Le Cinéma Capitol, sa deuxième maison

Le Cinéma Capitol, sa deuxième maison

PASSION. Mordu du cinéma, à 87 ans, le Drummondvillois Jean-Luc Taillon se rend à pied trois à quatre fois par semaine au cinéma. Aussi incroyable que cela puisse paraître, en 72 ans, il n’a manqué aucun film à l’affiche du Cinéma Capitol ou presque…

«Dans tous nos cinémas, nous avons un client plus que fidèle, mais il n’y a pas deux Jean-Luc», confie Annie Hamel, directrice du Cinéma Capitol.

M. Taillon est toujours le premier client à franchir les portes du Cinéma chaque soir de représentation à laquelle il assiste.

«On lui débarre la porte 30 minutes avant et il jase avec nous jusqu’au début du film. Il reste ensuite jusqu’à la fermeture et bien souvent, nous allons le reconduire», indique Mme Hamel, spécifiant que l’octogénaire n’a jamais eu de voiture ni de vélo.

De l’horreur en passant par une comédie romantique et même, d’un film pour enfant, M. Taillon ne se limite à aucun genre cinématographique quoiqu’il ait un penchant pour les comédies musicales. Comme mentionné un peu plus haut dans le texte, le principal concerné n’a raté aucun film, du moins, depuis fort longtemps.

«Dernièrement, il avait un conflit d’horaire pour la représentation d’un film. Nous lui avons donc proposé un visionnement privé lorsque le cinéma était fermé», raconte la directrice, en ajoutant que M. Taillon assiste également à toutes les représentations – aux deux semaines – des opéras diffusés en direct au Cinéma RGFM.

Le passionné du grand écran depuis toujours affectionne particulièrement la salle numéro un dans laquelle il s’assoit toujours à la même place : en arrière, à gauche.

«C’est la meilleure place, car il n’y a personne dans ton champ de vision», répète-t-il aux employés.

Celui dont le cinéma fait visiblement partie de ses habitudes a commencé à aller au Capitol à 15 ans alors que l’âge requis pour y entrer était de 16 ans!

«Il n’y avait qu’une seule salle avec 900 sièges en cuir. Deux films étaient présentés et il y avait une intermission entre chacun d’entre eux. Dans ce temps-là, on ne mangeait pas au cinéma», se souvient le coloré personnage qui dit s’être bien adapté au changement technologique.

De plus, il se rappelle d’avoir également été, à l’époque, au Cinéma Drummond.

L’ancien travailleur en entretien ménager se plaît à discuter avec les employés de tout et de rien, mais aime aussi apporter ses propres critiques de films.

«Il a vraiment un intérêt marqué pour le monde cinématographique, car pour chaque film qu’il voit, il vérifie quelle cote il a reçue et combien il a rapporté, par exemple», de dire la directrice.

Il avoue avoir un faible pour les actrices Judy Foster et Meryl Streep. Gladiateur est son film préféré.

Sa carte d’employé

Pour son anniversaire en août dernier, Mme Hamel et ses huit employés lui ont réservé une belle surprise qui l’a touché.

«Nous avons décoré l’entrée intérieure du cinéma avec des ballons et des guirlandes. Lorsqu’il est arrivé, nous lui avons chanté bonne fête. Il était ému. Par la suite, nous lui avons offert une carte d’employé ce qui lui permet maintenant de voir tous les films, même les opéras et les cinés-répertoires, gratuitement. Je vous dirais que depuis qu’il l’a, il vient même voir certains films deux fois!» explique celle qui est en poste depuis décembre et qui a eu cette idée.

Cette dernière fait savoir que M. Taillon est comme un «grand-papa» pour chacun d’eux.

«Quand il arrive, tout le monde lui fait un câlin et certains l’appellent même «papi». Pour lui, on est sa famille, car il n’a jamais été marié ni eu d’enfant. Il vit depuis longtemps avec son frère. Il nous apprécie tellement qu’à nos anniversaires respectifs, il nous offre un cadeau. Il nous invite parfois aussi à aller voir avec lui un spectacle de ballet, par exemple, à Montréal», poursuit-elle.

Autant il est apprécié du personnel, autant M. Taillon fascine plusieurs clients. Comme se plaît à dire Mme Hamel, «il fait partie du patrimoine du cinéma». Sa présence met du soleil dans la vie de l’équipe et c’est pour cette raison qu’elle le traite aux petits soins.

Partager cet article