Il y a 50 ans, les Aigles de Drummondville devenaient champions

Il y a 50 ans, les Aigles de Drummondville devenaient champions
Gordie Haworth, Raymond Fortin, André Lagueux et Roger Côté. (Photo d'archives, Ghyslain Bergeron) (Photo : Ghyslain Bergeron)

HISTOIRE. Le 9 mai 1967, 22 h 50, heure de l’Expo 67 comme on disait à cette époque. Une innombrable foule en liesse au Centre civique (aujourd’hui le Centre Marcel-Dionne) acclame les Aigles qui viennent de remporter la coupe Allan, le trophée remis à la meilleure équipe senior au Canada. À ce jour, ce triomphe reste le plus important remporté par une équipe de hockey drummondvilloise.

C’est autour d’un café que quatre anciens des Aigles ont accepté de rencontrer L’Express. Ils ont à la main, des photos, des articles de journaux et même une bague souvenir remise aux champions. Un peu comme dans une chambre de hockey, les discussions s’entrecroisent.

L’historique conquête débute face aux Castors de Sherbrooke dans la Ligue provinciale senior. Un septième match est nécessaire afin de déterminer le gagnant et c’est Ron Racette des Aigles qui a tranché le débat en prolongation. Ce gain leur permet de participer à la coupe Allan qui se déroulera dans trois différentes villes canadiennes, Moncton, Kingston et Drummondville.

«Ç’a été une grosse saison. La foule était incroyable et les estrades étaient pleines. En finale, le toit voulait lever», a raconté Raymond Fortin, le capitaine de l’époque qui devait, comme ses coéquipiers, travailler pour pouvoir subsister à ses besoins.

Gordon Haworth, aujourd’hui âgé de 85 ans, a roulé sa bosse dans les circuits professionnels avant de prendre sa retraite au début de la quarantaine. «Vous savez, à l’époque, on était de calibre de la Ligue américaine. On a gagné un match d’exhibition contre les Barons de Cleveland. C’était du beau hockey et on se tenait serré. C’est ça, je crois, qui a fait la différence en bout de ligne.»

À la suite du gain en finale contre la formation estrienne, les joueurs des Aigles montent à bord du train dans un wagon privé qui les emmènera à Moncton, première étape de la coupe Allan. Ils dominent l’équipe néo-brunswickoise avec trois victoires d’affilée et en enfilant 18 buts contre 6.

Le second tour a conduit les Aigles à Kingston où la série s’annonçait beaucoup plus serrée et robuste.

«C’était des hommes. Il n’y avait même pas 10 secondes de jouées que tout le monde a laissé tomber les gants. On leur a montré que nous n’étions pas intimidés et ça nous a aidés de les confronter», a exprimé André Lagueux.

La série 4 de 7 a été jouée à Kingston et au Centre civique. Après avoir vu les Aigles prendre les devants 3-0 dans la série, Kingston réussit, de peine et de misère, à arracher une victoire de 1-0 sur la glace drummondvilloise. Le 26 avril 1967, en enfilant trois buts sans riposte au troisième tiers du cinquième match, les Aigles éliminent Kingston et mettent la main sur le G.P. Bolton Memorial Trophy.

Le maire de l’époque, Philippe Bernier, indique que la seule direction à suivre pour les Aigles c’est par en haut, alors que l’équipe atteint la finale canadienne et accueille la formation albertaine de Calgary.

Un coup de balai

Une semaine passe et les Spurs de Calgary foulent la glace de l’amphithéâtre de la rue Cockburn afin de mettre la main sur le précieux trophée. Le premier soir, près de 3500 spectateurs sont massés dans les gradins et espèrent voir les Aigles montrer les griffes dans cette série sans lendemain. Les hockeyeurs drummondvillois offrent tout un spectacle en blanchissant les visiteurs à deux reprises en quatre matchs pour mettre la main sur la coupe Allan pour une première fois. Le gardien des Aigles, Claude Cyr, vole la vedette de la finale en n’accordant que six buts en quatre sorties.

«Ce fut une superbe expérience pour moi. J’étais une recrue, je n’ai pas joué beaucoup, mais le petit effort de chacun nous a menés au championnat. Gagner à la maison, c’était incroyable», a exprimé Roger  »pee-wee » Côté, qui a malheureusement égaré sa bague de championnat à la suite de l’entrevue.

Et la reconnaissance?

Bien que l’équipe ait été reçue à l’époque par la Ville et son maire Philippe Bernier, les quatre anciens joueurs sont tous unanimes, il faut que cet exploit se retrouve dans les hauteurs du Centre Marcel-Dionne.

«Au même titre que les Rangers (1968) et les Voltigeurs (2009), les Aigles méritent une bannière commémorative afin de rappeler ce moment historique. C’est quand même le championnat le plus important au Canada. Si notre bannière est affichée au Temple de la renommée du hockey à Toronto, on ne voit pas pourquoi elle ne le serait pas ici», ont-ils lancé à l’unisson, un peu d’espoir au fond des yeux.

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