Quand éducation rime avec compétition

Quand éducation rime avec compétition
(Photo : Depositphotos)

Lors d’une récente publication du journal L’Express, quelle ne fut ma surprise de voir, une enseignante, que j’ai connue jadis comme une personne d’avant-garde et très dynamique, dénoncer le fait que le Collège St-Bernard avait eu le privilège d’offrir à ses élèves une ressource en ligne lors de l’examen de français du  ministère.

J’avais été alertée par des collègues, mais trop occupée à corriger en cette fin d’année chargée, j’avais attendu d’avoir quelques minutes pour analyser cet article, intitulé Examen ministériel “deux poids deux mesures?”

Comme il s’agit d’une question, je me permets de vous répondre. Je sais qu’une de mes collègue s’est déjà occupée de répondre aux attaques sur les réseaux sociaux. À mon tour, je me permets cette réponse. Sans vouloir faire le procès de mesdames D’Amours et Proulx je crois qu’il serait bien d’établir les faits. Tout d’abord, si le ministère a accordé la permission au collège St-Bernard d’offrir l’usage d’Usito lors de l’épreuve de français il me semble que le sujet est clos. Il ne faut pas confondre correcteur avec dictionnaire et Usito est un dictionnaire. Plusieurs savent que le collège travaille avec les technologies depuis plusieurs années. Au fil du temps, les élèves, tout comme nous les enseignants avons développé une expertise qui est plutôt d’avant-garde. Les dictionnaires papiers sont toujours dans les classes mais honnêtement,comme les outils trouvés sur le net sont parfois gratuits, constamment mis à jour et très performants pour ceux qui ont appris à bien s’en servir, je me demande pourquoi on s’en passerait. Plutôt que de louanger les efforts de certains à rendre l’éducation plus moderne parce qu’elle répond à la réalité des jeunes, je ne comprends pas pourquoi encore on s’acharne à démolir notre travail. Outils numériques ou pas les élèves doivent quand même apprendre les règles de grammaire et écrire leur texte.

Quand je fais le gazon chez moi, je vous dirais que je préfère utiliser la tondeuse à bras plutôt que le tracteur. C’est plus long mais tellement plus agréable… vraiment? Mais non. J’utilise le tracteur et avec le temps qui reste, je réponds à une ancienne collègue qui selon moi voudrait tout autant que nous pouvoir utiliser les technologies dans sa classe et en faire profiter ses élèves. Pourquoi prendre plus de temps pour chercher des mots dans un dictionnaire alors que les élèves peuvent utiliser des ressources en ligne de façon efficace?

Si j’étais vous, je demanderais plutôt à la Commission scolaire de s’arrimer avec les technologies et d’arrêter de crier à l’injustice à chaque fois que le CSB tente d’innover. Si vos choix sont de changer des fenêtres, de refaire des murs ou encore d’en rebâtir en faisant la prévision que le collège sera fermé dans peu de temps je comprends. Pour l’instant par contre, sachez que nos élèves considèrent les dictionnaires et les Bescherelle ou tout autre outil papier comme désuets. Pour ceux qui s’inquiètent, j’ai moi-même fait de la surveillance lors de cet examen et tout s’est bien déroulé. Pour nous enseignants, le contrôle n’est pas sorcier. Les élèves ouvrent leur ordi sur le site de Usito et voilà. Ils s’en servent au besoin. Ils ont aussi le choix d’utiliser le dictionnaire traditionnel et ma foi tout comme dans toutes les classes certains n’utilisent jamais les références alors que d’autres le feront sans cesse. Ceux qui en doutent sont invités à venir voir comment ça se passe chez nous. J’enseigne avec les technologies et  je ne peux pas imaginer enseigner ni même préparer mes cours sans les outils fantastiques que nous procurent les technologies. Pour ce qui est de mes élèves, j’ai beau insister pour qu’ils utilisent mes nombreux dictionnaires, ils n’en veulent pas. Malheureux? Je ne pense pas. Je pourrais peut être vous les envoyer à la Commission scolaire des Chênes plutôt que de les laisser accumuler la poussière dans nos classes. Du même voyage, on pourrait vous envoyer les Bescherelles et compagnie. Beau partage non?

En attendant, continuez d’utiliser la tondeuse à bras. De notre côté, laissez-nous couvrir plus de terrain avec notre tracteur dernier cri et nous concentrer   sur ce qui compte… L’ÉDUCATION.

Et merci pour cette publicité gratuite. Je suis convaincue que les parents sauront se ranger de notre côté et reconnaître notre expertise en matière de technologie adaptée en milieu scolaire.  

Préparez vous aussi à réagir. Peut-être serons-nous de ceux qui écriront leurs productions écrites en ligne  l’an prochain. Pourquoi pas? Si on est rendu là.

Qu’est-ce qui compte au bout de la ligne…le texte que l’élève a produit ou la couleur du stylo qu’il utilise pour le faire?

En terminant je voudrais féliciter et remercier nos spécialistes en technologies qui travaillent sans relâche pour  offrir ce qu’il y a de mieux à nos élèves du 21ème siècle.

Line Biron, Anglais langue seconde (Collège St-Bernard)

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