L’abnégation d’Isabelle Aubin

Photo de Jean-Pierre Boisvert
Par Jean-Pierre Boisvert
L’abnégation d’Isabelle Aubin
Isabelle Aubin. (Photo : Archives Ghyslain Bergeron)

CULTURE. La mégavente de livres usagés qu’organise annuellement Isabelle Aubin au profit d’organismes caritatifs exige beaucoup de temps et d’énergie, et c’est pourtant encore avec la même abnégation qu’elle prépare la quatrième édition à se tenir les 28 et 29 avril.

Son dévouement a tout de même permis de remettre au cours des trois dernières années plus de 45 000 $ à La Tablée Populaire, à La Piaule et à Zoothérapie Drummond.

«Combien d’heures? Je dirai simplement beaucoup», laisse-t-elle tomber alors qu’elle est à mettre de l’ordre dans les nombreux livres qui lui parviennent ou qu’elle doit aller chercher pour les exposer dans un petit local vacant prêté encore une fois gratuitement par le propriétaire Jean-Guy Ferland. «Je n’ai jamais compté les heures mais c’est un travail presque quotidien. Je reçois à tous les jours des dons de livres. Ça va de quelques livres à quelques boîtes. Je dois donc les regarder un à un afin de vérifier leur état et leur popularité. Je dois déterminer si je les mets de côté pour la vente de livres ou si je les garde pour des organismes qui en ont besoin.

Comme les gens sont occupés et que leur temps est précieux, je dois m’assurer de la qualité des livres afin que les gens n’aient pas à chercher longtemps avant de mettre la main sur un ouvrage qui les intéresse».

Cette fois, les recettes récoltées iront à la Maison Habit-Action de Drummondville. Une autre partie de son travail est de rencontrer les gens de l’organisme choisi.

«Je dois leur expliquer en quoi consiste la vente et le rôle qu’ils auront à y jouer : être présents lors de l’évènement, donner un coup de main, trouver un camion afin d’aller chercher les gros lots de livres qui nous seront offerts, aller chercher les tables au centre communautaire Drummondville Sud et les y rapporter lorsque la vente sera terminée. Récemment, j’ai reçu un appel du Collège St-Bernard qui voulait nous donner une centaine de boites de livres mais il fallait aller les chercher. J’ai appelé un ami, Gilles Mélançon, qui possède un pick-up et une remorque fermée et nous sommes allés au Collège pour transporter les 117 boîtes».

Pourquoi?

Isabelle Aubin. Photo – Ghyslain Bergeron

Isabelle Aubin doit poursuivre en parallèle son travail à la librairie Tourne la page, située au 410-B rue Lindsay (le local prêté par M. Ferland est derrière sa librairie).

«À la librairie, j’ai suspendu quelques tableaux noirs sur lesquels j’ai écrit les résultats des ventes précédentes. C’est presque à tous les jours que les gens me posent des questions sur la vente, donc je passe plusieurs minutes par jour à en parler, à expliquer le pourquoi et le comment».

Expliquer le pourquoi, voilà la question. Elle raconte : «Je fais tout ça pour plusieurs raisons : pour aider les gens, pour essayer à ma façon de faire une différence, et pour respecter un engagement personnel que j’avais pris avec moi-même et l’univers (ou Dieu, appelez-le comme vous voulez) au moment où je cherchais ma raison d’exister sur cette terre. Je me disais qu’il devait y avoir plus que »métro-boulot-dodo»…À cette époque j’avais un travail bien rémunéré dans le domaine du transport, côté administratif. J’avais d’excellentes conditions, mais je me sentais vide à l’intérieur. J’ai cherché durant plusieurs années, me questionnant, discutant, réfléchissant, lisant tout ce qui me semblait révélateur, à la recherche de réponses. Puis, les circonstances ont fait que j’ai trouvé : j’allais ouvrir une librairie de livres usagés puisque celle déjà existante s’apprêtait à fermer ses portes. Au moment de démissionner de mon travail, j’ai pris un papier et un crayon et j’ai écrit, spontanément, une lettre à moi-même dans laquelle je m’engageais à m’investir avec mon cœur et non plus avec ma tête, à me faire confiance ainsi qu’aux gens qui seraient mis sur ma route, et que je ferais tout en mon possible pour aider les gens. Je savais que tout serait parfait puisque, en dedans de moi, tout l’était. J’ai démissionné et j’ai ouvert ma librairie. Les deux trois premières années, je les ai passées à apprendre mon métier, à connaitre les gens, et surtout à connaitre les livres. J’étais une bonne lectrice, mais j’avais beaucoup à apprendre. Chaque jour à la librairie j’essaie de m’occuper de chaque personne avec le plus d’attention possible, je prends le temps de parler avec les gens, de les écouter. À un certain moment, je me suis demandée comment je pourrais faire plus. Puis un matin je me suis levée et l’idée de faire une vente de livres m’est apparue et j’ai tout de suite trouvé que c’était une bonne idée. Dans mon élan d’aider les gens j’ai décidé que je donnerais tous les profits à un organisme».

La cerise sur le gâteau, c’est qu’un organisme appelée «Groupe 50e des Parlementaires d’Haïti» l’a contactée. «Ils sont à la recherche de dons de livres usagés car ils voudraient les expédier en Haïti dans le but de rehausser la qualité des connaissances au niveau de l’éducation». Isabelle Aubin ne le dira pas mais c’est une autre raison qui s’ajoute à ses motifs personnels.

Partager cet article