#onvouscroit

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Tribune libre. (Photo : Photo Deposit)

#MoiAussi. #MeToo. #DévoileTonPorc. Depuis le dévoilement des terribles actes commis par Harvey Weinstein, une déferlante de hashtags à propos de vécus de harcèlement sexuel et/ou d’agression(s) sexuelle(s) a envahi les réseaux sociaux. Serait-ce la goutte qui fera déborder le vase de la tolérance sociale face à ce fléau provenant de la nuit des temps?

Une chose s’est améliorée. On ne demeure plus indifférent quand on apprend qu’une personnalité publique a commis un tel crime et, qui plus est, à si grande échelle. On se scandalise que des tiers qui étaient au courant de ces situations n’ont rien dit ou rien fait à propos de ces comportements.

Cependant, on continue de se questionner sur le fait que tant de victimes de harceleurs n’osent pas nommer leur agresseur. On se demande encore pourquoi elles ne portent pas plus plainte. Certains prétendent même que si les victimes portaient plus plainte, on se sentirait plus «légitimés» de prendre position contre leurs présumés agresseurs.

Comment se fait-il qu’on en soit encore là? Là étant dans la conviction que si les victimes d’agression à caractère sexuel continuent de se taire, la violence sexuelle des hommes à l’égard des femmes se poursuivra.  Ce n’est pas une fausseté. Mais c’est bien loin d’être TOUTE la vérité…

La vérité, c’est que la violence sexuelle sous toutes ses formes est d’abord un abus de pouvoir, un acte de domination, une prise de contrôle sur la sexualité des femmes. C’est qu’une des principales conséquences  des agressions et du harcèlement sexuels est la honte, provenant de la conviction apprise qu’on est un peu responsable de ce qui nous est arrivé, qu’on l’a un peu cherché.  Avec la honte vient le silence. On espère que si on ne parle pas, si on «oublie», ce sera un peu comme si ça ne s’était pas passé. De toute façon, l’expérience nous a si souvent démontré que lorsqu’on réagit «négativement» aux manifestations du harcèlement sexuel (sifflements, commentaires inappropriés sur notre physique, «offres» de relations sexuelles, …), ça se retourne contre nous. On devient celle qui n’entend pas à rire, qui comprend tout «de travers», qui est coincée ou frustrée sexuellement. Et quand les gestes sont commis par un homme en position d’autorité (patron, contremaître, réalisateur, …), on risque encore plus de ne pas être crue.

Alors oui, il est important pour les victimes de harcèlement sexuel de parler. Tout d’abord pour aller mieux. Pour aller mieux, il est primordial qu’elles soient crues. Les décisions qu’elles prendront pour la suite des choses (porter plainte à la justice ou pas, aller en thérapie ou pas) leur appartiennent. C’est en ayant l’occasion de décider de ce qui est le mieux pour elles qu’elles pourront aller mieux.

Nous le dirons et le répéterons encore et toujours : la violence sexuelle est un problème social, peu importe la forme qu’elle prend. Un problème social doit être pris en charge par la société. Nous avons la responsabilité, comme membres de l’entourage d’une victime de violence sexuelle de croire et de lutter. Croire la victime. Et prendre position contre toutes formes d’agression à caractère sexuel dont nous sommes témoins. C’est à ce prix que nous contribuerons à ce que les femmes reprennent du pouvoir sur leur vie.

Le CALACS La Passerelle

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