Près de 30 % des consommateurs paient leur épicerie par carte de crédit

Photo de Lise Tremblay
Par Lise Tremblay
Près de 30 % des consommateurs paient leur épicerie par carte de crédit
Depuis environ trois ans

Payer son épicerie avec sa carte de crédit. Si cela peut paraître curieux aux yeux de certaines personnes, il n’en demeure pas moins que plusieurs n’ont pas le choix d’y recourir s’ils veulent s’alimenter à tous les jours.

Se disant sensible au phénomène, le propriétaire du IGA Extra Marché Clément, Clément Ruel, a divulgué que, seulement pour son épicerie de Drummondville, le nombre de transactions réalisées à partir de cartes de crédit a fait un bond important depuis trois ans. «Je ne sais pas si c’est en raison des points que certaines compagnies offrent, mais c’est clair que de plus en plus de clients utilisent leur carte de crédit pour payer l’épicerie. Dans le moment, près du tiers de nos ventes est réalisé avec Visa ou Mastercard. C’est plus du double qu’il y a trois ans», a-t-il témoigné, en précisant que le total de ces ventes équivaut à 495 000 $ par mois.

Selon les informations transmises par ce marché d’alimentation, en mars 2004, 11,93 % des ventes étaient réglées par carte de crédit. En mars 2007, cette proportion a atteint 28,48 %, une éléphantesque augmentation de 16,55 % en 36 mois seulement.

Parallèlement, moins de gens ont recours aux billets verts pour payer leur nourriture. En mars 2004, 38,36 % des achats étaient payés en argent comptant alors que le mois dernier, seulement 20,87 % des ventes ont été réglées avec cette méthode disons plus traditionnelle.

La carte de débit, quant à elle, constitue le moyen privilégié des consommateurs (50,65 % des ventes).

La directrice générale du Carrefour d’entraide Drummond, Lise Ledoux, rencontre régulièrement des gens qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts et qui doivent remplir le frigo en faisant «tchik et tchik». «L’endettement, c’est un gros problème. Nous le sentons ici; les gens sont de plus en plus mal pris. Beaucoup achètent à crédit des articles courants et de la nourriture et Dieu seul sait à quel point ça peut aller vite en raison du prix de la nourriture», a fait savoir l’intervenante.

Désir ou besoin?

Pour pallier le problème de l’endettement, Mme Ledoux recommande fortement aux gens de réaliser un budget et de mettre sur papier l’ensemble des revenus et des dépenses mensuels.

«Nous devons absolument faire la distinction entre les mots besoin, désir et moyen. Il faut comprendre que nous avons besoin de nous déplacer, mais pas nécessairement avec une voiture neuve; que nous avons besoin de manger, mais pas nécessairement du filet mignon à tous les jours; que nous avons besoin de nous vêtir, mais pas nécessairement avec des vêtements griffés», a-t-elle cité en exemple.

De son côté, le syndic de faillites Denis Fortier conseille aux gens de renouer avec l’épargne. «Les Québécois en ont trop sur les épaules. Même ceux qui font de bons salaires n’épargnent pas. Lorsqu’une malchance survient, ils n’ont pas de coussin pour se protéger et ils embarquent dans le cycle périlleux de l’endettement», a-t-il commenté.

Mauvais payeurs de logement

Parallèlement, un ratio revenu/dette trop élevé cause des soucis qui vont au-delà de la tirelire de la personne concernée. Pour donner un exemple, la Régie du logement a récemment diffusé l’information voulant que le Centre-du-Québec a connu une augmentation de 17 % du nombre de mauvais payeurs de loyers, entre 2005 et 2006. Une réalité perceptible sur le terrain.

«Dans le portefeuille que je gère, je remarque une hausse assez importante de non-paiement de loyer. Les gens ont effectivement plus de difficulté à payer leur logement et il ne faut pas nécessairement pointer du doigt les personnes sur l’aide sociale. C’est peut-être bête à dire, mais ils paient mieux leur logement que les autres. Ceux qui ont le plus de difficulté sont les personnes qui travaillent au salaire minimum», a indiqué Sylvain Houle, gérant d’immeuble des Appartements Blanchet.

Dans un monde idéal, selon Lise Ledoux, il ne faudrait pas consacrer plus de 25 % de ses revenus pour se loger.

Partager cet article