La création d’un parc régional au sein de la MRC Drummond, pourquoi pas?

La création d’un parc régional au sein de la MRC Drummond, pourquoi pas?

«La forêt Drummond est le plus grand massif boisé issu de plantations sur la rive sud du Saint-Laurent. Elle s’étend sur plus de 30 kilomètres carrés» (http://www.tourisme-drummond.com/activites-hebergement/membres/attraits—activites/nature–plein-air/foret-drummond.aspx).

Sa composition, son accessibilité et sa faune en font un site exceptionnel. C’est aussi l’un des derniers grands espaces verts publics au sein de la MRC.

Si les 19 km carrés de la Forêt Drummond appartenant à Hydro-Québec (HQ) ne représentent plus aucun d’intérêt pour la société d’État, la MRC et la population centricoise ont tout avantage à les conserver pour maintenir et favoriser son accessibilité. Mais comment faire pour acquérir la centaine de lots en ces temps de contraintes financières pour les municipalités dont les terrains reposent sur leur territoire? Rappelons que Drummondville (550 ha), St-Majorique (1100 ha) et St-Bonaventure (260 ha) sont directement visées par la vente de ces emplacements.

Sont-elles intéressées à en faire l’acquisition ? Poser la question c’est y répondre. Cependant l’achat de ces lots pourrait se faire dans l’optique de créer et de disposer d’une infrastructure dont la MRC la plus populeuse du Centre-du-Québec ne dispose pas encore à ce jour : un parc régional. Il s’agit de l’une des diverses alternatives que l’on devrait considérer lors des échanges qui s’amorceront au cours des prochaines semaines.

Si au niveau intermunicipal des discussions ont déjà lieu concernant divers scénarios à considérer il semble quasi assuré que les pourparlers devront être tenus non seulement avec HQ mais aussi avec des représentants gouvernementaux de divers ministères. Durant cette période au niveau local nos leaders politiques locaux devront se faire entendre.

Pourquoi ? Car même si la société d’état invoque tout près de 2000 transactions immobilières par année au prix du marché nous sommes en présence d’une forêt publique de proximité qui bénéficie à l’ensemble d’une population. La pertinence d’un parc ne fait peu de doute et sa finalité est complètement différente d’une acquisition visant une exploitation individuelle ou entrepreneuriale.

Une richesse collective et écologique irremplaçable 

Cette forêt se distingue car elle est une forêt non-indigène reconstruite sur des terres agricoles depuis les années 1950-1960. Au même rythme que les espèces animales réoccupaient les lieux et au fur et à mesure que la forêt croissait, la population a redécouvert cet espace, l’a adopté et se l’est appropriée petit à petit.

Facilement accessible, elle est fortement appréciée par des centaines de randonneurs, joggeurs, cyclistes, familles et amateurs de plein air. Elle fait partie intégrante du décor de la MRC Drummond et de la vie de ses citoyens.

Par contre l’absence d’un gestionnaire unique a fait en sorte qu’elle a été victime de sous-investissement et qu’elle a besoin d’une sérieuse opération de mise à niveau. Objet de beaucoup de discussions et de convoitises à une certaine époque, elle n’a pas toujours été considérée à sa juste valeur patrimoniale. Mais depuis quelques temps on constate un regain d’intérêt par plusieurs acteurs liés aux enjeux environnementaux, récréatifs et touristiques de notre région.

Les fragilités et les menaces identifiées

Cependant les raisons citées précédemment ne suffisent pas à elles seules pour invoquer la nécessité d’un parc et effectivement un exercice de réflexion devra être plus poussé.

Si l’option était retenue alors beaucoup de chemin resterait à parcourir tout de même. Il conviendrait de montrer que les objectifs de développement durable sont à l’avant-scène des préoccupations. Mettre en évidence la fragilité du milieu et le préserver de certaines menaces issues de l’activité humaine pourraient servir d’arguments qui ne laisseraient personne indifférent.

Dans la même pensée créer un parc exige une cohérence et une complémentarité de services ou de mission des différents secteurs de la Forêt et cela demandera des recherches solides, avis d’experts, commentaires et suggestions de la population. Les études de faisabilité devront s’étendre sur des enjeux et des sujets variés qui à leur tour nécessiteront des analyses plus poussées. Entre autres citons :

• la préservation et la mise en valeur des milieux naturels et de la biodiversité : connaissance, mesures de gestion et de protection, aménagements pédagogiques, diffusion des connaissances, accueil et sensibilisation du public;

• la préservation des berges, de la rivière et des zones humides;

• l’identification des potentielles zones patrimoniales ou archéologiques à valeur élevée;

• le maintien des sites, paysages et de la qualité des espaces : équilibre espaces ouverts/fermés notamment, gestion de la fréquentation et de la circulation, etc.;

• l’autorisation ou non de pratiques motorisées dans les espaces naturels, conflits d’usage, sur fréquentation ponctuelle et localisée, risque de perte d’identité, etc.

Favoriser une appropriation du projet

L’appui de nombreux acteurs régionaux œuvrant dans les secteurs de l’éducation, de l’environnement, du tourisme, du monde municipal deviendrait primordial. Il est à espérer que bon nombre d’élus locaux endosseraient le projet et agiraient comme promoteurs vu le rehaussement de l’attrait touristique et du rayonnement de la MRC à la grandeur du Québec.

Beaucoup de rencontres de consultations seraient à prévoir afin de bien configurer le projet : charte constituante, gouvernance, planification stratégique, engagement des parties, négociation multipartite, etc…

Ceci implique que l’évolution du dossier exigerait une communication continue. Des voix discordantes s’exprimeraient et des réponses face aux craintes exprimées seraient exigées. Certains acteurs auraient des attentes qui devront être mesurées avant que ceux-ci ne se décident de s’impliquer, pour d’autres c’est la complémentarité de l’offre touristique qui primerait.

Comme on le constate, les efforts requis seraient importants et le projet représenterait un défi. Nous ne sommes qu’au début d’un processus de solution en ce qui concerne l’avenir de ce magnifique espace de verdure.

Peu importe le dénouement ultime des futures discussions concernant cette forêt, il faut maintenir absolument la vocation actuelle de ce secteur et l’implantation d’un parc régional semble opportune.

Au-delà de la sauvegarde d’un milieu naturel c’est aussi, en partie, l’image d’une région qui est en jeu.

Jocelyn Brière (NDLR: l’auteur est résidant de Saint-Majorique et siège à la table du conseil municipal. Cet article est publié à titre personnel)

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