Les rebuts des autres sont de petits trésors pour Étienne Cyr

Photo de Cynthia Martel
Par Cynthia Martel
Les rebuts des autres sont de petits trésors pour Étienne Cyr
Deux des dernières œuvres d’Étienne Cyr, un robot-fauve pesant 83 livres et un robot-bulldog. Celles-ci seront exposées à Québec en juin. (Photo : Cynthia Giguère-Martel)

CULTURE. Depuis une vingtaine d’années, Étienne Cyr transforme les rebuts des autres en impressionnantes sculptures d’assemblage.

«Depuis que je suis tout petit que j’aime travailler avec mes mains. Je démontais souvent des trucs pour le plaisir de faire des robots. Je me rappelle d’une fois où j’en ai fait un avec les pièces d’un grille-pain (…) Au fur et à mesure, mes pièces devenaient de plus en plus grosses et raffinées. Il faut dire que mes parents me donnaient beaucoup de liberté. J’avais un petit atelier au sous-sol et je manipulais même des outils, comme une scie circulaire. Mes amis n’en revenaient pas!» se souvient-il, tout souriant.

Au départ, Étienne Cyr s’amusait à réaliser des répliques de personnages de films de science-fiction. «Mais je me suis tanné, car il n’y avait pas de défi créatif.»

Une seconde vie pour les matières

L’artiste autodidacte utilise presque tout ce qui lui tombe sous la main.

«Je récupère presque tout, sauf les tissus, le bois, la céramique, en fait, toutes les choses qui pourraient être cassantes ou qui pourraient se dégrader. Je prends tout ce qui a une forme intéressante.»

Pour trouver la matière première de ses œuvres, il fréquente souvent les centres de tri, les «cours à scrap», les vestiaires et friperies de même que les ventes-débarras.

«C’est rendu que les gens mettent des trucs de côté pour moi», fait-il savoir, en affirmant que les rebuts des autres sont pour lui de véritables «petits trésors».

Son inventaire est large : ustensiles et vaisselle de plastique, roues de toutes sortes, bouchons de bouteille, appareils électroniques, pièces de patins à roues alignées, articles de sport, accessoires de quincaillerie, petites balayeuses, bouteilles de savon à lessive, essuie-glaces, etc.

Photo Cynthia Giguère-Martel

«Plus j’ai de pièces, plus ça facilite la création. Et maintenant, j’essaie de faire fiter les couleurs ensemble. Au départ, je peinturais les pièces, mais ça ne tenait pas bien et ça avait l’air des pièces moulées, je n’aimais pas le résultat», souligne l’homme aux mille et une idées.

Pour chaque sculpture d’assemblage, le processus est le même : Étienne Cyr s’oriente vers une silhouette qu’il aura préalablement choisie puis crée au gré des divers objets qui lui tombent sous la main, tout en veillant à une certaine solidité et en s’assurant que l’œuvre sera facilement démontable pour son transport.

Une moyenne de cent heures est nécessaire pour la réalisation de ses chefs-d’œuvre grandeur nature.

«J’ai pris de la vitesse au fil du temps et ça continue.»

De plus en plus en demande

L’art distinctif du Cyrillois fait de plus en plus tourner les têtes de sorte que les expositions se multiplient à travers la province. Un droïde de 8 pieds et 10 pouces de hauteur est présentement en montre au Planétarium de Montréal. De plus, la Ville de Lévis a fait l’acquisition d’une sculpture robot haute de 7 pieds qui sera présente dans les bibliothèques afin de faire la promotion du zéro déchet.

«C’est une pièce faite sur mesure pour Lévis.»

Finalement, à l’occasion de la Fête nationale, Étienne Cyr exposera au moins cinq de ces dernières œuvres en plus d’offrir des activités d’animation, chose qu’il a l’habitude de faire depuis une douzaine d’années. De fait, inscrit au répertoire Biblioréseau, l’artiste se promène dans les écoles, garderies et bibliothèques pour donner des conférences-animations.

«Je présente quelques-unes de mes sculptures en expliquant ma technique et souvent, les enfants ont la chance de créer une petite libellule avec des ustensiles en plastique», explique-t-il.

Avec chaque sculpture, vient un jeu cherche et trouve. En fait, chaque œuvre est déposée sur une base sur laquelle sont fixées les pièces qu’a utilisées le Cyrillois.

«Les gens aiment bien ça. Ça ajoute une touche de plus à l’œuvre et c’est divertissant», se dit-il d’avis.

Visiblement, Étienne Cyr a beaucoup de plaisir à créer tous ces personnages, mais il ne se cache pas pour dire qu’il aimerait un jour vivre de son art.

«C’est mon but. J’ai quelques projets en tête, dont un livre-répertoire dans lequel toutes mes œuvres seraient photographiées et où l’on retrouverait tous les jeux cherche et trouve. Et de l’imagination, j’en ai à outrance. Mon défi à court terme est de garnir mon inventaire pour suffire à la demande de plus en plus grandissante», conclut-il.

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