Jérôme Boisvert et l’art de faire naître une chanson

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Par Jean-Pierre Boisvert
Jérôme Boisvert et l’art de faire naître une chanson
Jérôme Boisvert a beaucoup appris avec des essais et des erreurs. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MUSIQUE. Jérôme Boisvert travaille dans un endroit où la création est l’ingrédient primordial, le talent un outil essentiel et la patience une qualité indispensable: ça s’appelle un studio d’enregistrement!

Quand il a fait l’achat de sa maison en 2004, le jeune musicien intéressé par la technique du son savait très bien quelles transformations il allait lui apporter pour y aménager un studio d’enregistrement, le studio Momentum.

Depuis lors, Jérôme Boisvert a fait sa marque dans le milieu, la preuve étant, entre autres, les deux Félix bien en vue qu’il a gagnés pour le premier et le deuxième album des Trois Accords. Il a aussi enregistré de la musique de Michel Cusson pour plusieurs séries, il a travaillé notamment avec la chanteuse Sylvie DesGroseillers, le pianiste Richard Abel et même avec le batteur du groupe Offenbach Roger Belval mieux connu sous le nom de Wézo.

«Je ne sais plus trop combien j’ai dû investir ici au fil des ans, dit-il. J’ai acheté des équipements par-ci par-là et ajouté des effets et des logiciels. C’est facile de se laisser emporter pour dépenser. Seulement pour les micros, qui sont à la base d’une bonne prise de son, il doit y en avoir pour plus de 15 000 $. Il m’a fallu également investir dans l’insonorisation, à commencer par les portes acoustiques séparant les différentes pièces».

Jérôme Boisvert.

Bien que l’imposante console soit la première chose qui saute aux yeux dans cet univers de boutons, de «faders» et d’écrans d’ordinateurs, le boulot de Jérôme Boisvert va beaucoup plus loin que de tirer sur des manettes. La relation humaine compte beaucoup dans cet art de faire naître ce qui est d’abord un concept dans la tête des musiciens.

«J’ai appris beaucoup avec essais-erreurs. Mais, une fois la technique acquise et maîtrisée, il y a la façon de s’y prendre avec les musiciens pour leur donner satisfaction, ce qui n’est pas toujours évident. Pour la plupart, ça fait des mois sinon des années qu’ils travaillent sur leurs affaires et ils savent bien qu’en quelques jours, ici, ce sera enregistré et immortalisé pour vrai. Il y a un certain stress à gérer. Mon boulot c’est de les mettre à l’aise et de les mettre en valeur. On recommence souvent. Certains me disent qu’ils ne veulent pas me faire perdre mon temps, mais je leur dis que non, c’est mon travail. C’est sûr que moins ils ont de l’expérience, plus c’est difficile. Surtout lorsqu’il y a trois ou quatre musiciens présents en même temps. Il m’est déjà arrivé de constater qu’un musicien n’était pas tout à fait content même après plusieurs prises, j’ai simulé une erreur de ma part pour reprendre la chanson. Le mixage est aussi une étape exigeante. Il faut beaucoup de patience avec ces machines et il en faut davantage avec les musiciens», confie celui qui a appris à faire preuve de psychologie.

L’expertise qu’a su développer Jérôme Boisvert a dépassé depuis longtemps les limites de Drummondville. Depuis six ans, il est engagé comme sonorisateur pour l’émission de Belle et Bum (Télé-Québec) qui est enregistrée à la salle Le National. «C’est vraiment un gros show. Il y a 11 musiciens dans le band. Nous sommes cinq sonorisateurs dans l’équipe de production. Moi je m’occupe uniquement du son pour le public. Ma journée commence vers 14 heures alors que nous devons répéter avec les artistes invités. C’est comme une générale. Le soir, on enregistre en présence des spectateurs. Quand tout est terminé, il est minuit».

En bon technicien de son qu’il est, il doit se tenir au courant des dernières nouveautés et Dieu sait si ça évolue vite dans ce milieu. «Pas seulement pour les dernières trouvailles électroniques ou les derniers logiciels, mais aussi dans les façons d’enregistrer. On peut acheter des capsules vidéos qui sont réalisées par des ingénieurs de son. L’un d’eux, qui a travaillé avec Led Zeppelin, montrait comment il avait effectué certaines prises de son. Ça fait longtemps, mais il y a toujours de quoi à apprendre. Les micros SM57 toujours populaires aujourd’hui étaient utilisés à Woodstock».

Studio Momentum : 50 $ de l’heure.

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