Monsieur le maire, révisez votre décision

Monsieur le maire de Drummondville,

Je viens d’apprendre, il y a une quinzaine de jours, à ma plus grande stupéfaction, le congédiement du directeur du Musée populaire de la photographie de votre ville, monsieur Jean Lauzon. Pourtant, M. Lauzon était la personne toute désignée pour mener à terme une entreprise aussi audacieuse. Originaire de Drummondville, photographe professionnel sénior, doctorat en sémiologie de la photographie de l’UQAM, thèse remarquable publiée par l’Université d’Ottawa, auteur respecté, fin connaisseur du milieu québécois de la photographie contemporaine après 35 ans d’expérience, bien au fait de l’histoire du médium sur sel d’argent, extrêmement motivé, M. Lauzon, un professionnel aguerri vous a donné dix ans de sa vie, sept jours par semaine avec un salaire bien modeste, pour créer ici une institution indispensable à notre couverture muséale nationale. La mairesse Francine Ruest Jutras avait bien compris cette importance, saisi le développement mondial de ce médium documentaire et artistique et manifesté grande vision en appuyant généreusement cet élan mis sous son aile.

J’ai toujours accompagné le parcours de M. Lauzon, un de mes anciens et brillants étudiants de l’UQAM, croyant sincèrement que l’institution projetée, vouée à un bel avenir et entre bonnes mains, allait devenir une ligne de force culturelle de Drummondville, associée au Centre-du-Québec, au Musée des religions de Nicolet et au Musée québécois de Culture populaire de Trois-Rivières et ses satellites.

Je croyais que le Musée populaire allait enfin sortir de son sous-sol d’église, loger dans un bâtiment neuf, organiser chaque année un Mois de la photo qui allait amener tout le monde à Drummondville, en faire une institution phare et incontournable, saluée dans un grand nombre de commerces par un usage décoratif d’émouvants tirages sur les murs révélant une lecture du pays par les meilleurs, organiser colloques, exposition, enfin, une grande place culturelle capable de donner le change à Scores et à Saint-Hubert, avec un contenu enraciné.

Jean Lauzon a son caractère. Le milieu des arts est peuplé de gens fiers qu’on doit parfois convaincre avec doigté. On ne remplace pas un tel homme par des bénévoles. Drummondville aurait dû épauler et écouter davantage M. Lauzon. Son départ signe l’arrêt de mort de l’entreprise. Je vous demande donc de réviser votre décision, autrement, vous devez remettre les collections de ce patrimoine aux institutions nationales concernées.

Michel Lessard, Ph. D, Lévis

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