carole et Alexandre Blanchette. Il explique son silence par sa volonté de ne pas blesser son frère et sa conjointe qui n’ont jamais cessé de l’épauler depuis son arrestation, en 1990. Voici sa version des faits.

Le 27 avril 1990, Roland Morin aurait appelé son ex-conjointe, Carole Blanchette, pour lui dire qu’il irait la voir en après-midi pour discuter d’éléments concernant leur fils.

Au moment de sa naissance, M. Morin avait nié la paternité de cet enfant pour permettre à Mme Blanchette de recevoir ses prestations d’aide sociale. Or, il avait refait sa vie avec une nouvelle femme depuis leur séparation et tenait désormais à avoir la garde de son enfant, victime, selon lui, de négligence.

C’est ainsi que le jour du meurtre, Roland Morin a quitté en après-midi son travail qu’il occupait dans un garage de Notre-Dame-du-Bon-Conseil et s’est arrêté chez Mme Blanchette, une ex-danseuse nue avec qui il ne vivait plus depuis deux ans. À son arrivée, il dit avoir pris son fils dans ses bras et l’aurait envoyé jouer dans sa chambre pour s’entretenir avec son ex-concubine. Sitôt, cette dernière lui aurait dit : «Tu n’auras jamais la garde de ton fils».

M. Morin soutient avoir été surpris par cette affirmation, car selon ses dires, seul le personnel de l’aide sociale était au courant de ses démarches.

Les menaces au couteau

La victime n’aurait pas tardé à lui présenter un couteau de cuisine, ce que M. Morin n’aurait pas accepté. «Tu ne me feras pas ça une deuxième fois», aurait-il répliqué.

Cette affirmation faisait référence à une certaine nuit où, lorsqu’il était en couple, M. Morin était arrivé chez lui vers 3 h 30 de la nuit et y aurait trouvé son fils, encore debout, parmi une quinzaine de personnes, dont Mme Blanchette. M. Morin aurait donc demandé aux fêtards de quitter les lieux et, devant le refus de certains, il avait pris un bâton de baseball et frappé dans le vide, ainsi que sur les hanches d’un individu, pour que les gens comprennent le sérieux de ses propos.

Une fois au lit, sa conjointe de l’époque était venue le rejoindre avec un couteau de cuisine, que M. Morin aurait réussi à lui enlever à deux reprises. Au cours de cette chicane, M. Morin aurait pris Mme Blanchette par les épaules et l’aurait lancée au bout de ses bras, si bien qu’elle se serait fracassé la tête contre le calorifère.

Le jour du meurtre correspondrait donc, d’après lui, à la deuxième menace au couteau de Mme Blanchette. Cette fois, devant l’affront, M. Morin aurait pris un linge qu’il aurait enroulé autour du cou de la victime jusqu’à ce qu’elle perde connaissance.

Une fois la victime par terre, M. Morin lui aurait pris l’arme blanche de ses mains et se rappelle lui avoir donné un ou deux coups de couteau.

La suite lui échappe…

Par la suite, M. Morin aurait eu un trou de mémoire. Il se rappelle seulement être sorti dehors et, à bord de sa voiture, il aurait repris contact avec la réalité alors qu’il aurait failli entrer en collision avec un autre véhicule.

Finalement, il aurait appelé sa conjointe à son travail pour lui dire qu’il s’en allait chez le coiffeur et lui aurait demandé qu’elle vienne le rejoindre à cet endroit.

Questionné sur la rage excessive utilisée lors des meurtres, M. Morin croit qu’elle peut avoir été causée par les nombreux actes de violence commis par sa mère à son endroit, de telle sorte qu’il aurait perdu toute sensibilité.

Quant à savoir comment il avait pu tuer son fils alors qu’il faisait des démarches pour en voir la garde, ce dernier est resté sans réponse. «M. Morin mentionne qu’il ne se souvient pas avoir tué son fils», est-il inscrit dans le rapport synthèse.

Encore aujourd’hui, il dit éprouver beaucoup de peine et de culpabilité face à l’homicide de son fils qui, selon ses propos, avait été aimé et désiré.

Sans l’excuser, il comprend mieux le geste, tout de même inacceptable, posé à l’endroit de son ex-conjointe. Il avoue même ressentir parfois de la colère envers cette femme, qu’il considérait comme une mauvaise mère. Mais la mort de son fils resterait donc pour lui encore inexplicable.

Il nie les avoir tués pour l’argent des assurances

Si la version officielle fait état de meurtres planifiés en vue de recevoir de l’argent des assurances vies sur les deux victimes, que le sujet avait contractées quelques mois auparavant, M. Morin rétorque que les polices n’étaient pas encore valides, en raison des tests médicaux manquants.

«La version officielle demeure toujours fondamentalement différente de la version que nous donne M. Morin», est-il finalement exposé dans le document synthèse.

Et les victimes ne sont plus là pour en témoigner…

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