Dix jours sans écran : un défi à relever

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Par Jean-Pierre Boisvert
Dix jours sans écran : un défi à relever

SANTÉ. Qui est assez fort psychologiquement pour se passer de son téléphone intelligent durant dix jours?

Ce défi qui s’adresse particulièrement aux ados est l’un des sujets qu’abordera Jacques Brodeur, un enseignant à la retraite, lors d’une conférence le mercredi 7 février au Centre communautaire Drummondville-Sud, 1550, rue St-Aimé, à compter de 13 h 30.

Le conférencier s’intéresse depuis plusieurs années au phénomène qui rend les écrans numériques addictifs, contribuant, selon des études de plus en plus nombreuses, au déficit de l’attention, à la baisse des résultats scolaires, à l’obésité, à la perte d’empathie et même à la violence physique et verbale.

Au début des années 2000, une étude scientifique effectuée par Thomas Robinson a attiré l’attention de l’ex-professeur d’éducation physique.

«Thomas Robinson, raconte-t-il, a réalisé une expérience avec des élèves du secondaire pour les priver de télévision durant 10 jours et leur imposer ensuite une disette de 7 heures par semaine. Les résultats avaient été spectaculaires. Chez ces jeunes, la violence physique, comme des coups de pied, avait diminué de 40 % et les paroles blessantes de 50 %. De plus, le taux d’adiposité avait baissé, tout simplement parce que les jeunes bougeaient davantage au lieu d’être devant la télé. C’est alors que j’ai proposé un programme semblable : le Défi 10 jours sans écran. Ce n’est pas facile de convaincre un ado de passer 10 jours sans son iPhone, surtout la nuit, mais ce que je dis aux élèves que je visite dans les écoles, c’est qu’ils vont jouer un match contre des professionnels, contre des pros qui ont conçu leur smartphone pour qu’il soit addictif. Ce sera le match le plus dur de leur vie. Ils devront se battre à tous les jours pour avoir raison de la stratégie de ces experts».

Ce dernier a visé juste quand on prend connaissance d’un article de novembre 2017 dans lequel l’ex-président de Facebook Sean Parker accuse ce réseau social d’exploiter la « vulnérabilité » humaine. «Dieu seul sait ce que ça fait aux cerveaux de nos enfants», a t-il déclaré. Ses commentaires font partie d’une vague grandissante de désillusion et d’inquiétude de la part de ceux qui ont contribué à construire ces produits.

Dans un article de France Inter daté du 26 janvier dernier, François Carré, un cardiologue, affirme : «Un enfant qui tombe à vélo court moins de risques qu’un enfant qui reste devant la télévision». Le même article rapporte qu’une étude australienne publiée il y a cinq ans montrait que les enfants aujourd’hui courent moins vite et moins longtemps que leurs parents au même âge. En quarante ans, ils auraient perdu 25 % de leur capacité cardiovasculaire. En 1971, un enfant courait 800 mètres en trois minutes, contre quatre minutes aujourd’hui.

Jacques Brodeur, qui passe trois mois en France chaque année, souhaiterait mettre son expérience en application à Drummondville. «La 11e journée, la plupart des jeunes qui ont complété l’expérience comprennent que leur téléphone est puissant mais qu’il y a moyen d’être plus puissant que lui. Je tiens à dire que ce n’est pas moralisateur, ni culpabilisateur. On joue un match et on va le gagner», tranche-t-il.

La conférence de Jacques Brodeur est organisée par l’AREQ (Association des retraités de l’enseignement du Québec) et elle est offerte gratuitement.

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